Craignant que les Frères musulmans égyptiens n'apportent la révolution en Arabie Saoudite, Riyad soutient aveuglément le régime militaire d'al-Sissi. Analyse. Pourquoi l'Arabie Saoudite et les pays du Golfe se montrent-ils aussi généreux envers le régime militaire du maréchal Abdel Fattah al-Sissi ? En juillet 2013, au lendemain du coup d'Etat contre le président égyptien élu Mohamed Morsi, membre des Frères musulmans, Riyad et Abu Dhabi avaient annoncé l'octroi d'une aide financière de 12 milliards de dollars au nouveau régime. En octobre, 50 % de l'aide avait été décaissée, sous forme de livraisons de pétrole et de gaz, de dons pour des projets et d'un important dépôt bancaire. Début janvier 2014, son montant était passé à 16 milliards de dollars. Sans compter les accords passés depuis un an entre l'armée égyptienne (premier entrepreneur du pays) et des entreprises privées saoudiennes et du Golfe pour des contrats atteignant 40 milliards de dollars d'ici 2020. Le soutien des Saoudiens au maréchal al- Sissi vient d'être renouvelé. Son élection à la tête de l'Egypte fin mai et sa prestation de serment le 8 juin ont été l'occasion pour le roi Abdallah d'Arabie Saoudite de se précipiter pour le féliciter en premier. Il a aussi annoncé qu'il entendait réunir une conférence des donateurs amis de l'Egypte pour soutenir financièrement le pays, qui vit sous perfusion saoudienne depuis un an. Protecteur et banquier des Frères L'alliance entre le roi Abdallah d'Arabie Saoudite, dont le trône s'appuie sur le wahhabisme - la tendance la plus conservatrice de l'islam -, et le maréchal égyptien - il est devenu maréchal en janvier - semble de prime abord étrange. Un point les rapproche : leur égale détestation des Frères musulmans. Pourtant, les Saoudiens n'ont pas toujours été les ennemis de la confrérie. Jusqu'à la crise du Golfe de 1990-1991, Riyad finançait largement les mouvements et associations liés aux Frères à travers le monde arabe, aidant la «maison mère» égyptienne à ouvrir des branches dans la quasi-totalité du Maghreb et du Machrek.