Après la Turquie, dont l'ambassadeur a été expulsé il y a quelques semaines, c'est au tour du Qatar de connaître des tensions avec l'Egypte. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a indiqué hier avoir convoqué l'ambassadeur du Qatar pour protester contre les critiques de Doha concernant les affaires intérieures du pays, notamment la question de la gestion des manifestations illégales organisées par la confrérie des Frères musulmans, classée par le Caire comme une organisation terroriste suite aux attentats commis contre le pays. La déclaration tenue par l'ambassadeur du Qatar à l'encontre du Caire a été vivement rejetée et considérée comme une ingérence dans les affaires intérieures de l'Egypte, a rapporté l'agence de presse égyptienne Mena. Le Qatar a estimé que la récente décision du gouvernement égyptien de déclarer les Frères musulmans groupe terroriste était «un prélude pour tuer des manifestants». «Ce n'est que le prélude d'une politique de ‘‘tirer pour tuer'' visant les manifestants», a déclaré vendredi soir le ministère des Affaires étrangères du Qatar après qu'au moins 17 personnes ont été tuées lors des manifestations soutenant Mohamed Morsi, l'ancien président destitué en juillet dernier. Le texte ajoute qu'un «dialogue inclusif entre toutes les parties en Egypte était la seule solution à la crise de la nation». Le Qatar était un allié indéfectible de Morsi et des Frères musulmans. Ses relations avec l'Egypte se sont détériorées considérablement depuis l'éviction du président islamiste. Les autorités égyptiennes avaient décidé récemment de fermer le bureau du Caire de la chaîne qatarie d'information Al Jazeera, l'accusant de diffuser de fausses informations et d'encourager des manifestations anti-gouvernementales. Mardi, des journalistes d'Al Jazeera en Egypte ont été placés en détention préventive pour des actions terroristes, selon le Caire.L'Egypte avait même restituer au petit émirat du Golfe un prêt de 2 milliards de dollars. Le soutien continuel de Doha aux Frères musulmans a exaspéré les nouvelles autorités égyptiennes. Plusieurs incidents ont déjà accentué cet état de tension entre Le Caire et Doha. L'apparition il y a quelques jours sur la chaîne qatarie Al Jazeera de Assem Abdel-Magued, un partisan de Morsi et ancien membre de la Gamaa islamiya, a irrité l'Egypte. Abdel-Magued, recherché par la justice égyptienne pour incitation à la violence, se trouverait dans un hôtel du Qatar. Ce qui est considérée comme une provocation pour l'Egypte. Le ministre des Affaires étrangères égyptien, Nabil Fahmi n'a pas caché sa déception vis-à-vis de la politique du Qatar. «Il existe des problèmes avec le Qatar. Les relations avec ce pays ne sont pas stables et nous souhaitons que le régime qatari revienne à une attitude plus positive envers l'Egypte», a-t-il soutenu récemment. Le président par intérim, Adly Mansour, avait lui aussi averti il y a quelque temps que la patience de l'Egypte est «à bout», notamment en raison du soutien qatari au président déchu et aux Frères musulmans. Un soutien qui s'est manifesté, entre autres, par une couverture médiatique très partiale des événements en Egypte.