Les proches et amis de feu Mohamed Mechati se sont recueillis, lundi soir, sur la dépouille du moudjahid décédé jeudi dernier, à l'occasion d'une cérémonie empreinte d'émotion et d'intimité, organisée au Sanctuaire du martyr (Maqâm Echahid). Proches et amis se sont succédé durant la soirée, dès 22h, pour se recueillir dans une atmosphère religieuse et digne sur la dépouille du moudjahid Mohamed Mechati, dont les vertus humaines et la dimension révolutionnaire ont été saluées et reconnues par les uns et les autres. «C'est un esprit libre et il s'en va dans la discrétion et la modestie qui l'ont de tout temps caractérisé, car il a été, sa vie durant, une personnage populaire qui s'est assumé jusqu'au bout», a tenu à relever un de ses proches. Compagnon de lutte du défunt au sein du comité central du Parti populaire algérien (PPA), Sid-Ali Abdelhamid a tenu à marquer sa présence en dépit de son état de santé. Il n'a, par ailleurs, pas lésiné sur le rappel du «sacrifice» dont a fait preuve Mohamed Mechati pour servir la cause nationale. «Mechati a figuré parmi les jeunes qui se sont engagés au sein du PPA et sacrifié leur vie pour l'indépendance du pays. Pour y être admis, il fallait faire preuve de discipline, de rigueur, d'honnêteté et de moralité, et il a été un exemple et un homme d'exception du mouvement national», a-t-il témoigné à son sujet. Relevant le caractère de «rebelle» qui distinguait feu Mohamed Mechati, Sid-Ali Abdelhamid déplore le fait que parmi les anciens dirigeants du comité central du PPA, «moins d'une dizaine» d'entre eux vivent encore. L'ancien chef du gouvernement, Belaïd Abdeslam, présent au recueillement s'est refusé, quant à lui, à tout commentaire à la presse, estimant que «la circonstance ne s'y prête pas». Trahissant une émotion et une fatigue évidentes, il s'est contenté de rappeler avoir connu le défunt Mechati à Constantine en 1940. La Fédération de France du FLN les ayant réunis, le moudjahid Ahmed Doum s'est joint à la cérémonie de recueillement. Il a exprimé, dans une déclaration à l'APS, la «longue amitié» qui le lie au défunt, et ce, depuis 1953. Au sein de ladite fédération, ils ont mené, aux côtés d'Abderrahmane Guerbas et de Bensalem Fodil, un tout aussi long parcours de militantisme, s'est-il remémoré. De la dimension humaine qui a fait la singularité de Mohamed Mechati, M. Doum a retenu notamment «l'humilité», «l'abnégation» et «la bonté», indiquant néanmoins «ne pas pouvoir tout évoquer en cette circonstance». Exprimant la même peine, l'ancien président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (LADDH), Ali Yahia Abdenour, a eu du mal à retenir ses larmes ; il a revisité l'exemplarité du parcours du défunt devant ceux qui l'entouraient. Comptant parmi les plus intimes amis du défunt, Ahmed Benyahia a souligné «l'empreinte historique» de feu Mechati lequel est «resté fidèle au sens de l'Histoire» et qui est demeuré «jeune» à 93 ans tant, a-t-il observé, il était attaché aux valeurs de «liberté, de démocratie et de justice». Pour son ami et ophtalmologue personnel, Rabah Nait Abdellah, Mechati est un «exemple à suivre sur tous les plans», car, a-t-il estimé, il a été «non seulement pétri de valeurs humaines mais au-delà de cela, il a été citoyen du monde à sa façon». Décédé jeudi dernier dans un hôpital à Genève, le moudjahid Mohamed Mechati avait 93 ans. Il était l'un des cinq survivants du groupe des 22 à l'origine du déclenchement de la révolution algérienne en 1954, aux côtés de Amar Benaouda, Zoubir Bouadjadj, Abdelkader Lamoudi et Athmane Belouizdad. Arrivée dans l'après-midi de lundi, sa dépouille a été inhumée hier au cimetière de Sidi-Abderrahmane à Alger, après la prière du dohr.