Le sentiment national et l'amour pour la patrie? Oui, cela existe encore, plus encore quand c'est l'Algérie qui gagne, l'Algérie de tous les Algériens, sans enjeu de pouvoir. Une victoire dans les relations internationales, une victoire qui accorde de la crédibilité sur la scène internationale. Peu importe dans quel domaine elle se réalise. Il y en a qui parlent de «désamour» pour le pays quand ils évoquent les harraga, mais corrigent immédiatement leurs perceptions quand ils voient la jeunesse déferler dans les rues pour exprimer son amour pour le pays à la suite d'une victoire de l'équipe nationale de football. Depuis le début de ce qui allait devenir la tragédie nationale, depuis le transfert des virus des divisions au sein de la classe politique vers les populations, avec le grand risque d'en faire des germes des guerres civiles, depuis que des personnalités, en charge de la gestion de leurs partis, bâtissent leur stratégie sur le meilleur usage à faire de la crise, et s'adonnent à construire leur propre stratégie sur la haine de l'autre, le bateau «Algérie» a failli chavirer et nombre d'observateurs se demandaient pourquoi l'Algérie arrivait-elle tout de même à éviter l'effondrement. Le virus des divisions passait même au sein des familles, de la cellule familiale et, pourtant, malgré l'acharnement mis pour créer et entretenir la guerre civile, les populations ne se sont pas précipitées à épouser les causes qui avaient servi de source d'alimentation des déstabilisations et des insécurités. Si, à l'époque du pic de la tragédie, les observateurs étrangers surtout n'arrivaient pas à comprendre le pourquoi du refus des populations de s'engager plus profondément dans la guerre civile, la réponse vient de parvenir de la part des jeunes de tous les coins du pays, des populations de tous les coins du pays, sortis dans la rue pour crier leur amour pour l'Algérie. L'Algérie a gagné, le drapeau algérien était spontanément partout implanté, et cela rappelait énormément la liesse populaire exprimée par le peuple pour l'indépendance nationale. Les deux événements, à quarante-sept ans d'intervalle, avec une grande partie qui n'a pas connu l'époque de la guerre pour l'indépendance. C'est ça l'Algérie qui gagne, l'Algérie unie, alors qu'on peut dire que le processus de dévoiement de la démocratie qui fixait l'objectif de créer et de faire durer la «fitna» est apparu avec l'incompatibilité des programmes partisans, la promotion des intolérances. L'Algérie s'est rassemblée autour d'une victoire qui vient lui rappeler que ce sont les idéologies, les intolérances et les ambitions démesurées qui ont failli la faire sombrer. Les populations et surtout les jeunes montrent ainsi que parler de paix et de réconciliation fait toujours partie de l'actualité présente et continuera à faire partie de l'actualité future. Ce sont tous les deux des concepts dont la durée de leur prise en compte, et de leur approche comme préoccupations fondamentales, est pratiquement éternelle, plus particulièrement pour notre pays qui a connu des situations de troubles, et même de troubles sécuritaires. Les jeunes viennent, par-delà les clivages politiques et politiciens qui rendent difficile le fait de parvenir à construire tous ensemble, de prouver que la réconciliation est possible, pour éviter le danger que la classe politique, ou une partie de celle-ci, continue d'enfermer dans ses convictions alors qu'elle sait maintenant qu'elle est hors-jeu tant qu'elle continue à ne pas écouter le message porté par les jeunes de toute l'Algérie. Par Bachir Medjahed