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Le nationalisme économique sous le capitalisme
Publié dans La Nouvelle République le 16 - 12 - 2012

La semaine dernière, nous avons revisité l'épopée des révoltes estudiantines et populaires de mai 68 qui ont eu tellement d'impact, en Occident notamment, sur les dernières années du XXe siècle décadent – les quarante années de la lente déchéance de l'impérialisme néocolonial occidental. Cette semaine, nous examinons les événements du crash boursier, financier et monétaire qui a débuté en 2008 par l'effondrement de la pyramide de Ponzi des «supprimes hypothécaires spéculatifs» montée par les banquiers étatsuniens de concert avec des banquiers européens et canadiens et la succession des révoltes arabes, étudiantes, ouvrières occidentales et orientales qui s'en suivit.
Chaque gouvernement des pays capitalistes assure la gouvernance des intérêts sociaux, économiques et politiques de ses oligarques nationaux. Chaque gouvernement supporte l'exploitation des ouvriers nationaux dans la guerre concurrentielle mondiale, ce qui comprend également la guerre par pays interposés comme en Libye, en Côte d'Ivoire, au Congo et en Syrie contre les pays capitalistes appelés «émergents» (Iran, Chine, Russie...). Dans ce contexte, le nationalisme dont s'affuble la bourgeoisie de plusieurs pays (comprenant la France, la Belgique, le Québec et le Canada) n'est qu'un leurre visant à débaucher les ouvriers pour les embrigader à la défense des intérêts des capitalistes nationaux en concurrence avec les capitalistes étrangers. Le seul «bénéfice» qu'empochera l'ouvrier sera de travailler à plus forte cadence – plus stressé –, plus en danger d'être accidenté sur une chaîne de montage endiablée ou sur un chantier de construction meurtrier jusqu'au jour où il sera blessé, tué ou débauché. Voilà le secret de la compétitivité allemande, suisse et suédoise, et, de grâce, oubliez les mirages islandais, argentin et équatorien qui s'écroulent tour à tour comme des fétus de paille. En mai 2008-2012, les étudiants en sciences sociales, en arts et en sciences humaines sont devenus superflus pour la caste capitaliste occidentale qui pense qu'ils devraient se chercher un emploi dans les mines du Nord, dans les forêts subarctiques de l'arrière-pays, dans les plantations de monoculture africaines, dans la jungle amazonienne saccagée, dans les «sweat shops» des bidonvilles délabrés du Bengladesh, sur les plates-formes offshore polluantes ou encore dans un quelconque projet d'investissement gouvernemental pour saccager la Terre mère. Les jeunes Arabes, les adolescents d'Amérique latine, les occupants de Wall Street, les ouvriers européens et sud-africains, les esclaves mauritaniens ainsi que les jeunes Québécois, Chiliens, Brésiliens et les chômeurs du monde entier, révoltés, ne cherchent pas à réinventer la société des loisirs, ni à vivre une sexualité débridée, non plus qu'à marcher dans les souliers d'Epicure. Leur révolte n'est ni individualiste, ni narcissique, mais collective et solidaire et elle vise à défendre leurs droits fondamentaux d'association, de grève, de manifestation, d'expression, d'éducation, leur droit au logement et au travail contre les attaques policières, judiciaires et gouvernementales et contre l'individualisme forcené des briseurs de grève et des casseurs de manifestants. La violence c'est la misère faite aux pauvres, aux chômeurs et aux peuples paupérisés et non pas leur résistance enragée. Les soulèvements étudiants, ouvriers et populaires sont de plus en plus fréquents car il ne reste à la grande bourgeoisie internationale aucune marge de manœuvre pour maintenir sa plus-value et ses profits et garantir son accumulation de capitaux et l'expansion de la reproduction étendue ; elle frappe donc mortellement les indigents, les ouvriers et les manifestants, tous ceux qui résistent. Les «bobos» et les petit-bourgeois le sentent confusément et déjà ils rechignent et se plaignent que la lutte des classes s'envenime et ne fait plus de quartier à quiconque se trouve sur son sentier en déni de la dictature des riches. Ils ont peur et nous les comprenons, mais alors, amis «bobos», petits-bourgeois désœuvrés, laissez passer les ouvriers et les «casseurs» et cessez de dévoyer les «printemps» populaires par vos propos effrayés, vos requêtes de police à la télé et vos revendications de remédiation, d'équité, d'université socialiste en société capitaliste et de justice sociale impossible... Cette société capitaliste ne saurait être sauvée. Lutte de «libération nationale» sous l'impérialisme Pendant que le pillage des ressources se réorganise au nord du 49e parallèle et s'éternise au sud des tropiques, la question de la nationalité des voraces capitalistes transnationaux, spoliateurs des richesses et de la plus-value ouvrière ne se pose nullement, sauf pour les hystériques nationalistes chauvins qui aimeraient transformer cette guerre de classe visant à renverser le système capitaliste en une crise constitutionnelle à la faveur de laquelle une fraction plutôt qu'une autre de la bourgeoisie néo-colonisée accaparerait les taxes et les impôts collectés auprès des populations en difficulté et s'assurerait du versement de la rançon des surprofits aux maîtres des néo-colonies. Cette dispute de chiffonniers pour le partage des oripeaux nationaux n'offre aucun intérêt pour la classe ouvrière insoumise des divers pays ni pour les contingents d'étudiants conscients où que l'on