L'empêchement et la répression de la marche d'avant-hier dimanche à Tizi Ouzou, ont soulevé de vives réactions chez d'anciens animateurs du Mouvement culturel berbère (MCB), signataires de l'appel de Tighremt pour «la commémoration du 34e anniversaire du printemps berbère», les élus du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le bureau régional de cette formation politique. «Nous signataires de l'appel de Tighremt pour la commémoration du 34e anniversaire du Printemps berbère dénonçons avec la plus grande fermeté l'empêchement à Tizi Ouzou de la manifestation qui devait se tenir dans un cadre rassembleur, unitaire et pacifique», lit-on dans une déclaration rendue publique avant-hier en fin de journée. «Des provocations manifestes des forces de répression ont transformé une manifestation qui se voulait pacifique en émeutes avec de nombreux blessés, des interpellations et violation des franchises universitaires», déplorent les rédacteurs du document, estimant que «la répression de cette marche constitue un acte grave et porte atteinte au 20 Avril, date historique et symbole du combat amazigh et des libertés démocratiques». Le message du pouvoir qui vient de s'arroger une rallonge de cinq ans ne souffre aucune nuance quant à sa politique de déni de toutes les libertés et notamment celle relative à la revendication amazigh, fait-on observer. Le groupe RCD à l'Assemblée populaire de wilaya (APW), «profondément indigné par la répression qui s'est abattue sur les citoyens venus commémorer le 34e anniversaire du Printemps berbère à l'occasion de la traditionnelle marche du 20 Avril à Tizi Ouzou», tient, pour sa part, pour responsable les pouvoirs publics quant aux violences dont ont été victimes les manifestants». «Le groupe RCD à l'APW de Tizi Ouzou s'interroge sur les dessous de l'empêchement de cette traditionnelle marche qui, pourtant, s'est toujours déroulée dans calme», note-t-on dans une déclaration rendue publique, hier lundi. Pour les rédacteurs du document, ces interrogations sont d'autant plus légitimes que des marches similaires qui ont été organisées dans d'autres régions de Kabylie, à savoir Béjaïa et Bouira, n'ont connu aucune répression. Dans un autre communiqué, rendu public, le bureau régional du RCD a condamné «avec la plus grande vigueur l'interdiction de la marche et l'usage injustifiée de la répression touchant les manifestants». «La traditionnelle marche de la célébration du 20 Avril qui devait démarrer de l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a été empêchée et violemment réprimée par les forces anti-émeute. Fait inédit dans l'histoire de la région lorsqu'on sait que cette manifestation s'est déroulée, depuis 1981, dans la sérénité et la convivialité perpétuant l'esprit et les valeurs qui fondent le combat identitaire», déplorent les rédacteurs du document. Les moyens répressifs déployés, déplorent-ils, contrastent avec l'élan pacifique qui anime les citoyens venus exprimer leur fidélité au message du Printemps amazigh et réitérer leur détermination quant à la réappropriation et l'officialisation de tamazight comme langue, culture et identité. Estimant que «ce déferlement de la violence commis par des services de sécurité, dont la mission est d'assurer la protection des citoyens et de leurs biens, porte atteinte au symbole d'avril 80 et pose légitimement de sérieuses interrogations au lendemain d'une parodie électorale massivement rejetée par le peuple algérien en général et la population locale en particulier». «S'agit-il d'une expédition punitive et de représailles telles que promises par les affidés du pouvoir, d'une reconfiguration qui se met en place au détriment de l'expression citoyenne ou d'un signe d'affolement d'un pouvoir oligarchique contesté et surpris par l'ampleur de la mobilisation du 15 avril dernier lors des marches organisées par notre Rassemblement ?» s'est-on interrogé encore, non sans réitérer la résolution du parti à demeurer aux côtés des citoyens.