Il y a lieu de rappeler d'abord que l'ultime journée de championnat professionnel, qui a pris fin le 24 mai dernier, avait été marquée par l'arrêt de jeu dans plusieurs stades pendant cinq minutes par les joueurs pour protester contre la décision prise par les dirigeants du football concernant le seuil des salaires fixé à 1.200.000DA (cent vingt millions de centimes) dans le but d'éviter la faillite ou la cessation de paiement aux clubs professionnels qui font l'objet d'une situation comptable et financière critique, notamment accumulation d'endettement, déficits et actif net négatif. Comment expliquer cette situation ? Le P-dg de Sonatrach parle de 100milliards de dollars d'investissement en amont . A notre humble avis, d'une part, la gestion financière et les ressources humaines ne semblent pas organisées au sein de nos clubs sportifs professionnels, car ce sujet-là n'a pas fait l'objet d'une réflexion globale dans une logique économique et d'objectifs de performance, d'autre part, cette mesure est néanmoins limitée si on se réfère au nouveau contexte juridico-économique dans lequel s'inscrivent nos clubs sportifs professionnels érigés en sociétés sportives par actions (SSPA). Mais malheureusement, à quelques exceptions près, nos clubs restent dans la bataille du championnat et continuent à fonctionner selon l'ancienmodèle dit sport amateur conçu à la charge et aux seuls moyens de l'Etat. Oui on sait que l'Etat n'a jamais lésiné sur lesmoyens, puisque les pouvoirs publics ont été très proches des clubs à travers d'importants apports financiers et de réalisations d'infrastructures, de biens d'équipements et d'aides conséquentes. Alors que, de par leur nouveau statut juridique, les clubs professionnels doivent être des entreprises à part entière avec des objectifs de l'obligation de résultats économiques et financiers, notamment leur souci de financement ne peut être basé que sur les règles et les mécanismes du marché. En effet, nous sommes à la quatrième saison de l'application du professionnalisme et on est loin de ce qui se fait à l'étranger, car nous estimons qu' il reste encore beaucoup de chemin à parcourir dans l'esprit d'un modèle de gestion fondé sur lemanagement qui se révèle plus profond que ce que l'on imaginait jusqu'à présent et qui est le résultat de plusieurs facteurs, à commencer par lemode de gestion et de gouvernance restant prépondérant centré sur le pouvoir de l'argent, c'està- dire la primauté de l'aspect financier sans se préoccuper d'opérer des changements pour promouvoir une économie associée au sport au diapason des tendances des grands clubs modernes à l'instar du Barça, RéalMadrid,Manchester, Liverpool, BayernMunich, Chelsea, Arsenal... Cela aux dépens des objectifs de l'instauration du professionnalisme comme étant un moyen pour fructifier les finances et donner l'assise d'ouverture économique notamment en ce qui concerne le développement des activités économiques et commerciales garantissant la pérennité et la viabilité des clubs professionnels. En somme c'est un acte d'investissement et de promotion du sport d'élite . C'est ici, toute la problématique, en effet, le professionnalisme à notre humble avis n'est pas un choix, mais une exigence et une affaire sérieuse en économie qui implique en plus de l'activité sportive l'initiative entrepreneuriale et qu'on ne peut remettre en cause, car c'est le meilleur moyen d'élever le niveau de notre football à l'instar des pays avancés. Il est grand temps de s'interroger de la vie économique et financière des clubs sportifs professionnels dans leursmodes et systèmes : d'organisation, de gestion, de financement, demarketing, de contrôle interne, de valeur humaine et patrimoniale, de rémunération en partie fixe et partie variable, comptable et fiscal, et enfin comment éviter aux clubs professionnels le dépôt de bilan en cas de banqueroute (actif net négatif ou cessation de paiement).Car en plus de l'obligation de résultat, ils sont comptables devant l'Etat, les contribuables et les actionnaires ou encore de leur part contributive dans l'économie nationale . De notre point de vue, les choses apparemment ne donnent pas l'impression de plaidoyer pour un véritable changement notamment assurer un développement harmonieux du professionnalisme, car il reste encore à susciter bien des inquiétudes à voir cette inflation vertigineuse des salaires et primes des joueurs où lamasse salariale occupe le poste budgétivore dans le fonctionnement des clubs et est estimée à plusieursmilliards de centimes sans obéir à des critères de performances, de création de valeurs ajoutées ou bien produire de grands joueurs pour notre équipe nationale. Ceci pose, en effet, six problématiques importantes et complexes. En tout premier lieu, l'application du professionnalisme qui est resté jusquelà dans la forme et confus dans le modèle dit sport amateur dont notamment l'esprit et la culture du bénévolat persistant. En second lieu, le financement des clubs sportifs professionnels qui est au centre de l'actualité nationale et au coeur d'une crise quasi chronique agitant fortement et mis ces derniers dans une instabilité permanente face à une gestion incohérente notamment la rentabilité des finances et l'attrait des investisseurs. En troisième lieu, leur management est exercé avec un rôle moins ouvert, moins communicatif et moins intégré comme étant à la fois acteurs sportifs et chefs d'entreprise privilégiant lesmécanismes dumarché et de la finance pourmieux s'insérer dans l'environnement économique. En quatrième lieu, nos clubs demeurent marqués par l'absence de transparence dans la gestion et de déficit de communication notamment, ils restent peu ouverts aux acteurs économiques, la presse et à la société civile en bon pouvoir socioéconomique. En cinquième lieu, l'insuffisance d'un système d'évaluation et d'appréciation qui permet de sanctionner l'effort collectif et individuel dans la réalisation des objectifs assignés basés logiquement sur les critères de performances à leur juste valeur. Un tel système exige un statut des dirigeants et des joueurs ainsi qu'une