Dans une déclaration à la presse après sa rencontre avec Ahmed Ouyahia, l'«émir» de l'AIS, aile armée du Fis dissous, Madani Mezrag, a indiqué qu'il a donné des propositions au sujet des consultations sur la révision de la Constitution. L'ex-chef des groupes terroristes n'a pas manqué d'ajouter qu'il ne ménage aucun effort pour trouver des solutions avec le pouvoir, tout en précisant que, selon lui, la page a été tournée mais n'a pas été déchirée. La déclaration du chef de l'Armée islamique du salut n'est pas du tout une surprise, surtout pour ceux qui connaissent parfaitement l'idéologie des émirs, responsables, combattants et des militants des mouvements islamistes. Ces derniers qui ont voulu prendre dans le passé le pouvoir par la force ne sont pas près de changer ni d'idéologie ni d'objectif. Pour Mezrag, Ali Belhadj ou autres, l'instauration d'un état théocratique «dawla islamiya» en Algérie est un projet irrévocable. Comme nous l'avons donné dans nos précédentes éditions, à ce jour et malgré les concessions faites par l'Etat à cette catégorie, aucun ex-émir, ex-terroriste ou ex-élément des groupes terroristes, n'a reconnu qu'il a pris les armes contre le peuple ou qu'il été induit en erreur. Ils n'acceptent même pas qu'on les qualifie d'ex-terroristes ou de repentis. Bien au contraire, ils le disent et le répètent, à haute voix et à tête levée, qu'ils étaient les victimes et qu'ils étaient des «moudjahidine». Madani Mezrag le confirme encore aujourd'hui devant les caméras, indiquant que lui et ses acolytes ont tourné la page et ne l'ont pas déchirée. Par cette phrase, l'ex-chef des terroristes qui a enfilé le costume de «victime» voulait dire que lui et les siens n'ont pas oublié qu'ils ont été privés de prendre le pouvoir par le biais de l'arrêt du processus électoral en 1992. C'est la même version d'Ali Belhadj, le n°2 de l'ex-FIS, qui n'arrête pas de lancer des menaces contre le pouvoir, indiquant qu'un jour viendra où chacun devra rendre des comptes. Si M. Ouyahia tente de justifier les invitations adressées à ceux qui ont mis l'Algérie à feu et à sang, les sanguinaires ne cessent de lever le ton et ne jurent que par leur retour sur la scène politique. «Le Front islamique du salut a été interdit uniquement sur les «Papiers», en réalité, il est sur le terrain», a indiqué le lieutenant d'Abassi Madani. Il est de même pour l'autre dirigeant de ce même parti, en l'occurrence Ali Djeddi, qui dans une récente déclaration a défié le pouvoir en lui demandant de soumettre le dossier de l'ex-FIs au référendum. La décision du pouvoir de renouer le dialogue avec les ex-terroristes n'est pas du tout au profit du pays. Cela a été récupéré par des lobbies et des mains étrangères, accusant l'Algérie de soutien au terrorisme. Les Algériens n'accepteront jamais ces accusations, car nul ne doit oublier que le peuple algérien a été la première victime de ce fléau. Comment l'Algérie qui était le premier pays à combattre le terrorisme se voit aujourd'hui accuser de le soutenir ? Nous y reviendrons.