Dans le cadre des consultations autour du projet de révision constitutionnelle, le premier secrétaire du Front des Forces socialistes (FFS), Ahmed Bettatache, a été reçu mardi à Alger par le ministre d'Etat, directeur de cabinet de la présidence de la République, Ahmed Ouyahia. Malgré son déplacement à El-Mouradia, le FFS n'a pas émis de propositions pour la révision de la Constitution. Ahmed Bettatache a expliqué que sa présence à la présidence de la République avait pour objectif d'expliquer les efforts du FFS pour arriver à un consensus politique national qui permet de faire sortir l'Algérie de la crise et d'ouvrir de nouveaux horizons aux Algériens. «Nous sommes en même temps venus pour rassurer le système que notre souhait de reconstruire un consensus national pour le changer pacifiquement ne vise pas à porter atteinte à l'administration nationale et locale, qui œuvre dans sa grande majorité à servir dignement et honnêtement notre Etat à tous, mais au contraire à la consolider en l'adaptant à un environnement national, régional et international en mutation profonde et rapide», soutient le FFS dans une déclaration. Le FFS s'est étalé sur les raisons qui l'ont amené à venir à la Présidence. La première est «la volonté de dialogue» qui anime le parti depuis sa création par Hocine Aït Ahmed, son engagement à des discussions pour une sortie de crise, «malheureusement restées sans suite». La deuxième réside dans «l'objectif de réaliser un consensus national» entre les acteurs politiques, du pouvoir, de l'opposition et de la société civile. Un consensus qui permet, selon le parti, de faire ensemble le bon diagnostic de la crise et de préconiser les mesures appropriées sur le plan constitutionnel, institutionnel, du développement économique et du progrès social, à même d'assurer la paix, la stabilité et la prospérité de notre peuple. «Notre conviction est que la reconstruction de ce consensus national est possible aujourd'hui pour peu que l'on crée un climat de confiance, qu'on laisse tomber les préjugés et qu'on fasse preuve de volonté politique», lit-on dans le document. La troisième raison est «le devoir patriotique» de témoigner et d'alerter le pouvoir sur le danger que court le pays pour son unité, son intégrité territoriale, sa sécurité, ses ressources et l'avenir de nos enfants. «Des changements urgents, impératifs et vitaux ne sont pas initiés dès à présent, avec une approche systémique et inclusive, qui associe tous les acteurs du monde politique et les représentants de la société civile incluant le mouvement associatif, les universitaires, les entrepreneurs, les journalistes et les syndicalistes.» La quatrième raison évoquée est «la fidélité au juste combat historique» du président Hocine Aït Ahmed de construire une Algérie libre et démocratique. Le FFS signale l'échec de la tentative d'élaboration d' une Constitution en 1963 par une Assemblée constituante, pour lui , l'objectif reste à concrétiser car le système qui s'est construit depuis, sur des fondations non légitimées par le peuple se trouve confronté à des contestations internes et menacé dans sa sécurité par un environnement régional et international instable. Le FFS a souhaité que cette démarche ne soit pas interprétée comme une caution au processus de révision constitutionnelle engagé, ayant exprimé dès le départ que l'élaboration et l'adoption de la Constitution doivent émaner du peuple et de ses représentants légitimes, que toute approche dans ce domaine doit être concertée au préalable avec les acteurs politiques et ceux de la société civile pour espérer réaliser un consensus pour la rédaction d'une nouvelle Constitution et non pas au terme de ces consultations. «Nous sommes ici pour vous faire part, et à travers vous au président de la République, des doléances, pour ne pas dire de la colère de nombreux citoyens dans le pays qui n'ont pas accès aux services sociaux de base, les communes n'ayant ni l'autonomie administrative, ni l'autonomie financière pour y pourvoir. Le chômage des jeunes est alarmant. Un plan national dans ce domaine s'impose plus que jamais, car il y va de l'avenir du pays. A-t-on besoin de réviser la Constitution pour cela ? N'ayez donc pas peur du changement, il ne sera pas fait contre vous mais avec vous. Il n'y aura ni atteinte aux biens et à la sécurité des personnes ni règlements de comptes. Ce changement du système n'a pas besoin d'une révision de la Constitution pour en discuter et fixer le contenu et les étapes avant de traduire les changements convenus dans une nouvelle Constitution», ajoute-t-on également dans cette déclaration.