La coalition gouvernementale tunisienne dirigée par les islamistes d'Ennahda a présenté, vendredi, aux médiateurs de la crise politique tunisienne une proposition de compromis pour sortir de l'impasse tout en refusant à nouveau une démission immédiate du cabinet réclamée par l'opposition. «Nous avons présenté la position de la coalition tripartite pour sortir de la crise (...) Nous avons présenté une proposition selon laquelle le gouvernement est prêt à démissionner mais cela doit être accompagné par un ensemble de mesures», a dit Mouldi Riahi, un représentant de la coalition et du parti de centre-gauche laïque Ettakatol. «Pour le gouvernement actuel, il faut s'accorder sur les circonstances de sa démission», a-t-il ajouté, appelant par ailleurs à la reprise des travaux de l'Assemblée nationale constituante (ANC) gelés depuis début août en raison de cette crise politique provoquée par l'assassinat le 25 juillet du député Mohamed Brahmi. M. Riahi a refusé d'entrer dans les détails des propositions de la coalition «pour faciliter le dialogue et minimiser la tension et les surenchères». Il a néanmoins dit qu'un éventuel futur gouvernement devra réunir «politiques et technocrates». Les radios Mosaïque FM et Shems FM ont indiqué, citant des sources anonymes, que cette proposition prévoit une passation de pouvoir entre les deux gouvernements au plus tard le 29 septembre après un mois de dialogue national qui doit déboucher sur un compromis concernant la composition du cabinet et le contenu de la future Constitution. Les médiateurs de la crise politique – le puissant syndicat UGTT, le patronat Utica, la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) et l'Ordre national des avocats – vont «présenter demain (samedi) la proposition à l'opposition» après avoir rencontré ses représentants, a indiqué Houcine Abassi, secrétaire général de la centrale syndicale. La position de l'alliance dirigée par les islamistes semble cependant loin de répondre aux revendications de l'opposition qui réclame depuis fin juillet la démission immédiate du gouvernement et son remplacement dans la foulée par un cabinet entièrement apolitique. «Il reste des concessions à faire des deux côtés», a noté M. Abassi qui milite, comme les autres médiateurs, pour un cabinet de technocrates.