Ils sont venus de partout. Ils se connaissent de par leur fréquentation des souks à bestiaux. Parmi eux, il y a ceux qui sont pour la première fois présents, les chameliers et les engraisseurs de bovins. C'est pour se concerter sur l'avenir de la profession qu'ils se sont fait inviter. Les intervenants sont sincères. C'est la particularité des éleveurs ovins et camelins. Ils disent ce qu'ils ont sur le cœur. Chez les pasteurs les choses dites par le cœur vont droit au cœur de ceux qui les écoutent. La parole des éleveurs a son pesant d'or. Chez eux, la crédibilité est un joyau que l'on acquiert difficilement, et l'on ne vit que pour le préserver contre toute possibilité de mésaventures. A la salle de réunion du ministère de l'agriculture, pratiquement tous les participants portaient des turbans. Chaque turban représente une région, une culture et une position sociale. Le ministre a été patient durant 3h30 durant lesquelles sont intervenus une quarantaine d'éleveurs. Il y a d'abord, la question de l'heure qui est liée au découvert végétal des parcours de pâturages au moment où les bêtes ont besoin d'aliments de bétail. L'approvisionnement en orge a occupé plus de 40% du temps des intervenants, en particulier les éleveurs d'ovin. Cet aliment est sous l'emprise totale des spéculateurs malgré le soutien de l'Etat qui l'achète à 2 500 DA le quintal et le cède à 1 500 DA le quintal aux éleveurs. Généralement, ce sont toujours les mêmes personnes qui l'acquièrent pour le revendre à 3 000 DA aux éleveurs durant la période de découvert végétal ou bien à la veille de l'aid el Kebir. Sur ce constat, le ministre interviendra pour annoncer aux éleveurs qu'ils peuvent se constituer en Groupement d'intérêt Commun (GIC), et importer librement ce précieux aliment nécessaire pour l'engraissement des bêtes. Dans le cas où ils veulent être assistés par l'OAIC, l'aliment leur sera rendu sur place en quantité illimitée à raison de 2 200 DA le quintal. Sur le volet des concessions pastorales, le ministre rappellera aux éleveurs que la loi 10/03 les prévoit au même titre que celles liées à l'agriculture. Il reste comme tâche primordiale des DSA des wilayas de la steppe et celles du grand Sud de dégager des périmètres à concéder leurs mises en valeur en plantations fourragères. Au titre des soutiens possibles, le ministre annoncera à ses interlocuteurs qu'il y a des possibilités d'adapter ces soutiens pour les éleveurs surtout lorsque les moyens demandés sont produits en Algérie. Toutes les possibilités sont envisageables. Les éleveurs ont quitté Alger avec la ferme conviction que seul le Comité national interprofessionnel de la filière des viandes rouges est l'unique solution pour la conjugaison de leurs efforts, et pour tracer la voie vers l'avenir de la branche qui doit se moderniser et surtout s'industrialiser pour répondre aux besoins des générations futures. Pour rappel en 1962, l'Algérie comptait 9 millions de têtes de moutons pour une population de 9 millions d'habitants, soit un mouton par habitant. Actuellement, la population est à 38 millions d'habitants et le cheptel ovin est à 24 millions de têtes. Il est vrai qu'en 1962, le poids moyen (carcasse) était de 12 kilogrammes maximum. Actuellement, il a atteint les 28/30 kilogrammes. En 1962, les Algériens consommaient pratiquement et uniquement de la viande ovine. Aujourd'hui, la consommation de la viande ovine a régressé à 61%. Les viandes blanches occupent une place importante dans la pratique culinaire. Quand aux viandes rouges bovines, elles se taillent une bonne place dans la consommation pour ceux qui veulent éviter le cholestérol.