soit sur ces continents spoliés. Contrairement à mai 68, aujourd'hui, en Europe, en Asie mais aussi en Amérique et en Afrique, l'horizon idéologique s'est dégagé. Les «indignés âgés» de mai 68, les révisionnistes, les «socialistes» et les opportunistes d'antan vaquent à leurs professions au sein de la hiérarchie de l'Etat providence déclinant, qui, pour un temps, leur a assuré une carrière bien payée à même les surprofits arrachés aux néocolonies. Ces temps sont finis et les mesures d'austérité frappent tous les contingents de la classe ouvrière occidentale et de nombreux bataillons de la petite bourgeoisie frustrée d'être délogée de ces «planques» reposantes. Les petit-bourgeois doivent renoncer à réintégrer leurs caches sociales dévastées ; ils doivent renoncer à lutter pour recouvrer leur statut social du passé. Ils doivent impérativement accepter l'hégémonie de la classe prolétarienne pour mener et diriger la guerre des classes entamée. De grâce, petit-bourgeois fragilisés, oubliez votre passé doré, vos privilèges envolés et votre humanisme-pacifiste suranné ; les temps ont changé, la rose sanglante s'avance et celui qui s'en saisira devra danser comme un enragé pour gagner le droit d'exister. Il est possible que cette guerre de classe dégénère en guerre mondiale dans un dernier sursaut des riches pour préserver leur société de privilégiés. Changement de perspective politique Partout dans le monde, les soulèvements de la génération montante sont le fait de jeunes issus majoritairement de la classe ouvrière dont le pouvoir d'achat dégringole alors que les profits des monopoles s'envolent, ce qui n'empêche pas le mouvement de baisse générale du taux de profit. Mais attention, la contradiction fondamentale du système d'économie politique capitaliste n'est pas l'iniquité consacrée ni l'injustice distributive, ce ne sont là que des symptômes et les conséquences de la crise et non pas ses causes profondes. Les partisans ouvriers n'ont rien à perdre, même pas leurs illusions «démocratiques», l'Etat providence en décrépitude les a poussés au chômage et dans des emplois précaires mal rémunérés d'où ils ne pourront s'extirper qu'en brisant l'étau du pouvoir qui les accable. C'est ici que nous les attendions. Obsolète, le réformisme et le révisionnisme n'ont plus leur place. Personne ne pourra «réparer» ou sauvegarder le carrosse capitaliste déglingué. Si, en mai 68, les syndicalistes de la CGT, de FO et de la CFDT françaises et les renégats communistes-révisionnistes se sont présentés à Grenelle pour réclamer trente deniers pour avoir cassé du mouvement ouvrier, en 2008-2012 le mouvement ouvrier recommence à bouger et affirme sa présence dans les manifestations et les tintamarres de casseroles dans les farandoles de moult métropoles et ceci malgré la trahison des révisionnistes, des socialistes et des opportunistes qui ont laissé tous ces stigmates dans la conscience ouvrière. Ces trahisons passées ont désarmé idéologiquement le prolétariat et les groupes étudiants. C'est l'obstacle que les véritables organisations prolétaires doivent aujourd'hui surmonter. Comment, parmi la classe ouvrière, rétablir la confiance après tant d'outrances ? Parti, idéologie, insurrection S'agissant d'un parti politique formé de partisans aguerris, rigoureusement organisé et solidement implanté dans la classe ouvrière et dirigé par une idéologie prolétaire, il n'y en a pas eu en mai 68, il n'y en a pas eu pendant le printemps arabe, ni «érable», il n'y en a toujours pas aujourd'hui en 2012. Pourtant, sans un tel parti, il n'y aura jamais d'avenir pour une révolution victorieuse. Que ce soit les soulèvements des peuples arabes, les révoltes ouvrières en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Grande-Bretagne ou en Afrique du Sud ou la révolte étudiante au Québec, au Chili, en Grande-Bretagne et en France ou tout autre mouvement d'«indignés», de grève générale ou de résistance populaire sur le front économique de la lutte des classes, ils ne pourront déboucher sur une insurrection politique victorieuse tant et aussi longtemps que l'avant-garde de la classe ouvrière ne sera pas regroupée et organisée dans un parti d'avant-garde mondiale dirigé par une théorie d'avant-garde. Mai 68 fut l'exploit de fils et de filles de bourgeois qui aspiraient à de meilleures professions leur permettant de gravir les échelons sociaux dont l'horizon ne leur semblait pas au diapason de leurs ambitions. Heureusement, dans le cours du mouvement, de nombreux jeunes ont tenté de s'organiser pour transformer la société. Malheureusement, leur inexpérience, leur ignorance de la science révolutionnaire, leur origine de classe et leur direction petite-bourgeoise anarchisante, vacillante et pédante associé à la trahison révisionniste les ont fait buter aux premiers dangers, et ces organisations «infiltrées» se sont finalement sabordées sur ordre de leur gourou de tutelle. Nous observons présentement les mêmes tares et les mêmes comportements parmi les nouvelles organisations «progressistes» ressurgies comme des champignons sous la pluie gréviste à la faveur des révoltes populistes et ouvrières récentes. Ces «militants d'avant-garde» sauront-ils tirer les enseignements qui s'imposent de ces expériences lointaines pour se doter d'une conscience et d'une organisation de classe révolutionnaire (en soi et
pour soi) visant l'établissement du pouvoir ouvrier hégémonique ? (Suite et fin)


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