«La semaine dernière, nous avons publié la première partie de ce texte présentant le segment de classe petit-bourgeois et ses activités politiques. Oubliant pauvre Bobo que ce sont les travailleurs qui manœuvrent ces machines de destruction, qui construisent ces pipelines, ces super tankers, ces avions jumbos pollueurs, ces chantiers, ces usines et ces centrales nucléaires nécessaires et que si l'ouvrier cessait de travailler, cessait de vendre sa force de travail pour valoriser le capital et produire des profits, c'est son avenir à lui le petit-Bobo parasitaire qui serait compromis. Il est impossible de concilier le développement économique capitaliste et le développement co-responsable. Le capitalisme doit d'abord être aboli puis le mode de production repensé et reconstruit pour concilier les nécessités de l'économie nouvelle et ceux de l'écologie. Et voici nos régiments de Bobos co-socialistes mobilisés pour dénoncer les ouvriers (qui soi-disant n'existent plus) et les pousser dans le camp de la grande bourgeoisie ; la classe ouvrière étant bien forcée de travailler pour ne pas s'anémier et le grand capital étant bien forcé de faire tourner le capital afin de le valoriser et le faire se multiplier et se reproduire sans discontinuer. La classe ouvrière, elle, sait que ce n'est pas d'entraver la construction d'un pipeline, ou d'un chantier pétrolier hauturier qui fera stopper la dépravation de l'environnement, mais de renverser totalement ce mode de production impérialiste décadent. Aujourd'hui que la crise a repris, ces go-gauchistes réclament l'intervention de l'Etat capitaliste des riches dès qu'un segment ou un autre des salariés se bat pour l'acquis et la justice ou qu'il s'oppose physiquement à la police. En 2012, ce sont les étudiants, fils et les filles d'ouvriers qui ont affronté les flics, aussitôt les petits-bourgeois ont réclamé une commission d'enquête étatique pour désarmer la résistance des enfants des salariés. Aujourd'hui, les bobos réclament une législation de l'Etat policier pour congédier les femmes voilées, et pour discriminer les salariés sur la base de leurs croyances religieuses pour le moment, politiques dans quelque temps. Les bobos appellent l'intervention de l'Etat pour attaquer les régimes de retraite des salariés trop «âgés» selon leurs maîtres à pensée, les grands banquiers. La petite bourgeoisie est un segment de classe qui parasite l'Etat capitaliste et lui voue un culte imprescriptible. Quel que soit le problème social, comptez sur le Bobo (bourgeois-bohèmes) pour imaginer une pétition, une protestation, une marche aux lampions, implorant l'Etat bourgeois de venir apaiser sa compassion de Bobo éploré, parfois même endeuillé. Plutôt que de se révolter, le Bobo humaniste et idéaliste propose de pleurer sur les malheurs de l'humanité et d'organiser la charité afin de se défausser. Imaginez, au beau milieu de cette crise économique terrible où les salariés sont marqués, matraqués, paupérisés, où les cafés pour mendiants sont achalandés, où les friperies sont dévalisées, où les comptoirs alimentaires ne suffisent plus à la demande, une assemblée de ces Bobos surfaits, issus de la go-gauche universitaire, s'expliquant mutuellement que le problème de la société de consommation est la surconsommation où les pauvres consomment trop et devraient être mis à la diète forcée par l'Etat policier pensent les Bobos effrontés. C'était justement l'intention de l'Etat policier qui ne demandait qu'une pression bien articulée. La présente «reprise» de la crise économique systémique (qui en réalité n'a jamais cessé) amène des fragments de la petite bourgeoisie paupérisée à se réactiver en proposant aujourd'hui de recréer une variété de «Parti communiste révolutionnaire», de nouveaux cahiers du «Socialisme» populiste et néo-fasciste, de nouvelles organisations révisionnistes et divers succédanés de partis «communistes» virtuellement citoyen communautaire et réellement pseudo solidaire, et tutti quanti, tous plus radicaux les uns que les autres (en parole et sur papier exclusivement) à la mesure de la déception de ces petits bourgeois frustrés, jetés sur