Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, le président du Conseil national consultatif pour la promotion de la PME (petite et moyenne entreprise), Zaïm Bensaci, trouve qu'il n'est pas normal du tout d'avoir en Algérie entre 600 000 et 700 000 entreprises, alors que pour atteindre une croissance normale, il faudrait au minimum 2 millions d'entreprises. Pour cela, il faut aider, créer, soutenir, faire prendre toutes les mesures pour qu'on puisse arriver à créer des entreprises, ce qui n'est pas facile. Il a annoncé le projet d'élaboration prochaine d'une cartographie des entreprises algériennes qui permettra une meilleure visibilité aux grandes entreprises et leur facilitera ainsi la prise de décision en la matière. Les appels d'offres pour la réalisation de cette cartographie de la PME en Algérie seront lancés incessamment, a-t-il avancé. On saura alors, selon lui, quels sont les bassins de PME ou de TPE, quelles sont les régions où on pourra créer de nouvelles unités, de nouvelles entreprises, dans quelles filières, etc. Avec la cartographie, on aura une idée, explique-t-il, de ce que peut être la réalité du terrain, en ce qui concerne ces PME. Il fait remarquer qu'on est tombés dans le travers de la facilité, c'est-à-dire l'importation, ce qui fait que les filières qui demandent du travail sont complètement ignorées, complètement délaissées, parce que ça ne rapporte rien. Entre une entreprise industrielle et une entreprise qui importe, l'écart est énorme, fait-il observer. Les marges de l'industrie sont de 10% à 15%, alors que l'importateur fait du 80% à 90%. Pourquoi, s'interroge-t-il, quelqu'un investirait-il dans une action qui ne rapporte rien ? Il appelle à lever toutes les contraintes qui touchent l'entreprise (bureaucratie, marchés publics...). A tous les niveaux, dit-il, le chef d'entreprise est confronté à ce type de situation. Il donne l'exemple de celui qui ne fait pas appel à l'Anem et se retrouve au pénal, ce n'est pas normal ! Il souhaite que l'on prépare dès le jeune âge les structures mentales à l'esprit d'entreprise. Le président du Conseil consultatif national pour la promotion de la PME estime que l'émergence d'un tissu de sous-traitants industriels algériens demeure tributaire du degré d'implication des entreprises nationales, grands donneurs d'ordre, et non pas de leurs partenaires étrangers qui recourent systématiquement à des équipementiers internationaux. Il faut cesser de parler des partenaires étrangers qui viennent avec leur stratégie de développement bien arrêtée, lance-t-il, occupons-nous des grandes entreprises nationales donneurs d'ordre. M. Bensaci insiste sur le fait que l'investisseur étranger, qui se fait toujours accompagner par des équipementiers étrangers, n'apportera rien en matière de sous-traitance nationale à part sa contribution à la formation d'une deuxième génération de sous-traitants à long-terme. Il cite l'exemple du contrat de l'usine Renault en Algérie, signé en 2012, et où le taux d'intégration de la production nationale sera de 42% pour monter graduellement à 80%. M. Bensaci a plaidé pour l'instauration d'une véritable relation de confiance entre grands donneurs d'ordre nationaux et les sous-traitants locaux pour développer un réseau national de sous-traitance. Il préconise de recenser les sous-traitants nationaux qui avaient travaillé par le passé pour la société nationale du véhicule industriel (SNVI) en vue de les aider pour constituer le noyau du réseau national de la sous-traitance mécanique. Il n'y a aucune intégration locale, s'insurge M. Bensaci qui regrette que des entreprises comme Sonatrach ou Sonelgaz, qui importent plusieurs centaines de millions de dollars de pièces de rechange annuellement, préféraient dans le passé importer que de recourir aux sous-traitants algériens. Le groupe Sonatrach, fait-il remarquer, consacre à lui seul quelque 100 milliards de DA (environ 1 milliard d'euros) pour importer les pièces de rechange et les organes de machines nécessaires à ses activités. Il importe annuellement un demi-million d'articles de pièces, dont 1% seulement sont produites localement.