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Le peuple algérien a dit non à la colonisation

50 ans après, quand on vous demande d'apporter votre témoignage sur votre participation à la grande manifestation populaire dans le quartier de Belcourt à Alger, il y a des images et des moments qui restent gravés dans la mémoire, cependant, les acteurs du début des manifestations de Belcourt (des enfants anonymes de moins de 15 ans) ont bravé ce jour du 10 et celui du 11 décembre 1960 les forces coloniales aussi bien policières que militaires, en sortant dans la rue en criant à pleins poumons, n'ayant à leur disposition que leurs frêles poitrines de jeunes enfants, «Algérie algérienne» et «Algérie musulmane».
Tous ceux qui étaient présents ce jour du 10 décembre 1960 entre 16h et 16h30, pas très loin du stade Biales, la SAS) (actuellement stade Aït Saâda), se rappelleront cette vague déferlante de gamins du quartier de l'Aguiba, de carrière, de Cervantès et alentours, surgis de nulle part, descendant d'une rue transversale à la rue de Lyon (actuellement Mohamed Belouizdad), regroupés spontanément, criant à tue-tête, comme savent le faire uniquement des enfants de quartiers défavorisés appelés communément les Yaouleds des quartiers musulmans. A Belcourt, de tout temps, la frontière entre quartiers européens et musulmans était claire. La ligne de démarcation était bien définie, «Triq etriciti», la rue de Lyon à cause des rails et des lignes électriques des tramways qui desservaient les Annassers jusqu'à la place des Martyrs et ce, pour situer la limite où il ne fallait pas trop s'aventurer. Etant enfant, je me souviens des propos que me tenait feu mon père, une figure sportive bien connue de Belcourt (El-Mansour le boxeur) : «Balek tahbat el-triq etriciti». Ce jour-là, tous les enfants de Belcourt ont bravé cette interdiction et brisé cette démarcation en offrant leurs jeunes poitrines et leurs voix unies dans un appel, un cri d'espoir, un cri de révolte, montrant à la face du monde qu'un peuple tout entier réclamait une reconnaissance, une liberté, une indépendance, car pendant six ans, ces enfants ont connu et ressenti ces douleurs et ces oppressions, ces agressions de leurs parents par la multiplicité des fouilles à corps dans la rue, ces agressions de l'intimité familiale en pleine nuit par des contrôles et fouilles nocturnes, où aucun membre de la famille n'était épargné (femmes, enfants, vieillards étaient malmenés, humiliés) les adultes ou jeunes adolescents étaient emmenés, arrachés à leurs familles, vers des destinations inconnues, par des militaires traquant un ennemi invisible, en faisant subir des pressions quasi quotidiennes à de malheureuses familles algériennes. Cela était sans doute une forme de répression due à des revers subis dans les maquis de toute l'Algérie. Tous ces éléments ayant germé dans la tête de ces enfants ont fait que sous une probable impulsion, je ne saurais dire quelle a été la raison première de cette manifestation qui a fait que les journées des 10 et 11 décembre 1960 ont fait basculer toutes les grandes villes algériennes dans une communion totale de manifestations populaires avec la participation de tous les Algériens et Algériennes, quel que soit leur âge. Mais pour situer le contexte réel, les manifestations de Belcourt ont débuté ce jour du 10 décembre 1960 entre 15h à 16h. C'est là qu'en tant que témoin et acteur pendant les manifestations que j'apporte un témoignage véridique et vérifiable de ce j'ai pu constater, vu, et fait pendant ces deux journées de décembre 1960. Ce jour du 10 décembre 1960, j'avais 16 ans, je flânais dans la rue Amiral Guépratte (Mohamed Douar), très exactement, j'étais entre la maison Kelvinator, fabricant de réfrigérateurs, et la maison où logeait un officier supérieur de la SAS du stade Biales. Entre ces deux points, il y avait un terrain vague en pente qu'on appelait «tahtaha», vers 16h, en bas de la «tahtaha» à proximité de l'usine de bouchons de liège, je vis apparaître une personne d'un certain âge courant comme un dératé, poursuivi par un militaire