le pavé malgré tous les services rendus à leurs maîtres déglingués. Les fondements économiques du désespoir petit-bourgeois Nous avons mentionné précédemment, le développement chaotique, inégal et combiné du mode de production capitaliste anarchique et la division internationale du travail impérialiste moderne ont entraîné l'hyper-croissance des secteurs tertiaires d'activité (vente, commerce, marketing, distribution, service, communication, finance, banque, bourse, assurance, éducation, formation, culture, sport, loisir, restauration, hôtellerie, voyage, bureaucratie syndicale, etc.), dans l'expansion et l'extension importante des emplois pour petits bourgeois accrédités et petits cadres salariés jetables. Cette section de classe prolixe, subjective, idéaliste, narcissique et mystique, aspire à vivre la vie des millionnaires, et à singer, même chichement, même caricaturalement, la vie des gens riches qui lui sont inaccessibles sinon à travers la télévision et les spectacles «bling-bling» dont l'ouverture à les abreuver. Cette multitude de petits bourgeois-bohèmes (Bobos) que Lénine qualifiait de philistins trouve intérêt à augmenter les ponctions que l'Etat effectue sur les revenus des salariés afin de maintenir leurs emplois, et cela même quand eux-mêmes subissent de plein fouet ces hausses de taxes, d'impôts, de tarifs car ils se trouvent eux-mêmes au-dessus de la pile salariale. Un beau jour, malgré ces taxes et ces impôts exorbitants, la désindustrialisation et la délocalisation industrielle vers les pays émergents combinée à l'énorme dette souveraine entraînera le gouvernement des riches vers la débacle économique. Plutôt que de se révolter et de s'enrôler dans l'armée prolétarienne du Parti révolutionnaire ouvrier pour renverser le pouvoir des oligarques, le petit-bourgeois en appellera à la solidarité de l'ouvrier pour qu'il partage sa pauvreté et quand il signe des pétitions, participe aux défilés des casseroles et chante dans les rues des cités en pleurant sa déchéance «socialisée». Encore récemment un cacique, fétiche de ces plumitifs, expliquait à ses comparses que l'Etat pouvait encore emprunter et que le taux d'endettement souverain était affaire de manière de calculer de la part du souverain. Ce parangon keynésien, entiché de J.K. Galbraith, l'économiste des réformistes, ne faisait que proposer de retarder l'échéancier des dettes publiques à rembourser aux banquiers occupés à compter leurs bénéfices anticipées dans l'antichambre de l'Assemblée nationale de la «patrie» en danger. Tous les Bobos collatéraux se sont écriés : «Oh miracle !» leur père bienfaiteur, ex-Premier ministre venait de faussement rassurer tous ces paumés désemparés (1). Le Parti ouvrier ne doit jamais s'assujettir ou se laisser travestir et pervertir par ce segment de classe qui, quoi qu'il arrive, cherchera toujours à opter pour le compromis de classe et la réforme du système car le petit-bourgeois croit toujours avoir le choix de sa souffrance même s'il ne l'a pas. C'est pour avoir oublié, nié ou renié ces vérités que les différents partis politiques communistes, ancienne manière (khrouchtchévien) ou nouvelle contrefaçon (maoïste) se sont coupés de leur base sociale et ont périclité, noyés sous le trotskysme-intellectualiste, la social-démocratie électoraliste, le titisme autogestionnaire, l'eurocommunisme psychédélique, le réformisme altermondialiste, l'éco-socialisme populiste et l'anarchisme libertaire. Et c'est la raison pour laquelle il faut aujourd'hui construire de nouvelles organisations révolutionnaires de la base ouvrière jusqu'au sommet prolétaire. Le petit bourgeois repenti qui voudrait aujourd'hui se liguer en faveur de l'ouvrier devrait être invité à faire son autocritique sur son passé politique opportuniste, surtout s'il a flirté jadis avec ces apparatchiks, soi-disant communistes, qui sont apparus au printemps de la crise pour disparaître à la reprise économique éphémère. Alors peut-être que ce Bobo ayant trahi ses intérêts de classe petit-bourgeois aura l'humilité et le dévouement requis pour servir le Parti ouvrier plutôt que son égo démesuré. (Suite et fin)