Photo : Sahel Par Ziad Abdelhadi En dépit des multiples programmes de développement , d'amélioration et surtout des subventions accordées aux éleveurs depuis quelques années, revues à la hausse depuis plus d'une année, la production animale en Algérie est encore loin du niveau de performance escompté pour que l'offre en viande rouge soit capable de suivre le rythme de la demande et par là même juguler la spéculation qui pèse de tout son poids dans le circuit de commercialisation au point que les pouvoirs publics trouvent du mal à le réguler. Selon les derniers chiffres du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, la filière viande rouge a enregistré au cours du premier semestre de la présente année une production de 3,25 millions de quintaux (Mq) toute variétés confondues (ovine, bovine, cameline) pour un objectif global en 2012 de 3,79 Mq. Un volume qui reste en deçà de la demande nationale. Le déficit étant comblé par les importations de viande bovine sans pour autant avoir un impact sur les prix affichés sur la viande locale. Bien au contraire ceux -ci n'ont pas cessé de grimper et à grande vitesse ces trois dernières année. Pour de nombreux intervenants dans le circuit et des professionnels de la viande rouge, le prix actuel d'un kilogramme de viande, qui oscille entre 850 DA et 1 200 DA, n'est en réalité pas ce qu'il devrait être sur les marchés, il pourrait baisser pour peu que les différents intervenants de la chaîne s'organisent et se modernisent. Et quand bien même la filière se décide à s'organiser et se moderniser ceci serait-il suffisant pour qu'enfin les prix de la viande reviennent à des niveaux abordables pour les ménages ? Cela n'est pas évident quand on sait que le prix élevé de toutes les viandes rouges est l'effet combiné de plusieurs facteurs. D'après des études, le marché interne des viandes, ovine et bovine est fort rémunérateur, «du fait du maintien de la demande à un niveau relativement élevé et de la faible élasticité de l'offre interne. Les structures de prix sont dominées par les marges prélevées par les réseaux privés de commercialisation», explique les rédacteurs des études. Des conclusions que partagent de nombreux observateurs du marché de la viande rouge. Non sans souligner que le marché en question est essentiellement animé par les éleveurs, les maquignons et les bouchers abatteurs. Ces derniers sont en contact permanent entre eux. De ce fait ils disposent tous et à tout moment de l'information sur les prix et les quantités proposées à la vente. En clair, aucune de ces trois catégories d'intervenants ne peut agir à sa guise. Ils agissent en commun accord et à la vitesse de l'éclair. Ce qui veut dire qu'aucun opérateur ne peut décider seul des prix à appliquer et des quantités de têtes d'ovins et de bovins à acheter ou vendre. La devise appliquée étant bien sûr «faire grimper les prix à de niveaux élevés». Cela est d'autant plus facile à partir du moment où l'offre reste inférieure à la demande notamment pendant le mois de Ramadhan et pendant tout l'été, période des fêtes familiales. Cependant il faut savoir qu'entre le prix à la source, celui du gros et celui du détail, l'écart est astronomique. C'est bien le maquignon et le boucher qui sont en grande partie responsables de l'écart car les éleveurs se défendent avec des arguments qui tiennent la route. Selon ces derniers la cherté de la viande est due au prix élevé des aliments du bétail. Cela est d'autant plus vrai quand on sait que 75% du prix de revient d'un kilo de viande est dû à la nourriture de la bête. Toujours dans le cadre du partage des responsabilités, les maquignons sont les métronomes du marché à bestiaux et donc fixent les prix et s'assurent ainsi des revenus conséquents. Viennent ensuite les bouchers abatteurs qui, après s'être rendus acquéreurs d'un lot de bêtes, recourent à l'abattage non déclaré, c'est-à-dire à l'abattage clandestin, à des fins de préserver ou d'accroître leur marge de bénéfice. Ils vont parfois limiter leur volume d'abattage sachant pertinemment qu'un confrère viendra les solliciter pour lui céder les bêtes restantes avec à la clé des bénéfices. L'abattage clandestin dérégule le marché de la viande Pour revenir au phénomène de l'abattage clandestin, il est intéressant de savoir qu'il est souvent l'œuvre de bouchers occasionnels. les abattages clandestins échappent aux contrôles des services vétérinaires et, aussi, faussent toute possibilité de se faire une idée précise sur les besoins de consommation des ménages et, bien sûr, du nombre réel de bêtes dépecées. Toujours à propos des intermédiaires, leur nombre s'est accru et chacun prélève au passage sa part de bénéfice avec, au final, le gonflement des prix au détail sur les étals des bouchers. C'est donc à ce niveau que l'outil de régulation devrait en priorité intervenir c'est-à-dire à l'aval. Car l'amont c'est plutôt l'affaire de la filière. Celle-ci, devant le constat de l'insuffisance de l'offre, devra trouver les voies et les moyens pour accroître la productivité c'est à dire augmenter les effectifs du cheptel ovin et bovin. C‘est possible par l'amélioration génétique et aussi en augmentant le poids des carcasses. En résumé il s'agira d'opérer dans la filière des améliorations dans les pratiques de reproduction et des conduites d'élevages. Première action dans ce sens : la filière doit faire l'objet d'un ajustement. C'est en tout cas la condition pour connaître le dynamisme qui lui manque et qui lui faut. Z. A.
Selon le département des statistiques auprès du ministère de l'Agriculture et du Développement rural le nombre d'ovins s'élèverait à la fin 2011 à près de 23 000 têtes. En ce qui concerne le nombre de bovin, chiffre arrêté à la même période, il est proche des 2 millions de têtes dont 60% de vaches laitières. Quand à l'effectif caprin il s'élève à 4,25 millions de chèvres. Quant à l'effectif camelin il a été compté près de 0,32 millions de têtes de chameaux. Au chapitre de la production de viande rouge, la même source rapporte que le volume de viande ovine produite en 2011 s'élève à 1 973 830 tonnes (T) ; bovines (1 300 530 T); caprines (272 290 T) et camelines (108 540 T). Quand au taux de croissance sur la période 2005-2011, la FAO avance un pourcentage de 1,4% par an dans la viande bovine et 1 ,5% par an dans la viande ovine. Dans son dernier rapport la FAO donne aussi des indications sur le taux d'exploitation du cheptel en Algérie durant la période 205-2011 qui correspond à la division de la production de viande du pays par le nombre d'animaux du cheptel. Il est de 75 kg/tête dans le bovin et kg/tête dans la viande ovine. Cheptel et taux d'exploitation