Les manifestations populaires de décembre 1960, totalement spontanées, sont intervenues pour contrecarrer le travail psychologique déployé par l'administration coloniale. Ces manifestations qui se sont déclenchées à Alger, ont gagné ensuite la plupart des villes et régions du pays.Toute la population, enfants, femmes, vieillards ont pris part à cette très grande démonstration du peuple algérien refusant la colonisation, une réaction populaire massive contre les opérations de ratissage militaires dans les villages et les montagnes, les actes d'oppression et les colons qui usaient impunément de violence et procédaient à la liquidation physique des citoyens faisant fi des lois internationales et des droits civiques. Les manifestants ont prouvé que ni la force ni les récompenses ne peuvent venir à bout des aspirations du peuple algérien à la liberté et l'indépendance. Encore une fois, le peuple algérien célèbre une page historique de sa lutte contre le colonialisme français. En effet, le 11 décembre 1960 adultes et enfants dans une mobilisation massive sont sortis dans la rue pour crier leur refus du colonialisme, leur fierté d'être algériens. Des élèves entre 10 et 15 ans ont abandonné leur esprit juvénile pour rejoindre les manifestations pacifiques et répondre aux déclarations du général de Gaulle que l'Algérie n'est pas française et ne l'a jamais été. En ce jour là, les Algériens se sont mobilisés pour crier leur colère et leur révolte. Ces manifestations populaires ont montré la force de la révolution algérienne, son authenticité populaire et l'adhésion du peuple tout entier. Elles mirent en relief la dimension populaire de la Révolution menée sous la direction du FLN et de l'ALN et l'importance de la mobilisation à l'égard des événements nationaux majeurs. Déjà, la veille des milliers d'Algériens sont présents au quartier de Belcourt. La masse de personnes de tous âges, arborant des drapeaux du FLN, se rassemble dans la rue de Lyon. Des fenêtres des coups de feu sont tirés. Deux Algériens et un enfant tombent mortellement frappés ; un français venait de tirer de son balcon. Les jeunes formés en plusieurs groupes déployèrent rapidement des drapeaux vert et blanc du FLN, avancèrent aux cris de "l'Algérie musulmane", "Lagaillarde au poteau". A 18 heures, plusieurs milliers d'Algériens, drapeau FLN en tête, descendent du Clos Salambier par le ravin de la Femme Sauvage avec en tête du cortège des femmes poussant des youyous et scandant " Algérie algérienne". Pris de panique, des forces militaires considérables (chars automitrailleuses, camions chargés de gendarmes mobiles) descendent des hauteurs d'Alger vers Belcourt et le Ruisseau. Des heurts se sont produits entre musulmans et européens du côté des halles centrales, du Jardin d'Essai, du Monoprix. Les manifestants de plus en plus nombreux avancent. Pendant plus d'une demi-heure, gendarmes et manifestants restent face à face. Dimanche 11 décembre 1960, les manifestations reprennent à Belcourt. Elles sont cette fois-ci le fait de jeunes armés de gourdins. Ceux-ci abordent des drapeaux verts et blanc du FLN. A 10 heures, plus de 1 5000 manifestants sont massés dans les rues de la basse Casbah. Durant trois jours, les Algériens ont hurlé leur ras-le-bol criant leur soif de liberté. Beaucoup d'enfants et d'adolescents ont été tués par les parachutistes et les Pieds-noirs qui ont montré leur haine de l'Algérien. Aujourd'hui, quarante-huit ans après ces manifestants, l'Algérie n'a d'autres choix que l'unité d'adhésion de tous autour des grandes questions nationales de l'heure et leur résolution à travers les réformes économiques et politiques initiées par le chef de l'Etat. C'est là, l'esprit de la commémoration du 48e anniversaire des manifestations populaires du 11 décembre 1960, avec toutes ses dimensions et ses significations car ces manifestations étaient et demeurent l'un des événements les plus marquants de l'histoire de la lutte héroïque du peuple algérien qui a montré toute son unité tant la révolution de novembre 54 était un affrontement violent entre le peuple et les forces d'occupation qui ont œuvré à anéantir la "volonté du peuple algérien" et à "saper ses composantes matérielles et morales". Les manifestations du 11 décembre 1960 étaient une partie de cet affrontement, et un coup dur pour la stratégie" et les "plans d'invasion" qui visaient l'anéantissement des forces militaires et morales de la Révolution algérienne afin de liquider l'ALN et le FLN et de briser le moral du peuple.