Un tribunal égyptien a condamné hier, samedi 5 juillet, le chef des Frères musulmans et 36 islamistes à la prison à perpétuité pour une manifestation violente et confirmé la peine capitale de dix autres co-accusés jugés pour la plupart par contumace. Le chef des Frères musulmans, Mohamed Badie, en prison et poursuivi dans des dizaines de procès comme la quasi-totalité de la direction de son mouvement, avait déjà été condamné à mort dans deux autres affaires concernant également des manifestations violentes après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi il y a un an. Hier, samedi, Mohamed Badie a écopé d'une peine de prison à perpétuité avec 36 autres islamistes, dont un autre haut dirigeant des Frères musulmans, Mohamed al-Beltagui, le prédicateur islamiste Safwat Hegazy, deux anciens ministres de Mohamed Morsi et deux anciens membres du Parlement appartenant aux Frères musulmans, la confrérie désormais interdite de Mohamed Morsi. Le même tribunal a en outre confirmé les peines capitales prononcées à l'encontre de dix autres co-accusés pour ces violences qui avaient fait deux morts en juillet 2013 à Qalioub, dans le delta du Nil. Outil de répression Depuis la destitution et l'arrestation par l'armée de Mohamed Morsi, les autorités égyptiennes sont régulièrement accusées d'utiliser la justice comme un outil de répression, notamment contre son influente confrérie qui avait remporté toutes les élections organisées depuis la révolte ayant mis fin en 2011 à trois décennies de pouvoir absolu de Hosni Moubarak. En outre, policiers et soldats répriment dans le sang les partisans de Mohamed Morsi: plus d'un millier ont été tués, 15 000 arrêtés et des centaines condamnés à mort à l'issue de procès expéditifs de masse dénoncés par la communauté internationale et des ONG. L'été 2013 avait été particulièrement meurtrier, avec plus de 700 pro-Morsi tombés, de source officielle, en quelques heures sous les balles de la police et de l'armée le 14 août au Caire. En représailles, des islamistes à travers le pays ont incendié commissariats, églises et maisons de familles chrétiennes, auxquelles ils reprochaient d'avoir soutenu ce que les pro-Morsi appellent encore «un coup d'Etat militaire». Et depuis, les attaques contre les forces de l'ordre sont devenues quasi-quotidiennes. Selon le gouvernement, plus de 500 policiers et soldats ont été tués dans ces attentats, pour la plupart revendiqués par des groupes jihadistes. Ces mouvements n'ont aucun lien connu avec les Frères musulmans, mais les autorités ont déclaré la confrérie vieille de 86 ans «terroriste», la renvoyant brusquement à la clandestinité.