Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio algérienne dont il était l'invité de la rédaction, Kamel Touati, directeur général de la Ville au ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, a évoqué les trois axes sur lesquels, ce département travaille : mise en place d'une politique de la ville, à travers un recadrage de la loi qui existe sur la ville, la promotion de la ville par la réalisation des villes nouvelles et l'amélioration du cadre de vie et la mise à niveau des villes. Cela concerne l'existant, par la requalification, la rénovation, mise à niveau et renouvellement urbain, explique-t-il. Par recadrage de la loi, Kamel Touati entend la mise en place des outils de planification nécessaires qui comprendront ceux de l'urbanisme qui seront revus, les fonds de financement et les institutions. Un établissement dédié au renouvellement urbain sera mis en place prochainement dans le but de contribuer à la restructuration du tissu urbain des villes, a indiqué Kamel Touati. Il aura pour mission essentielle de coordonner les actions de restructuration du tissu urbain prévues dans le cadre d'une nouvelle politique de la ville. Par ailleurs, pour assurer une bonne coordination des actions mises en œuvre dans le cadre de la gestion des centres urbains, un observatoire national de la ville sera installé dans un proche avenir. Il insiste sur le fait que les textes actuels qui datent de 1990 sont inopérants. Il estime que le fait de rattacher la Ville au ministère de l'Habitat va apporter cette complémentarité pour apporter l'approche globale. Il y aura annonce-t-il, la révision des instruments d'urbanisme, PDAU et POS - qui de toute façon sont inopérants - à travers la révision de la loi de 2001 sur l'aménagement du territoire et l'urbanisme. Comme ça s'est fait ailleurs, l'Algérie devra passer à une nouvelle génération d'instruments. Selon ce responsable, les cités dortoirs vont disparaître à jamais, ce sont des villes et des cités intégrées qui vont être réalisées avec toutes les viabilités et équipements nécessaires à la vie du citoyen, promet-il. On ne créera pas à l'avenir de pôles urbains n'importe où, et n'importe comment, c'est bien encadré, tient-il à souligner. Il fait savoir que tout sera fait à partir de la remarque du Premier ministre concernant la centralité, car on s'est rendu compte, ajoute Kamel Touati - qui était, tout récemment encore, directeur général de l'urbanisme - qu'il y avait les équipements d'un côté, les réseaux ailleurs et les commerces de l'autre côté. Il estime qu'il faut mettre en adéquation tout cela pour en faire un véritable centre urbain où les gens peuvent déambuler, aller dans un café, dans un restaurant, aller au cinéma, ce que visiblement, ils ne peuvent pas faire aujourd'hui à cause de cette question de centralité. Concernant les villes nouvelles, il y en a quatre dont est chargé le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville (Sidi Abdallah-wilaya d'Alger, Bouinan-wilaya de Blida, Boughzoul dont le périmètre chevauche les wilayas de Médéa et Djelfa, et El-Menea, dans le Sud du pays) et une, gérée par le ministère de l'Energie et des Mines (Hassi Messaoud). En plus, précise-t-il, il y a les grands pôles urbains intégrés : Draa Errich à Annaba, qui est lancé, celui d'Oran et également celui de Médéa. Il annonce que la ville d'Ali Mendjeli va bénéficier d'un programme de mise à niveau, avec les équipements et les viabilités nécessaires. Il s'agit dit-il d'une nouvelle ville et non pas d'une ville nouvelle, le concept, selon lui, étant totalement différent. Il confirme que pour tout le tissu urbain existant, un programme va être lancé pour la mise à niveau. C'est ce qui se fait déjà, dit-il, pour la wilaya d'Alger. Un établissement dédié au renouvellement urbain sera mis en place prochainement dans le but de contribuer à la restructuration du tissu urbain des villes, annonce-t-il. Pour faire avancer les projets des villes nouvelles, nous avons procédé à l'adoption de leurs plans d'aménagement et à la mise en place des établissements de gestion à travers l'installation de leurs Conseils d'administration, a-t-il poursuivi. Concernant le cachet architectural, il a affirmé à ce propos que le Conseil national de l'ordre des architectes Algériens (Cnoa) était associé aux réflexions engagées par le secteur pour définir un nouveau cachet architectural pour les projets du secteur ainsi qu'à la révision de la loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Le nouveau directeur général de la Ville, à peine quatre mois, ne manque pas de faire remarquer qu'il a fallu tout un temps pour le transfert entre le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement où était logé le département de la ville et le ministère de l'Habitat et de l'Urbanisme où il se trouve actuellement, comme si c'était la première fois qu'au plan institutionnel la Ville est concernée par un département ministériel, alors qu'il y a eu par le passé un ministère de la Ville, certes furtif, mais il avait eu le temps de s'organiser et de travailler. Le problème réside dans la continuité du travail et la capitalisation de ce qui a été déjà fait. M. Touati reconnaît qu'il y a eu trop d'utilisation de terres agricoles pour la construction de logements. Il faut maintenant faire la ville sur la ville. Il annonce que suite à la visite du Premier ministre français, il est question de créer une agence de villes méditerranéennes dont les principaux fondateurs sont l'Algérie et la France mais qui va s'étendre à la Méditerranée, pour avoir un même référentiel et travailler sur les mêmes normes pour mettre à niveau au même standard nos villes. L'objectif est d'avoir une approche similaire sur la question des villes. Il laisse entendre qu'il ne sera pas question de ramener des palmiers à planter dans les villes du nord comme arbres d'agrément. De nouvelles villes seront créées avec de nouveaux standards, dans cinq ou dix ans, promet-il. En même temps, assure-t-il, chaque ville aura son cachet architectural, elles ne seront donc pas standardisées. Il termine en faisant savoir que la loi sur les constructions illicites appelée à régulariser les situations illégales, a été prorogée de trois ans, parce que, avoue-t-il, c'est tout un tissu qui a été réalisé en infraction de la loi durant longtemps.