Le manque de sens de la citoyenneté dans la société algérienne n'est un secret pour personne. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, l'a bien dit, rappelle la sénatrice Zahia Ben Arous hier au forum El Moudjahid, «nous n'avons pas besoin de militants mais de citoyens». «L'ouverture politique et médiatique nous a permis de nous exprimer. Mais hélas aujourd'hui, les partis politiques ne sont animés que par des ambitions de pouvoir aux dépens de la société civile. On revendique des droits, mais qu'en est-il des devoirs ?», s'interroge-t-elle lors de cette rencontre consacrée à la citoyenneté organisée à l'initiative de l'Association culturelle pour la sauvegarde du patrimoine, fraîchement créée à Relizane. La marche, poursuit-elle, est un droit pour les citoyens qui ne disposent pas d'espaces pour s'exprimer. «Mais les paris politiques ont des députés qui parlent en leur nom à l'APN, notamment. C'est là où ils devraient s'exprimer, défendre et s'imposer. Avant d'être militant, il faut être d'abord citoyen. Or, la citoyenneté, c'est une attitude, une éducation qui abouti à la construction et non à la destruction. Avant de réclamer le pouvoir, il faut d'abord être présent dans la société civile !», dit-elle. Dans le même sillage, Saida Benhabyles, ex ministre de la Famille, estime pour sa part que les citoyens n'ont plus confiance en leurs représentants parce que beaucoup, parmi les responsables, n'ont pas le sens de la citoyenneté ou très peu. «La faute incombe aussi à la société civile qui ne propage plus la culture de citoyenneté. Ce concept est défini comme devoirs et sacrifices envers la cité, entraînant des droits. Mais ce n'est pas le cas dans notre pays, car les droits l'emportent sur les devoirs. Aux USA, les citoyens se posent la question : Qu'avons-nous fait pour notre pays ? Mais chez nous, nous posons la question : Qu'a fait notre pays pour nous ? Ce qui met les deux éléments phares de la citoyenneté, à savoir les droits et les devoirs, en déséquilibre. Pour que la citoyenneté recouvre tout son sens, les devoirs doivent l'emporter sur les droits. Car en s'acquittant de nos devoirs, on aboutit à nos droits. Quand je donne, je prends. C'est cela la citoyenneté», souligne-t-elle. Toujours dans le même contexte, Chikri Abdelaziz, un ancien de la radio algérienne, explique que la problématique de la citoyenneté est le résultat d'une cassure entre la société et ses intellectuels. «Chacun de ces deux parties vit dans un monde à lui. Il n'y a pas de communication entre elles. Nous avons 60 000 associations, des partis politiques et des organisations de masse mais tous activent en dehors des préoccupations civiles, sont loin des citoyens ! A quoi servent-ils donc ?», s'interroge-t-il.