algérien (un harki ou supplétif de l'armée française). Le premier personnage était habillé d'une kachabia marron et d'un turban blanc, je venais de reconnaître le propriétaire de la gargote mitoyenne au cinéma «Shahrazade» de l'Aguiba. Le poursuivant en tenue militaire de sortie (permissionnaire) ne portait pas d'arme automatique, mais avait à son ceinturon, une baïonnette dans son fourreau. Sans réfléchir, j'ai dévalé la «tahtaha» et me mis à suivre en courant les deux protagonistes. Empruntant les escaliers du téléphérique vers la rue de Lyon, les deux antagonistes continuaient à courir l'un derrière l'autre, le militaire déterminé à rattraper le vieillard. Arrivé à hauteur de l'entrée du stade Biales, le gargotier épuisé tomba à terre, entretemps, le militaire dégaine sa baïonnette, levant son bras armé pour lui asséner un coup fatal, c'est à ce moment précis, qu'arrivant derrière le harki, je l'ai empoigné à la taille et je l'ai jeté sur le côté sur le trottoir du cimetière Sidi M'hamed, évitant ainsi un drame quasi certain. Au moment précis où j'avais jeté à terre le supplétif, j'ai entendu plusieurs cliquetis d'armes, une patrouille militaire en file indienne qui était sur le même trottoir, nous entoura en braquant les fusils sur le gargotier à terre et moi-même. Cette patrouille avait vu toute la scène. C'est en me relevant de terre, j'allais expliquer au chef de patrouille ce qui s'était passé. A peine debout, je n'ai pas pu prononcer une seule parole, en détournant les yeux, j'ai vu un groupe de jeunes gamins, pour la plupart des écoliers, qui avançaient en courant criant «tahia El-Djazaïr». Surpris par la déferlante de jeunes qui arrivaient de plus en plus nombreux, la patrouille militaire et le supplétif se sont réfugiés à l'intérieur de la SAS. A mon premier regard sur les manifestants, je m'aperçus que ce n'était que des enfants, au milieu d'eux un seul jeune d'environ 16 ans, qui se démarquait de l'ensemble parce qu'il était torse nu et que la majorité des enfants lui arrivait à la taille. C'est à ce moment que je me joignis au groupe de manifestants et en pris la tête. Nous parcourûmes la rue de Lyon jusqu'aux environs du Jardin d'essai du Hamma et on faisait des allers et retours sans trop savoir où aller. La foule de manifestants grandissait au fur et à mesure que le temps passait. Aux environs de 16h20, c'était la sortie de spectateurs du cinéma «Le Select», juste en face du cimetière musulman de Sidi M'hamed, un cinéma fréquenté par des Algériens. A ce moment précis, je grimpais sur le toit d'une vespasienne (urinoirs publics) située sur le trottoir du cimetière, presqu'en face du cinéma. Les dizaines de spectateurs sortant du cinéma, en majorité des jeunes adultes, surpris par le mouvement de foule que j'avais initié en prenant la tête, se sont joints aux attroupements des gamins frondeurs et libérateurs. En grimpant sur cette estrade improvisée, j'ai trouvé sur le toit un pistolet factice de grandeur nature abandonné, je m'en suis saisi et je commençais à haranguer la foule en criant à tue-tête les slogans repris en chœur par la foule. Je demandai à la foule (en devenant le meneur) de se diriger vers le centre-ville pour montrer aux Européens d'Alger et aux journalistes notre détermination et crier notre révolte. En prenant la tête du cortège, nous nous dirigeames vers la Grande-Poste d'Alger en parcourant la rue de Lyon, la place du Champ-de-manœuvre en direction du centre-ville. Personnellement, j'étais loin de me douter que des affrontements entre Européens et les forces de l'ordre se déroulaient près de la faculté de médecine d'Alger. Pendant notre marche, la rue entre la gare de l'Agha et la poste était jonchée de clous de petites dimensions, éparpillées certainement par des Pieds-Noirs afin de bloquer l'arrivée d'éventuelles voitures. Arrivés au grand carrefour en bas de la Grande-Poste, nous sommes stoppés net par un dispositif impressionnant de chars et blindés postés à chaque point stratégique du carrefour, ainsi que de nombreux militaires en armes. Surpris par ce dispositif de sécurité