A la recherche de cadavres et d'éventuels explosifs, les secours fouil-laient hier les décombres du Westgate de Nairobi, au premier jour du deuil national décrété après l'attaque meurtrière du centre commercial. Secouristes et soldats portaient masques et foulards, pour se protéger de l'odeur pestilentielle qui s'échappe désormais du bâtiment. L'assaut lancé samedi, revendiqué par les insurgés islamistes somaliens shebab, a coûté la vie à au moins 61 civils, six membres des forces de sécurité kényanes et cinq assaillants, et fait environ 175 blessés. Un deuil national de trois jours a été décrété depuis hier, et les drapeaux aux couleurs du pays ont été mis en berne dans toute la capitale. Il s'agit d'ores et déjà de l'opération la plus meurtrière à Nairobi depuis l'attentat-suicide d'Al-Qaïda en août 1998 contre l'ambassade des Etats-Unis, qui avait fait plus de 200 morts. Et le bilan devrait encore s'alourdir : une partie du centre commercial s'est effondrée et une soixantaine de personnes, au moins, sont portées disparues. Les shebab ont eux affirmé hier que «137 otages» détenus par les assaillants avaient péri dans l'attaque, accusant les forces kényanes d'avoir utilisé «des gaz chimiques» pour mettre fin au siège. Et «pour couvrir ses crimes, le gouvernement kényan a provoqué l'effondrement du bâtiment, enterrant les preuves et tous les otages sous les décombres», ont-il ajouté. Une partie du toit et de trois étages, sur les quatre que compte le Westgate, s'était effondrée mardi, une source sécuritaire et un pompier expliquant alors que la structure avait sans doute été fragilisée par un incendie survenu lundi. Les secours s'affairaient hier depuis l'aube autour du luxueux centre commercial dévasté par les balles, les explosions et les flammes. Des experts en explosifs aidés de robots démineurs téléguidés l'inspectaient, vérifiant «qu'aucun explosif n'a été laissé» dans le dédale de magasins par les islamistes, a expliqué une source sécuritaire.