Au train où vont les choses, le dialogue national, dans sa troisième manche, risque fort d'être encore un échec. Entre autres, les manigances qui se trament depuis bien avant le lancement de ce dialogue, il y a l'entêtement de la Troïka et l'opposition dans le choix de la personnalité pour le poste de chef du gouvernement. Avant-hier, Hassine Abassi, secrétaire général de l'Ugtt et parrain du dialogue national, a annoncé que «le dialogue national reprendra la semaine prochaine sur des bases solides», sans préciser en quoi consisteront les bases solides dont il parle. Toutefois, il n'a pas manqué de menacer «qu'en cas de nouvel échec, le quartet donnera une conférence de presse afin de dénoncer les parties responsables des obstacles ainsi que leurs motivations». «Les bases solides dont parle le SG de l'Ugtt ne sont pas difficiles à déchiffrer, estime Lazhar Baly, président du parti El Amen. Nous ne retournerons à la table des négociations qu'à la condition d'un accord préalable sur la personne du futur chef du gouvernement de compétences nationales». Sur un autre plan, le président d'El Amen exprime sa conviction qu'il est indispensable «d'obliger les constituants, principalement ceux d'Ennahdha et de ses alliés, d'avaliser les décisions qui seront issues du dialogue national. Nous avons demandé que les constituants s'engagent par écrit à voter, tout ce qui sortira de la table du dialogue. Quant aux amendements introduits sur le règlement intérieur de l'ANC, nous exigeons qu'ils soient annulés ou qu'il y ait au moins, un engagement clair sur la possibilité de les réviser». Reste toujours posée la date de la reprise du dialogue. «A travers mes rencontres avec le quartet et mes contacts avec les autres parties prenantes, j'ai le sentiment que le blocage principal est désormais l'ANC où tout pourrait tomber à l'eau, même en cas de notre retour à la table des négociations au début de la semaine prochaine comme le promet le SG de l'Ugtt», souligne encore Lazhar Baly. Ce sentiment, selon lequel la reprise pourrait tarder encore provient d'un constat que notre source détaille comme suit : «Le système né des élections du 23 octobre 2011 continue à fonctionner comme si rien n'avait changé. Ali Laârayedh poursuit ses déclarations emportées, Marzouki tire les ficelles du palais de Carthage bien que son parti boycotte le dialogue national, et Mustapha Ben Jaâfar ne contrôle plus rien à l'ANC et donne l'impression de jouer son propre avenir. Ennahdha, le CPR et ses dérivés, en premier lieu l'alliance dite l'Alliance de la souveraineté du peuple, ne font que dominer ou orienter le processus transitoire». Issam Chebbi, porte-parole du parti Al Joumhouri a justifié le retrait jeudi, de son parti de la réunion de concertation réunissant les 14 partis formant «la coalition démocratique» par l'absence de clarté des composantes de cette alliance et de ses objectifs. Dans une déclaration vendredi à l'agence TAP, Chebbi a affirmé avoir exigé, lors de cette réunion des précisions sur des «questions ambiguës» et des explications concernant l'exclusion de certains partis appartenant au front de salut de cette réunion notamment, le parti du travail démocratique, le parti socialiste et d'autres appartenant au front populaire comme le parti de Al Taliaâ. Chebbi a indiqué qu'il était impossible de traiter avec des partis «inconnus», telles que les partis de la troisième voie et le mouvement du tunisien pour la liberté et la dignité. Le porte-parole du parti Al Joumhouri a affirmé qu'il n'y avait pas de signes qui augurent de la reprise du dialogue, lundi prochain, appelant à la nécessité d'intensifier les concertations avec le quartette parrainant le dialogue national pour trouver une issue à cette crise.