qui nous empêchaient de progresser au-delà du carrefour. Toujours en tête et en meneur de cette foule algérienne criant sa révolte à tue-tête, nous reprîmes le chemin de retour vers nos quartiers, les quartiers musulmans en traversant les quartiers européens. Plus on avançait, plus la foule grandissait. L'effet boule de neige faisait son effet. La rue de Lyon, la rue Amiral Guepratte, le boulevard Cervantès, l'Aâqiba, El Carrière, Dar El-Babor, Salembier, Diar El-Mahçoul étaient à nous les manifestants ; nous allions sans cesse d'un endroit à un autre sans aucun itinéraire précis et aucun encadrement, dirigés simplement par notre volonté de manifester, de crier notre aversion pour ce système colonialiste qui nous avais fait tant de mal dans notre chair et notre sang, nos esprits se révoltaient contre l'oppression et les tensions quotidiennes infernales. Les gamins (les yaloueds de Belcourt l'Aguiba), les poitrines nues offertes à la révolution populaire algérienne, criaient leur soif de liberté et leur appartenance à une communauté oppressée par les forces coloniales. Plusieurs de ces gamins ont offert à l'Algérie d'aujourd'hui leur sang en se lançant armés uniquement de leurs voix et leurs poitrines offertes aux balles de la répression aveugle tirant sur ces innocents qui deviendront les premiers martyrs de Belcourt, la fière citadine des quartiers musulmans de ces 10 et 11 décembre 1960, à l'instar de nos illustres aînés victimes des enfumades, des vaillants manifestants tombés en 1945, et tous les autres sous les balles assassines de colons et de militaires chargés de mater un grondement populaire dans un souffle et un élan de dignité et de liberté, tombés en criant «Tahia El-Djazaïr». Dans notre marche sans but précis, nous nous trouvâmes à un moment donné sur le boulevard Cervantès entre la fameuse grotte Cervantès et Dar Lassourate. D'un balcon d'un deuxième étage sous les youyou stridents des femmes aux balcons, je levai les yeux e j'ai vu une jeune femme lancer dans le vide un tissu de couleur vert pale, comme ceux qu'on voit dans les «ZIARATE populaires», comme par hasard, j'ai récupéré ce «AALAM» improvisé, il m'était tombé dessus comme destiné, le tenant à bout de bras écarté, je fus soulevé de terre par un manifestant inconnu à qui je rends hommage, ce frère, ce compagnon manifestant et c'est ainsi, sur ses épaules, entourés de la foule révoltée, je devenais probablement le leader, le premier à avoir détenu durant cette manifestation à Belcourt, un emblème de la couleur de
l'espoir et l'emblème d'une appartenance à une communauté réclamant ses droits à la liberté. (Les vrais drapeaux algériens, n'avaient pas fait encore leur apparition). Nous continuâmes notre errance désordonnée de quartier en quartier, ameutant et ramenant un flux impressionnant d'enfants et d'adultes dans notre sillage. Arrivés au carrefour de la triste et célèbre villa «Susini» lieu de tortures, nous fûmes stoppés par la présence d'un important dispositif militaire bloquant les issus vers Diar Es-saâda et le Golf, quartiers européens. Nous étions là, face à face, manifestants et forces de l'ordre militaire. Les autorités surpris par l'ampleur des manifestations se sont organisées pour bloquer toutes les issues menant vers les quartiers européens, nous confinant dans nos réserves musulmans, pour éventuellement éviter des affrontements entre les deux communautés. Nous sommes restés là, face à face, presque nez à nez avec les militaires, cela a duré un temps indéterminé, la foule criant nos fameux slogans, les militaires en face, coude à coude ne bronchaient pas, on sentait une terrible montée de tension de part et d'autres des deux camps. J'aperçu sur des camions militaires stationnés sur place, deux militaires, un gradé et un simple soldat, le gradé filmait et l'autre prenait des photos de la foule et des manifestants, ce qui expliquerait plus tard, le nombre impressionnant d'arrestations de frères manifestants. Ce face à face dura je ne sais plus combien de temps, le soir tombant nous commençâmes à nous disperser. Je rentrai le soir à