La Russie pourrait changer de position sur la Syrie si elle se rendait compte que le président Bachar Al-Assad «trichait», a déclaré samedi le chef de l'Administration présidentielle russe, alors que d'intenses tractations diplomatiques sont en cours en vue de l'adoption d'une résolution à l'Organisation des Nations unies sur le désarmement chimique de Damas. «Ce que je dis pour l'instant est théorique et hypothétique, mais si nous avions un jour la certitude qu'Assad trichait, nous pourrions changer notre position», a dit Sergueï Ivanov, cité par les agences de presse russes, au cours d'une conférence à Stockholm organisée par l'Institut international des études stratégiques (IISS). S'il peut être établi sans aucun doute qu'une des parties en Syrie a menti en réfutant l'utilisation d'armes chimiques, «cela peut impliquer que nous changerons de position et utiliserons le chapitre VII. Mais tout est théorique, jusqu'à présent il n'y a pas de preuve», a-t-il renchéri un peu plus tard, dans des propos cités par l'agence de presse suédoise TT. La Russie s'oppose à l'adoption d'une résolution sous le chapitre VII de la charte des Nations unies, qui prévoit des «mesures coercitives» allant de sanctions économiques à l'usage de la force. Lors de son intervention, M. Ivanov a réaffirmé l'opposition de la Russie à une intervention militaire en Syrie, déchirée par un conflit qui a fait plus de cent dix mille morts en trente mois, ajoutant que «nous devons comprendre que [M. Assad] ne contrôle pas tout le territoire syrien. Nous ne savons pas encore où se trouvent géographiquement toutes les réserves d'armes chimiques. Je pense que cela sera clair d'ici à une semaine». L'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) a annoncé samedi, date butoir fixée par l'accord russo-américain du 14 septembre, que la Syrie lui avait remis l'inventaire attendu de son arsenal chimique. L'OIAC a toutefois reporté une réunion prévue dimanche pour établir le programme de sa destruction et étudier la demande d'adhésion de la Syrie à la convention de 1993 sur l'interdiction des armes chimiques. Selon des sources diplomatiques, le texte devant servir de base de travail à la réunion, discuté par Washington et Moscou, n'est pas encore prêt. Or, cette réunion est un préalable à toute résolution du Conseil de sécurité. D'après l'entourage du président de la République, François Hollande défendra mardi lors de l'assemblée générale de l'ONU «une résolution aussi contraignante que possible», bien que les Occidentaux tentent de convaincre Moscou que leur projet de texte n'implique pas la menace d'une action militaire immédiate. La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité, s'est pour sa part contentée de réclamer une mise en œuvre rapide de l'accord américano-russe sur la destruction des armes chimiques, tout en exprimant l'espoir d'une solution politique à la crise.