La célébration du double anniversaire du Printemps berbère et du Printemps noir 2001 a rassemblé des énergies en Kabylie. Pour la première fois, trois organisations politiques, le RCD, le MCB et le MAK, ont appelé à des marches pacifiques communes en Kabylie, pour marquer ce double anniversaire. Aucun appel commun n'a été fait, mais tout le monde s'est donné rendez-vous aux mêmes points de départ et à la même heure. La conjoncture politique actuelle et la coïncidence avec la présidentielle qui vient d'avoir lieu ainsi que le «changement dans la continuité» auquel celle-ci a abouti ont eu l'effet d'éléments favorisant cette convergence que l'on n'assume pas publiquement, pour une même action à Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou. Les rues de ces trois villes de Kabylie vibreront aujourd'hui sous les pieds de marcheurs qui s'annoncent nombreux pour une manifestation à laquelle les étudiants promettent d'adhérer en nombre. Et ce n'est pas par hasard que les itinéraires de ces actions de rue démarreront à partir des trois universités : Abderrahmane Mira (Targa Ouzemour) à Béjaïa, Mohand Oulhadj à Bouira et Mouloud Mammeri (Hasnaoua) à Tizi Ouzou. Synchronisées, les trois marches débuteront à 11h. Le RCD, qui a réussi à mobiliser le 15 avril dernier comme il ne l'avait pas fait depuis longtemps, réédite l'action pour réitérer les éternelles revendications de l'officialisation de la langue amazighe et du respect des libertés démocratiques. A la fin de sa dernière marche, le RCD avait appelé aux actions d'aujourd'hui, en gardant le même itinéraire Targa Ouzemour-siège de la wilaya. Mais sur les murs de Béjaïa, seul l'appel d'un groupe d'anciens du Mouvement culturel berbère (MCB) est placardé. Les revendications de reconnaissance de l'identité et de la culture amazighes et d'un Etat de droit sont le «minimum syndical» sur lequel s'entendent les trois organisations. Un groupe d'anciens militants du MCB réuni à Tighremt (côte ouest de Béjaïa), le 11 avril dernier, a réaffirmé son «attachement aux valeurs d'Avril 1980» et appelle «à une présence massive» dans la rue aujourd'hui. «La Kabylie s'est investie dans le combat identitaire et la lutte pour les libertés démocratiques depuis l'émergence du Mouvement national auquel elle a donné ses meilleurs enfants. Mais, 52 ans après l'indépendance, les questions identitaire, démocratique et nationale restent toujours posées avec acuité et aucun signe d'évolution vers les attentes profondes et légitimes des citoyens ne se dessine», écrivent Mouloud Lounaouci, Doumane Saïd, Tari Aziz et 38 autres signataires. Leur appel «se veut rassembleur et appelle à l'unité des militants de toute la mouvance amazighe». Le Mouvement pour l'autodétermination (anciennement pour l'autonomie) de la Kabylie (MAK) a lancé, de son côté, un appel pour une «marche de l'unité» sur les mêmes itinéraires et à la même heure dans les trois villes. Le MAK avait déjà pris part, le 20 avril 2010, à une action de rue aux côtés du RCD, une marche commune qui, cependant, portait des slogans distincts, le MAK faisant de l'autodétermination sa principale revendication. Aujourd'hui aussi, les trois marches rassembleront les trois organisations mais assurément dans des carrés qui se distingueront par des slogans différents.