la maison, il me semble qu'un couvre feu était de rigueur, ce soir-là je n'ai pas dormi chez moi de crainte d'être arrêté, j'ai passé la nuit chez des voisins Dar Khaled Nahnah au rez-de-chaussée de l'immeuble. La raison de cette nuit hors de chez moi, était que pendant l'après-midi vers le tard, alors que j'étais en possession du fameux emblème, alors que nous manifestions dans notre quartier, un groupe de militaires en Jeep nous avait repéré et nous courus après. Dans notre fuite, ils nous ont poursuivi jusque dans la cour de l'immeuble, dans la cagée d'escalier. Je fus rattrapé dans la cage d'escalier par un militaire qui portait trois galons, donc un capitaine, il m'a empoigné et tentai de m'amener avec lui, je résistai et me débattais pour essayer de fuir. D'un coup, j'aperçois ma grand-mère paternelle (Allah ya rahmha ) en haïk traditionnel qui s'interposait entre le capitaine et moi-même, le bousculant même. Interloqué le capitaine s'est tourné vers ma grand-mère. Comme elle parlait très bien le français, elle parla avec lui, et tout de suite après, il m'a relâché et m'a confié à ma grand-mère en lui recommandant de ne pas me laisser sortir. A mon avis, ce capitaine et ses militaires n'étaient pas nombreux tout au plus peut-être quatre militaires en reconnaissance, les gens de l'immeuble étaient sortis de chez eux, le soir tombait, je pense que craignant une nouvelle vague de manifestations s'est laissé aller à un geste d'indulgence envers un gamin et sa grand-mère voilée. Cependant mon esprit travaillait, je me suis dit, il m'a attrapé, il m'a vu et reconnu, cette nuit, ils vont venir me chercher. C'est pour cette raison, que j'ai passé la nuit chez les voisins, où j'avais une possibilité de m'enfuir s'ils revenaient la nuit comme à leur habitude. Je voudrais souligner le courage de nos mères et grand-mères dans ces situations, quand je remontais au troisième étage où j'habitais, en franchissant la porte, ma grand-mère enlevait son haïk mon énorme surprise je voyais dans la main gauche de ma grand-mère, une « chaquora », celle qu'on utilise pour la fête de l'Aïd, qui était sous son voile pendant qu'elle parlait au capitaine (kouraj oula khalini). La nuit s'est passée dans une effervescence particulière, tout Belcourt en particulier « El Carrière » toute la nuit on entendait les youyous des femmes sans interruption et je pense que tous les quartiers musulmans de la capitale on en fait de même. Deuxième jour Je suis sorti le matin, naturellement nous nous sommes retrouvés un petit groupe du quartier. En redescendant la rue Amiral Guepratte, des jeunes de notre groupe s'étaient mis en tête de mettre le feu aux voitures en stationnement des Européens. En voyant cela, les Européens ont commencé à nous tirer dessus à partir de leurs balcons. Il semblerait qu'il y aurait eu de nombreux blessés et certainement des morts. Ayant échappé aux balles meurtrières, nous sommes descendus rue de Lyon, au niveau de « Cahouette enakhla », en face de l'usine d'allumettes Caussemille, nous n'étions pas nombreux. Je vois arriver venant du Jardin d'Essai, une voiture Simca de couleur bleue allant en direction de Belcourt, c'était la seule voiture, il n'y avait pas de circulation. La rue était presque déserte. Je descends du trottoir, pour m'interposer vers la voiture. A environ une cinquante de mètres, avant d'arriver à ma hauteur, je vois à l'intérieur du véhicule, un policier en uniforme. En me voyant essayant de faire arrêter la voiture, je le vois comme un film au ralenti, le policier enlève son képi, le pose sur la banquette avant, la main gauche tenant le volant, la main droite dégainant un pistolet, arrivé à ma hauteur, il tire au jugé trois fois et continua sur sa lancée. Je reste éberlué, j'ai vu les mouvements de sa main et du revolver quand il a tiré à trois reprises sur moi cela aurait dû être mon dernier jour, mais Dieu n'a pas voulu ainsi. Par miracle, je suis sorti indemne. Nous voilà repartis vers le centre de Belcourt, nous tombons sur des scènes de saccage de magasins, d' un bar (actuellement le Cercle du CRB). Nous