Plus de deux ans après le début de la guerre civile en Syrie, la situation des habitants réfugiés au Liban devient de plus en plus dramatique. Risques sanitaires, surpopulation, déscolarisation, à mesure que le conflit entre opposants et partisans de Bachar-al-Assad s'amplifie, la situation se détériore. Alors que le conflit syrien est entré dans sa troisième année, le nombre de civils fuyant la guerre ne cesse d'augmenter. Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) a récemment estimé à 1,5 million le nombre total de réfugiés syriens – principalement répartis entre le Liban, la Jordanie, la Turquie, l'Irak et l'Egypte. À titre indicatif, ce nombre était de 475 000 en janvier 2013. L'afflux massif de réfugiés aux frontières des pays voisins de la Syrie a des conséquences néfastes, ou qui pourraient le devenir, aussi bien sur l'économie des pays en question qu'en termes de santé publique ou de dignité humaine (s'agissant des centaines de milliers de réfugiés vivant dans des conditions déplorables). Maher, 23 ans, est livreur. Il vit à Jal el Dib, dans la banlieue proche de Beyrouth, en colocation dans un appartement de deux chambres avec sept autres Syriens, son frère, des cousins, et quelques voisins de village en Syrie. Comme des centaines de milliers d'autres Syriens, Maher habitait et travaillait déjà au Liban avant la guerre, car les salaires y sont plus élevés (le gouvernement libanais estime à environ 500 000 le nombre de Syriens qui étaient déjà présents sur le territoire avant la guerre). «Je gagne 400 dollars par mois ici donc ça me permet d'envoyer 250 dollars à ma famille tous les mois alors qu'en Syrie le salaire pour un livreur est de 100 dollars». Cette migration économiquement motivée a pourtant changé depuis le début du conflit syrien. Avant, les familles syriennes envoyaient un ou deux garçons travailler au Liban. Aujourd'hui, les jeunes syriens ont le sentiment que leur pays n'a plus d'avenir à leur offrir.