Un consensus, enfin. Les USA et la Russie se mettent d'accord sur le texte d'une résolution à adopter par le Conseil de «Sécurité» de l'ONU. Ce texte comporte une référence explicite au chapitre VII de la Charte («Le Conseil décide, en cas de non-respect de cette résolution, dont le transfert non autorisé d'armes chimiques ou l'usage d'armes chimiques par qui que ce soit en République arabe syrienne, d'imposer des mesures sous chapitre VII de la Charte des Nations Unies.») Autrement dit, la Russie se conforme à l'accord signé avec Kerry. Dans ce sens, les inspecteurs de l'OIAC et de l'ONU ont toute liberté de mouvement et d'action en Syrie ; ils peuvent se faire «assister» par tous les «experts» (on a déjà signalé dans une précédente chronique que parmi ces «experts», il y avait un grand nombre d'Israélien : cherchez l'erreur) qu'il leur plaira de désigner; ils bénéficient des privilèges et immunités de l'ONU ; le gouvernement syrien doit tout accepter, sinon gare au chapitre VII (voir articles 7 à 10 de la résolution. Enfin, dans l'article 16, il est question de «la mise en place d'un organe de gouvernement transitoire qui aura les pleins pouvoirs exécutifs, qui pourra comprendre des membres de l'actuel gouvernement et de l'opposition ainsi que d'autres groupes, et sera formé sur la base du consentement mutuel». Il faudrait peut-être que Poutine explique à Assad ce que la Russie, qui est signataire de ce texte néfaste, entend exactement par «l'opposition» et les «autres groupes». S'agit-il des 80 à 90 % d'Al Qaïda dont nous avons parlé plus haut ? Le grand hic : bien entendu, la résolution ne dit pas un mot sur la cause première de cette guerre : l'invasion étrangère organisée et financée par des Etats membres de l'ONU que personne ne menace du chapitre VII. Le texte ne dit pas non plus qui sont les coupables de l'attaque chimique du 21 août... La résolution sera finalement adoptée à l'unanimité des 15 membres du Conseil (USA, Royaume-Uni, France, Russie, Chine, plus les dix membres non permanents : Brésil, Nigéria, Gabon, Liban, Bosnie, Afrique du Sud, Inde, Allemagne, Portugal, Colombie). Les pays occidentaux applaudissent ce «premier pas» de la Russie (et de la Chine) en leur direction et sont persuadés qu'il sera bientôt suivi de quelques autres. L'heure du crime : Cinq jours à peine après la résolution sur les armes chimiques, les 15 pays du Conseil approuvent, également à l'unanimité, le texte d'une déclaration qui «exige de Damas un meilleur accès humanitaire en Syrie face à l'ampleur de la tragédie». Les autorités syriennes sont sommées de «prendre immédiatement des mesures pour lever les obstacles à la livraison de l'aide et autoriser les convois de l'ONU venant de pays voisins à passer la frontière». Damas devra «faciliter l'importation de moyens de communication, véhicules blindés et équipements médicaux et chirurgicaux»... Autrement dit, c'est la porte grande ouverte aux convois humanitaires qui serviront pour l'essentiel à livrer des armes, munitions, vivres, etc., aux mercenaires islamistes de l'impérialisme américano-sioniste. Et aussi bien sûr à espionner l'armée, la stratégie et la tactique de guerre de Bachar Al-Assad. En attendant la «grande évasion». (Suite et fin)