convention collective et un règlement intérieur dûment négociés et avalisés par l'Inspection du travail. C'est là qu'on trouve l'intérêt du club et du joueur dans un cadre légal et transparent. En sixième et dernier lieu, aucun club apparemment n'est encore porteur à ce jour d'un quelconque projet économique ou commercial, voire la concrétisation d'un partenariat porteur de perspectives économiques. Sans cela, ils auront dumal à assurer leur pérennité telle que prévue par le droit commercial dont leur nouveau statut juridique de société par action qui demeuremarqué par un vide organisationnel dans l'esprit et la culture d'entreprise (structures et compétencesmanagériales) comme étant derrière beaucoup de problèmes qui empêchent nos clubs de produire de grand joueurs pour l'équipe nationale et à émerger au niveau continental. Ce qui faisait notre fierté dans les années 1960 - 1980. En revanche, les ressources financières sont importantes, provenant principalement des collectivités locales, sponsors, des transferts de joueurs, droits de retransmission TV, spectacles, publicité et divers apports qu'ils reçoivent de l'Etat, de la FAF, des bailleurs de fonds, etc. Elles peuvent leur permettre de faire beaucoup de choses pour réussir le professionnalisme en Algérie et assurer leur indépendance financière et par voie de conséquence à mieux s'insérer dans l'environnement économique. Mais en réalité, tout porte à croire aujourd'hui, qu'on s'éloigne des objectifs du professionnalisme, notamment lorsque l'on évoque les problèmes des clubs sportifs professionnels on privilégie des aides et subventions, un mode de financement devenu l'une des solutions par excellence sans approches économiques c'est-àdire football et fric,malgré ceci cemode en question est demeuré inefficace. Nous rappelons à cette occasion que les clubs sportifs professionnels ligues 1 et 2 sont considérés comme étant des sociétés commerciales et dotés de personnalités juridiquesmorales régies par les dispositions des codes du commerce et du code civil et se fondent sur la séparation entre le droit de propriété, droit de gestion, droit d'administration( conseil d'administration), droit de contrôle légal (commissariat aux comptes). Par conséquent, ils deviennent un sujet commercial, fiscal, parafiscal et financièrement autonomes. Ils sont tenus par la clôture et la présentation de leurs comptes annuels en harmonie avec les normes comptables internationales anglosaxonnes/ européennes dites IAS -IFRS à l'issue d'un exercice de championnat, plus communément appelés bilan et comptes de résultat sommes des comptes sociaux appuyés des rapports de gestion, du commissaire aux comptes et du procès-verbal de l'assemblée générale des actionnaires portant approbation des comptes sociaux. Ils sont établis dans un délai de quatre mois après la date de fin d'exercice sous la responsabilité des dirigeants sociaux et soumis à leur adoption par l'assemblée générale des actionnaires avec pour date limite le 31 juillet. Faute de quoi, la nécessité d'une demande de prorogation de délai par les dirigeants sociaux auprès du tribunal du lieu du siège social du club statuant sur un exposé des motifs selon le cas par ordonnance dans la limite de six mois. Les comptes sociaux constituent une obligation réglementaire au sens du code de commerce et représentent la photographie qui indique la synthèse de la situation économique et financière du club. Ils doivent refléter de manière régulière et sincère une image fidèle de la situation financière et économique du club. La sanction de la vie financière des clubs sportifs professionnels est suffisamment sérieuse pour que la comptabilité financière soit une préoccupation permanente en faveur d'une véritable politique financière dans la gestion des clubs. C'est là une nouvelle vision qu'il faut à présent inscrire à l'ordre du jour. Parce que la comptabilité financière constitue un élément- clé de confiance pour les investisseurs (IDE) et les actionnaires dans une économie de marché. Une sécurité juridique économique pour les investisseurs et les actionnaires dans une économie de marché. Il est aujourd'hui fondamental d'oeuvrer à imposer des règles d'une gestion saine car l'aspect relatif à la gestion et à l'usage de l'argent public destiné à ces derniers impose leur rentabilité, leur contrôle rigoureux qui répond à deux questions fondamentales : d'où vient l'argent ? Et où va l'argent ? Et le dépôt des comptes sociaux (bilan et compte de résultats) au Centre national du registre de commerce (CNRC), voire leur publication dans deux journaux au moins à grand tirage pour une gestion saine des finances et une bonne économie du sport qui s'avère incontournable dans le processus des réformes économiques de notre pays. Un nouvel enjeu de bonne gouvernance qui constitue une urgence pour promouvoir la culture du professionnalisme pour bâtir de grands clubs modernes. L'heure serait donc de restaurer les finances du sport ce qui s'avère incontournable à l'ère de la nouvelle économie notamment, comment valoriser les finances et gérer rationnellement ces clubs sportifs à l'heure du défi du professionnalisme où la valeur patrimoniale et le capital social de chaque club doivent représenter la juste valeur économique afin demieux protéger et rémunérer les actionnaires ou les investisseurs, ce qui est considéré comme vital pour la vie économique et sportive de ces derniers. Il va sans dire que tout financement (subventions ou sponsors) consenti par l'Etat ou une entreprise publique doit devenir rentable c'est-à-dire dépensé dans l'esprit d'entreprise et d'efficacité économique. Il est question de donner un ancrage solide au financement de l'économie du sport, une source de création de valeur ajoutée qui s'ajoute au PIB du pays (produit intérieur brut). Car, l'argent du sport n'est pas encore orienté ou utilisé dans un esprit d'entreprise. Là il faut le dire, le statut des organes dirigeants et sociaux des SSPA est à revoir ainsi que le financement qui ne peut continuer à être perçu comme une fonction de caisse. Sinon, c'est comme arroser du sable.