Dans quel système politique allons-nous entrer ? Un bon taux de participation assurera la continuité et il ne sera plus utile de se poser cette question. Il faudrait donc un fort taux de participation pour valider la conduite actuelle du double processus de transition. Un fort taux d'abstention amènera tous les acteurs politiques et les pays occidentaux à poser la question de la crédibilité du système politique actuel : quelle est la nature du système en vigueur ? Il s'agit bien d'un processus de transition car l'Algérie n'est pour le moment ni une démocratie, ni une théocratie, ni une franche dictature. Les questions se posent également sur ce qu'est ou n'est pas le système politique. Que veut-elle devenir alors ? Que peut-elle devenir ? Entre le vouloir et le pouvoir, il y a plusieurs courants qui peuvent se neutraliser. Démocratie impossible (démocratie résonne «laïcité»), car les islamistes sont disponibles à en contrarier le cours. Théocratie impossible car les démocrates sont là pour la rejeter. Mathématiquement, on voit qu'il y a plusieurs destinations, plusieurs «possibles», mais également plusieurs incertitudes. C'est une responsabilité très lourde, trop lourde même, de conduire un processus de transition dans le cadre d'une cohabitation parfois non pacifique entre idéologies présentées comme incompatibles. Certains diraient que la cohabitation avait commencé avec la coalition transformée par la suite en alliance. Mais dans ce cas précis, il ne s'agit pas d'une cohabitation car le gouvernement s'est engagé à appliquer le programme du président. Les incertitudes ne peuvent découler que des déstabilisations génératrices d'insécurités, alors que les insécurités génèrent des instabilités. La boucle est ainsi bouclée. Des hommes politiques n'appuyant pas le pouvoir observent avec inquiétude que le champ politique risque de générer de nouvelles menaces.