Les jeux sont faits. La crise ukrainienne va, comme prévu, déboucher sur un gouvernement vassal des Occidentaux. Un objectif réalisé en un clin d'oeil vue la précipitation des événements. Cela dit, la Rada, le parlement ukrainien, va approuver la composition du nouveau gouvernement. Le poste de vice-premier ministre pour l'intégration européenne devrait revenir à Boris Tarassiouk, qui a déjà occupé le poste de ministre de l'Intérieur à deux reprises. Dans la nouvelle équipe, certaines sources avancent les noms d' Arseni Iatseniouk, chef de file de l'opposition parlementaire au président déchu Viktor Ianoukovitch, qui devrait en toute logique occuper le poste de premier ministre et celui de Boris Tarssiouk comme vice-premier ministre. Ainsi, des sources diplomatiques russes n'attendent rien de positif de ce troisième retour de Boris Tarassiouk au gouvernement ukrainien. L'une d'elles le qualifie d'euro-atlantiste convaincu, rappelant qu'à l'époque de son deuxième mandat, les relations entre les deux ministères des Affaires étrangères étaient très tendues. Une autre source juge Tarassiouk comme étant «l'ex-ministre des Affaires étrangères d'Ukraine le plus pro-occidental». Le retour de Boris Tarassiouk au gouvernement ukrainien est susceptible d'aggraver les relations bilatérales avec la Russie. Il a exigé à plusieurs reprises de reconnaître comme illégitimes les accords de Kharkov de 2010 sur le prolongement du séjour de la flotte de la mer Noire en Crimée jusqu'en 2042 en échange d'une remise sur les tarifs gaziers. Il s'est également prononcé contre l'adhésion de l'Ukraine à la zone de libre échange de la CEI et la participation de Kiev aux projets d'intégration à l'espace postsoviétique. Tarassiouk a même qualifié la politique de Moscou à l'égard de Kiev «d'irresponsable, impériale, méprisante et insolente». Boris Tarassiouk n'est pas simplement perçu comme un partisan du rapprochement économique entre Kiev et Bruxelles – il prône l'adhésion de l'Ukraine à l'UE à part entière. C'est également un partisan ardent de l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan, qui aiderait selon lui à «moderniser le pays et affaiblir les cabales du Kremlin». Selon Vadim Karassev, directeur de l'Institut des stratégies globales de Kiev, Boris Tarassiouk était «de facto ministre des Affaires étrangères du Maïdan». «C'est lui qui était responsable de la communication entre l'opposition ukrainienne et les représentants de l'UE et des USA. Il a réussi à faire venir à Kiev le congressiste influent John McCain et bien d'autres personnalités. Il a de très bonnes relations personnelles avec les diplomates occidentaux, et de très mauvaises relations avec les diplomates russes», explique l'expert. La candidature d'Andreï Dechtchitsa, représentant spécial du président de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en charge des conflits, est également suggérée pour le poste de ministre des Affaires étrangères. Il est l'un des premiers diplomates à avoir soutenu Maïdan. Mission accomplie. Les regards peuvent se tourner vers Caracas.