Nulle part, il n'est constaté que le dialogue est la base de l'action stratégique quotidienne. Or, sans le dialogue, les suspicions augmentent, les haines davantage, et ce sont les rapports de force qui tranchent, qui imposent mais qui, en réalité, ne font que couver les germes de conflits qui deviendront fatalement inévitables. Les émeutes par exemple sont un appel au dialogue pour qu'à la logique des moyens de force succède celle des compromis. Qu'est-ce qui empêcherait les partis dits de pouvoir de faire un appel au dialogue aux partis de l'opposition en oubliant qu'ils représentent le pouvoir, si tant est qu'ils soient autorisés réellement à représenter le pouvoir, c'est-à-dire s'ils sont capables de s'engager dans l'autonomie de décision, dans la liberté de leurs propos ? Il y a certainement encore des incompréhensions majeures sur lesquelles buttent les analyses portant sur les évènements politiques et économiques internes et externes du pays et sur leurs implications. En absence totale des informations de la part des institutions, il ne reste plus aux analystes qu'à tenter d'accéder avec une marge d'incertitudes au code du cheminement de pensée des grands décideurs et des institutions de souveraineté plus particulièrement. Serait-il naturel de bâtir sa stratégie sur le meilleur usage à faire de la crise ? Faire de l'hostilité de l'autre le milieu générateur de sa propre stratégie ? Les objectifs se rejoignent ainsi pour l'entretien de la crise. Il faut croire qu'il y en a qui cherchent à l'entretenir puisque celle-ci dure et perdure. On a l'habitude de désigner des institutions mais pas des hommes et pourtant, le président de la République avait utilisé deux concepts qui doivent certainement structurer la pensée sécuritaire, en parlant de «mercenaires», et de «commanditaires». Des dividendes à retirer de la permanente insécurité ? Cela revient à dire que ceux qui ont en charge d'empêcher l'entretien de la crise n'en ont pas les moyens, ou les capacités, ou les compétences, ou les mains libres ou tout simplement la volonté, mais ils existent. Quand bien même qu'il puisse être dit que la paix est revenue, il apparaîtra douteux qu'après ce retour à la paix, il ne soit pas difficile de construire tous ensemble, d'assainir le climat politique car il serait hautement improbable que les amnistiés deviennent des amnésiques et le danger est grand que chacun s'enferme dans ses convictions. Il paraît comme une certitude que la tragédie nationale, elle qui a trop duré, laissera inévitablement des traces profondes au sein des populations, et à travers la classe politique. Une question des plus importantes. Pourquoi alors tous les moyens sécuritaires de l'Etat accompagnés par ceux des volontaires civils armés ne sont pas encore arrivés à bout du terrorisme ? Parler de la paix ou de l'amnistie fait toujours partie de l'actualité présente et continuera à faire partie de l'actualité future. Ce sont tous les deux des concepts dont la durée de leur prise en compte, et de leur approche comme préoccupations fondamentales est pratiquement éternelle, plus particulièrement pour les pays qui connaissent des situations de trouble, et même de troubles sécuritaires. Comment Bon Dieu un pays dont ses présidents successifs qualifiaient le peuple de «chaâb el adhime» a-t-il failli «couler» ? Tous les peuples se ressemblent et il ne peut pas être dit que tel peuple est meilleur qu'un autre. Pourquoi alors tous les beaux discours nationalistes développés depuis quatre décennies n'ont pas empêché la course vers l'obtention de la double nationalité et du pays le plus incriminé encore dans ces discours ?