Un tribunal militaire égyptien a condamné mardi, pour la première fois depuis la destitution début juillet du président islamiste Mohamed Morsi, un membre des Frères musulmans à la perpétuité, et 51 autres à des peines de prison pour l'agression de militaires à Suez. Cette décision intervient deux mois jour pour jour après l'arrestation le 3 juillet par l'armée de M. Morsi et alors que huit combattants islamistes ont été tués mardi dans des frappes militaires aériennes dans le Nord-Sinaï, où des groupes radicaux ont multiplié ces dernières semaines les attaques contre les forces de l'ordre. Selon des responsables de la sécurité, il s'agit de l'opération aérienne «la plus importante de ce type dans le Sinaï». Les condamnations prononcées par la justice militaire concernent des violences s'étant produites après la dispersion sanglante de partisans de Mohamed Morsi au Caire le 14 août, journée la plus meurtrière de l'histoire récente du pays, avec des centaines d'islamistes tués. Cette répression dans un bain de sang avait enflammé le pays, provoquant des heurts, notamment à Suez. Les islamistes jugés étaient accusés d'avoir tiré à la chevrotine et jeté des pierres sur les soldats. L'un d'eux a été condamné à la réclusion à perpétuité, trois à 15 années de prison, tandis que 48 autres ont écopé de peines allant de cinq à dix ans, au terme de trois audiences d'un procès militaire entamé le 24 août. Dans un premier temps, des sources au sein de la justice militaire avaient annoncé la condamnation de 11 islamistes à la réclusion à perpétuité avant de revenir sur ce chiffre. Face à la répression des nouvelles autorités installées par l'armée, les partisans de M. Morsi avaient appelé à manifester mardi pour dénoncer le «coup d'Etat», deux mois jour pour jour après le coup de force des militaires qui s'étaient appuyés pour ce faire sur les millions de manifestants réclamant son départ le 30 juin. En prévision de ces rassemblements, des blindés de l'armée et de la police étaient déployés aux abords de deux places emblématiques de la capitale : Tahrir, épicentre de la révolte de 2011 qui avait renversé Hosni Moubarak, et Rabaa al-Adawiya, théâtre le 14 août de la dispersion sanglante des pro-Morsi.