retournons en sens inverse (décidément nous faisions des allers-retours entre le centre de Belcourt et le Jardin d'Essai ne sachant pas fois faire, seulement manifester dans notre quartier. Episode 4 CV Sur notre retour, au niveau du bar dit Trinquet, en face de Sidi M'hamed, notre groupe a immobilisé une petite voiture appelée à l'époque 4 cv, ils ont commencé à secouer la voiture pour ensuite la renverser et certainement y mettre le feu. M'approchant de plus près je vis à l'intérieur de la voiture un Européen d'un certain âge au volant et sur la banquette arrière deux fillettes d'environ 5 ou 6 ans, elles portaient de très jolies robes blanches endimanchées. (Des innocentes). N'écoutant que ma conscience, ma position de meneur m'a permis à coups de bâton me frayer un passage, faire arrêter le basculement du véhicule, dès lors je fis sortir du véhicule les deux fillettes terrorisées ainsi que leur père, ensuite je les ai fais introduire dans l'immeuble de deux étages mitoyen à la boulangerie et du bar trinquet en disant au père de monter au premier étage et essayer de trouver un abri. Je n'oublierai jamais cette scène, les visages des fillettes terrorisées. Quant au père je n'en ai qu'un vague souvenir uniquement de sa corpulence, mais pas de son visage. Quant à la voiture, elle a subit la colère des manifestants très excités. Episode militaire isolé, cerné par les manifestants Sur la rue de Lyon (Mohamed Belouizdad) angle de la ruelle de Laâqiba, sur le trottoir du garage Azzougui. Un jeune militaire du contingent, s'est retrouvé dans des circonstances inexpliquées, au milieu d'un groupe de manifestants, qui l'ont chahuté sans brutalité et sans molestation aucune. Durant cet attroupement, le militaire fût délesté de son arme de poing par un manifestant. Paniqué, désemparé, et étourdi par la manifestation non violente, le militaire s'est retrouvé assis sur le trottoir juste à côté du garage Azzougui, complètement affolé se tenant la tête entre ses mains en pleurant. C'est cette scène que j'ai vu de mes propres yeux, sans que le militaire ne soit battu ou brutalisé par les manifestants. Episode : descente de Laâqiba bloquée par les CRS Ma présence sur ces lieux est étayé par une photographie montrant ma présence sur les lieux, étant le premier a grimpé sur le rebord du magasin de vêtement Sator à l'angle de la descente d'une ruelle de Laâqiba vers la rue de Lyon. Episode : cinéma Shahrazad Création d'un centre de soins clandestin derrière l'écran du cinéma, pour les blessures de la manifestation, et collecte de médicaments. Les manifestations populaires continuèrent au gré des marches improvisées des manifestants, entraînant des dégradations, le sacc age et l'incendie du monoprix de Belcourt, le saccage de la Maison Kelvinator (dont je fus un des acteurs). Au troisième jour, les forces de l'ordre se sont organisées, ont quadrillé tout Belcourt. Des barbelés ont été placés en travers des rues pour canaliser et empêcher les manifestants de se déployer. Les arrestations en masse ont commencé. La manifestation a commencé à s'essouffler et petit à petit, les gens rentraient chez eux, heureux et inquiets à la fois du déroulement de cette manifestation spontanée, sans peut-être se douter des conséquences ultérieures et sans savoir aussi que quelque part dans le temps, es gamins frondeurs et la population de Belcourt ont créé une situation qui a fait écho dans le monde entier et certainement avoir fait avancer politiquement d'un grand pas signifiant peut-être une ouverture vers la liberté et l'indépendance du pays. D'autres faits et souvenirs de mes compagnons de manifestation sont encore dans ma tête, je m ‘excuse de ne pouvoir les citer nommément, car tous anonymes gamins et adultes, par leur présence, toute l'Algérie s'était réveillée et était debout unie face à une armée coloniale. Deux ans après, l'Algérie était indépendante. Ces gamins frondeurs font maintenant partie de l'Histoire de l'Algérie. Il serait juste qu'un grand hommage leur soit rendu, Tahia El-Djazair.


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