La bibliothèque centrale de l'université Djillali-Liabès a abrité, jeudi dernier, un colloque sous la thématique «La vision culturelle dans le développement du concept de la citoyenneté ?». La citoyenneté est souvent associée de nos jours à «l'éducation à la citoyenneté» ou à «l'éducation civique», elle est rapprochée à l'école, présentée par l'autorité comme un contraste aux incivilités et de la violence sous toutes ses formes dans la vie quotidienne, partout où l'individu peut s'y trouver. Parler de citoyenneté mène automatiquement à admettre une croissance d'insécurité et de désintégration sociale à contrecarrer en permanence afin de permettre un équilibre favorable. L'objectif de cette initiative s'avère sur le fond comme sur la forme très intéressant et surtout d'une incitation incontournable à connaître ce que signifie d'abord le mot «citoyenneté». Les auteurs s'accordent à l'analyser sous trois dimensions : c'est d'abord un idéal, c'est-à-dire des valeurs mobilisatrices ; c'est ensuite un ensemble des droits et des valeurs qui se légitiment les uns les autres et sont garantis par le pouvoir politique. Sauf qu'elle est confondue souvent avec la «civilité» qui n'est autre qu'une forme d'éducation dans le bon sens. Le colloque a commencé à 9h, il fut animé par des interventions riches d'éminents professeurs d'université, chacun dans le domaine qu'il maîtrise le plus. Après les usages d'ouverture et la présentation de l'association et ses objectifs ainsi que son rôle dans la société par le président du bureau de wilaya, Lahcen Hatit, le président de l'Association nationale de consultation juridique et de l'information, Ahmed Larouci, a d'abord donné un aperçu sur la citoyenneté et son impact sur le comportement du citoyen vis-à-vis des différentes institutions de l'Etat, notamment envers son devoir électoral. M. Larouci explique que le citoyen doit exprimer son sentiment à travers sa voix aux urnes pour, contre ou à blanc qu'il a signifié comme «abstention positive». «Le citoyen doit donner son avis et non s'éloigner ou se taire». L'abstention négative, celle de ne pas aller aux urnes pour exprimer son sentiment n'a jamais était un acte de citoyenneté, il vaut mieux qu'il y est 11 millions de bulletin nuls que de 11 millions d'abstentionnistes. L'intervention du professeur Sohbi Mohamed-Amine de la faculté de droit et sciences politiques a mis en exergue la citoyenneté à travers la Constitution et les lois de la République. Dans un bref éclaircissement, M. Sohbi démontre qu'une incohérence de ces dernières avec la citoyenneté provoque un déséquilibre qu'on voit aujourd'hui dans les comportements. Le respect, dit-il, doit être réciproque, le citoyen envers l'Etat comme l'Etat en vers lui, afin de créer une cohérence et un climat d'entente et de compréhension. M. Rezoug Abdelhak, chargé de la gérance de l'ONEFD et membre du bureau national de l'Organisation nationale algérienne de la société générale, n'a pas trop mâché ses mot pour se demander, intrigué, «où sont passés les intellectuels ?». Il explique que si la situation est dans cet état déplorable, c'est parce que l'élite fuit son devoir à tous les niveaux, notamment dans celui de l'activité associative. Cette absence a affreusement motivé les commerçants et les propriétaires de la «chkara» de se présenter même à la présidentielle. «Incroyable» lança-t-il étonné, incombant toujours la faute aux intellectuels qui ont laissé le champ libre aux ringards. Le sujet était très intéressant du moment qu'il porte le message d'un idéal comportement du citoyen envers les institutions de l'Etat, de son devoir et ses droits qui incombent de la responsabilité de l'Etat à travers ses institutions différentes. D'autres axes ont été touchés par les interventions des trois présents vu l'absence d'autres docteurs et professeurs invités qui se sont excusés et devaient intervenir sur les spécificités du travail politique dans le concept de la citoyenneté, le rôle de l'activité associative dans le concept de la citoyenneté, et la citoyenneté et ses caractéristique dans la mondialisation. La clôture fut marquée par l'absence remarquable des autorités locales et des élus de toutes les obédiences qui sont les plus concernés à actionner la roue de la citoyenneté, de la société civile qui est un partenaire, selon la Constitution, dans la construction de la décision par un chaud débat sur la citoyenneté et son effet sur la société et le pays en entier. Enfin, on ne peut s'empêcher de se poser la question, s'il s'agissait d'un festival du rail qui déraille, les élus et les autorités y compris les associations feront certainement le plein.