L'ambassadeur du Qatar a été convoqué au ministère des Affaires étrangères égyptien où des protestations lui ont été formulées au sujet des critiques de Doha à propos de la répression visant les Frères musulmans. Cet état de fait a soulevé le mécontentement des autorités égyptiennes qui, une nouvelle fois, ont accusé le Qatar de s'ingérer dans les affaires intérieures de leur pays. Le Qatar était le principal soutien régional de M. Morsi, issu de la confrérie soutenue par Doha, mais déclaré fin décembre organisation terroriste par les autorités égyptiennes, dirigées de facto par l'armée. Dès la destitution et l'arrestation de M. Morsi le 3 juillet dernier, les nouvelles autorités s'en sont prises au Qatar, seule monarchie du Golfe soutenant les Frères musulmans, en fermant l'antenne de sa chaîne Al-Jazeera en Egypte, dont des journalistes ont même été arrêtés. L'ambassadeur du Qatar a été convoqué à propos d'une déclaration du ministère des Affaires étrangères du Qatar, a déclaré le porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty. Le ministère qatari des Affaires étrangères a condamné vendredi soir les heurts entre la police et des partisans des Frères musulmans qui ont fait au moins 17 morts en marge de manifestations à travers l'Egypte. Le Qatar, qui a soutenu les Frères musulmans dans plusieurs pays du Printemps arabe en 2011, a exprimé son inquiétude face au nombre croissant des victimes de la répression des manifestations. Doha a également critiqué la désignation des Frères musulmans comme organisation terroriste, signe précurseur d'une politique de tirer pour tuer contre les manifestants, selon le communiqué du ministère qatari diffusé par l'agence de presse officielle du Qatar, QNA. Au cours de l'année de la présidence de M. Morsi, Doha a promis plusieurs milliards de dollars d'aide pour soutenir l'économie égyptienne, ce que l'opposition égyptienne a condamné comme une tentative d'acheter de l'influence dans le pays. Doha accueille actuellement plusieurs islamistes ayant fui la répression en Egypte, qui a fait depuis la mi-août plus d'un millier de morts et plusieurs milliers de prisonniers. L'Egypte a appelé les Etats arabes à respecter un traité remontant à 1998 sur la lutte contre le terrorisme et à remettre les islamistes recherchés par la justice. L'un d'entre eux est Youssef al-Qaradaoui, influent prédicateur d'origine égyptienne basé à Doha et considéré comme l'éminence grise des Frères musulmans. En somme, ce n'est pas la première fois que le Qatar est accusé d'ingérence, plusieurs pays dont la Tunisie, la Libye et le Yémen ont fait auparavant de même, accusant les dirigeants de Doha d'être à l'origine des soulèvements populaires et de la chute des dirigeants de ces pays. Le dernier pays qui a accusé le Qatar d'ingérence fut la Syrie. Contrairement aux autres pays, le pouvoir de Bachar Al Assad est pour l'instant le seul rescapé du ventdudit «Printemps Arabe» qui a soufflé à partir de Doha.