Premier président iranien à se rendre en Turquie depuis 1996, Hassan Rohani vise à relancer la coopération entre les deux pays, en dépit de désaccords sur la situation en Syrie. Le président iranien a entamé lundi une visite d'Etat de deux jours hautement symbolique chez son voisin turc. La dernière de ce rang remonte à 1996 et il s'agit de la première venue d'un chef d'Etat de la République islamique depuis le déclenchement de la guerre en Syrie, qui a considérablement refroidi les relations entre les deuxpays.Mais l'enlisement de ce conflit, l'élection l'année dernière de Hassan Rohani, désireux de sortir son paysde l'isolement, et l'accélération des négociations sur le dossier du nucléaire iranien poussent Ankara et Téhéran à tenter de dépasser laméfiance qui s'est installée entre eux. Evoquant la lutte contre «l'extrémisme et le terrorisme», le président iranien a déclaré lors d'une conférence commune avec son homologue turc que «l'instabilité dans la région ne sert personne, nos deux pays ont accepté de travailler ensemble». De son côté, Abdullah Gül a parlé d'«efforts conjoints» pour «faire cesser les souffrancesdans la région».Mais la réélection de Bachar el- Assad a montré l'étendue de leur désaccord. Quand M. Rohani, fidèle soutien du régime damascène, s'est félicité de sa victoire, Ahmet Davutoglu, le chef de la diplomatie turc, a qualifié lundimatin les résultats du vote de «nuls et non avenus ». Un autre dossier a envenimé les relations bilatérales ces derniers mois, celui des affaires de corruption qui touchent l'entourage du Premierministre, RecepTayyip Erdogan. Reza Zarrab, un homme d'affaires d'origine iranienne, est soupçonné d'avoir corrompu des membres du gouvernement islamo-conservateur turc afin de pouvoir importer de l'or et contourner l'embargo qui touche l'Iran. Enjeu gazier Afin de relancer leur coopération, les deux voisins devaient signer six traités, notamment dans les domaines commercial et de l'énergie. Le but est de doubler le volume des échanges bilatéraux en le faisant passer à 30 millions de dollars en 2015. Et la Turquie, qui cherche à alléger sa dépendance énergétique à la Russie, espère augmenter ses achats de gaz iranien en obtenant une baisse du prix du mètre cube déjà négocié. Le président iranien Hassan Rohani en terrain miné en Turquie