Ou islamisme ou démocratie. En fait, il n'y aura rien de tout cela. Ni islamisme ni démocratie. Les deux voies constituent un péril pour tout régime qui a évolué dans l'autoritarisme. Celui-ci disparaîtra à jamais. Peut-être même sera-t-il appelé à rendre compte devant les tribunaux. Laisser l'islamisme se saisir du pouvoir, c'est mettre sa tête sur le billot. Laisser les démocrates se saisir du pouvoir, c'est la même issue pour la tête. Le concept de démocratie n'existe pas dans la langue nationale et officielle. On dit «démocratia». Avec toute son ironie, Fellag appelle ça «e'dam a kourci» «eddi el kourci». Les régimes successifs sont parfois qualifiés de dictateurs, parfois même considérés de tyrans, d'autoritaristes, mais jamais de démocrates. D'ailleurs, pour illustrer ces perceptions, dès l'annonce des réformes politiques pour entrer dans un processus de transition démocratique, c'est l'inévitable doute. Pourquoi ? Certains des régimes sont accusés de manœuvrer de façon à ce qu'il n'y ait de plongée ni vers la démocratie, ni vers l'islamisme. On dit qu'ils oscillent entre la démocratie et l'islamisme sans que le balancier ne s'arrête quelque part. Y a-t-il des régimes démocrates ? Il est une réalité qu'aucun régime qui dit s'inscrire dans une transition vers la démocratie n'a réussi à ne pas déraper sur cette voie. Plus l'avancée dans ce processus est dite palpable et plus il se confirme que c'est plutôt l'islamisation qui est palpable. Il est également une réalité qu'il n'y a aucunement du côté des pouvoirs successifs la conviction qu'il faudrait aller vers l'islamisation du système politique ; il est également une réalité qu'il n'y a aucun pouvoir parmi tous ceux qui se sont succédé qui a la conviction qu'il faudrait aller vers une réelle démocratie. Ni islamisation ni démocratisation. Les deux voies mènent vers la chute du pouvoir en place. Sachant qu'il n'existe aucun pouvoir en place qui affectionne pour lui le droit à l'euthanasie, on en déduit qu'en réalité, il ne reste plus pour survivre politiquement que la reconduction du même système politique, cependant soumis à quelques réformes politiques caractérisées par une prudence stratégique. Alors, les pouvoirs procèdent à des manœuvres. Chaque année, c'est le même constat. Tout le monde sait qu'en fait, il sera toujours fait le même constat, que se reproduiront les mêmes discours, que s'imposeront encore et toujours les mêmes décisions, et qu'Il sera à chaque fois refait le même constat. A chaque fois que se manifestent des volontés nationales et des recommandations internationales à relancer le processus de démocratisation sur des bases sérieuses, il y en aura toujours ceux qui sauront multiplier les manœuvres dilatoires pour changer la trajectoire de ce processus, et même pour en changer la nature. La dernière manœuvre dilatoire en date est la réponse donnée à ceux qui, à partir de l'étranger, en appellent à l'urgente obligation d'aller directement vers la démocratie. Quelle réponse ? Celle d'une démocratie spécifique. Une démocratie conforme à nos valeurs. Dans ces conditions, tout devient confus. Qui aura le monopole de la définition d'un tel concept ? Qui aura à définir ces valeurs ? Qui aura à les imposer ? Qui aura à garantir que l'Algérie n'aura pas à en dévier le cours ? Qui aura à saisir le Conseil constitutionnel si celui-ci ne s'autosaisit pas ? Que faudrait-il et que ne faudrait-il pas faire pour ceux qui sont mobilisés pour la démocratie ?