Après la tragédie qu'a connue Ghardaïa, suite aux affrontements entre les ibadites et les malékites, après tous les dégâts causés lors de cette période de violence qu'a vécue cette belle région du Sahara, une opération de restauration et de mise en état de l'ensemble des biens culturels ancestraux affectés sera entamée prochainement, d'après la direction de la culture de la wilaya. Ce programme touchera l'édifice du siège de l'Office de la protection et de la promotion de la vallée du M'zab (OPVM), le patrimoine immobilier et les biens culturels ancestraux affectés durant ces événements, notamment une dizaine de monuments funéraires et espaces de prière classés, des placettes dans le ksar de Ghardaïa ainsi que des mahdrates (écoles coraniques pour enfants), a expliqué le directeur du secteur, Brahim Baba-Addoun. Le but de cette initiative est de redonner à ces trésors culturels leurs valeurs d'antan et faire en sorte qu'ils contribuent au développement économique local, notamment dans le domaine du tourisme et de l'artisanat, a précisé le directeur de la culture. Cette opération financée par les pouvoirs publics sera précédée par une action de diagnostic détaillé et exhaustif des lieux et sites par des experts en matière de préservation et de restauration du patrimoine culturel et architectural conformément à la loi sur le patrimoine du 4/98 du 15/07/1998, a-t-il expliqué. Le cimetière «Ami Saïd El-Djerbi» datant de l'an 1500, le siège du conseil Ami Saïd, la plus haute autorité religieuse du rite ibadite, le mausolée Ami Moussa, les cimetières Baba Aissa Oulawan et Baba Oudjema et les mausolées des premiers fondateurs du ksar de Ghardaïa en l'an 1100 et concepteurs du système d'irrigation ancestral et des puits capteurs traditionnels, tous ces lieux sont parmi les plus endommagés par les événements tragiques, indique-t-on. La vallée du M'zab, qui compte quatre communes, Ghardaïa, Bounoura, El-Ateuf et Daya Ben Dahoua, regroupe une pentapôle de ksars fondée au Xe siècle et édifiée pour une vie communautaire en respectant la structures sociologique des habitant. Le périmètre de la vallée du M'zab, qui couvre 4 000 ha avec son bâti traditionnel, ses palmeraies, son système ancestral d'irrigation, ses monuments et sites historiques estimés à plus de deux cents sites, a été enregistré en tant que patrimoine mondial. Dans le même cadre, et dans une ambiance à la fois religieuse et spirituelle, une foule hétéroclite, mais tout aussi solidaire du M'zab, a travaillé vendredi pour une action volontaire de nettoiement du cimetière de Cheikh «Ami Saïd», fondateur du rite ibadite, situé dans le centre-ville de Ghardaïa et de la restauration des tombes souillées lors des malheureux événements qu'a connus Ghardaïa. Organisée avec des volontaires parmi les habitants du M'zab et en présence des membres du conseil Ammi Said (la plus instance religieuse du rite ibadite), cette opération qui s'est effectuée dans le calme a permis de repeindre les murs à la chaux, de nettoyer les issus et accès entre les tombes ainsi que la place de prière. «Tout ce monde est venu pour participer à cette action et confirmer son attachement à son patrimoine», a souligné un membre organisateurs de ce volontariat, avant d'ajouter que «la présence de cette foule traduit nettement le respect qu'elle porte pour nos aïeux». Un jeune étudiant a déclaré que «nous assurerons qu'il y a des gens qui construisent et pas seulement des gens qui détruisent», a-t-il indiqué, soulignant la nécessite de préserver le patrimoine ancestral. La région de Ghardaïa a été le théâtre, depuis le mois de janvier dernier, d'affrontements violents, récurrents et sporadiques qui ont fait 7 morts et de nombreux blessés. Plus de 750 locaux commerciaux et des habitations ont été vandalisés, pillés avant d'être incendiés ainsi que plusieurs édifices et biens culturels ont été saccagés. Le calme a été rétabli après le déploiement d'un imposant dispositif de sécurité et les appels lancés par des notables, des imams et autres personnalités pour apaiser les esprits et ancrer la concorde et la fraternité dans les esprits de la population du M'zab.