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Eviter les discours idéologiques et analyser objectivement les impacts de l'Accord d'association Algérie-Europe
Publié dans La Nouvelle République le 13 - 07 - 2014

L'objet de cette contribution est de poser objectivement les impacts de ces Accords loin des débats stériles, sans analyses réalistes, relevant d'une idéologie dépassée. Il s'agit de dresser une balance : les pertes en statique, mais également les pertes en dynamique (frein les réformes ) en cas de la non-adaptation aux valeurs internationales, vivant en ce XXIe siècle dans un monde globalisée où toute Nation qui n'avance pas recule forcément. Les fondateurs du communisme, membres de l'OMC, la Russie et la Chine, la majorité des membres de l'OPEP (le Maroc et la Tunisie sont membres) l'ont compris. L'OMC représente plus de 85% de la population mondiale et 95% des échanges mondiaux. Evitons certaines positions tranchées, par ceux qui veulent isoler l'Algérie, qui sous le faux discours «nationalistes» défendent des intérêts de rente. Or personne n'a le monopole du nationalisme. Rappelons que l'ex-président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avait effectué une visite à Alger début juillet 2013, ayant discuté notamment du mémorandum sur l'énergie, de l'accord sur la politique de voisinage, des impacts des tensions au niveau du Sahel, au niveau de la région, tout en insistant sur l'urgence d'entrevoir l'intégration économique du Maghreb en dépassant les divergences conjoncturelles. Au mois de mai 2014, le ministre des Affaires étrangères algérien s'est rendu à Bruxelles pour discuter des mêmes thèmes. Rappelons que le 1er septembre 2005, l'Algérie a signé un Accord d'Association de libre-échange avec l'Europe où il était prévu le démantèlement graduel de deux listes de produits européens à l'importation en Algérie, dont l'une sera complètement démantelée en 2012 et l'autre en 2017. Le démantèlement tarifaire a été reporté à 2020 pour certaines gammes.
1. L'impact de l'Accord d'association Les produits industriels devraient subir progressivement un dégrèvement tarifaire allant vers zéro horizon 2020. Comme incidences générales: l'interdiction du recours à la «dualité des prix» pour les ressources naturelles, en particulier le pétrole (prix internes plus bas que ceux à l'exportation); l'élimination générale des restrictions quantitatives au commerce (à l'import et à l'export); obligation de mettre en place les normes de qualité pour protéger la santé tant des hommes que des animaux (règles sanitaires et phytosanitaires). Avant de se lancer dans des unités pétrochimiques ou unités fonctionnant au gaz destinées à l'exportation, nécessitant des dizaines de milliards de dollars d'investissement sur fonds publics, si l'on veut éviter des problèmes avec les structures européennes et américaines à la concurrence qui peuvent interdire l'entrée de ces produits au sein de leur espace, il y a lieu résoudre le problème de la dualité du prix du gaz, et d'une manière générale les subventions. L'obligation d'observer les règles de protection de l'environnement ; la libre circulation des capitaux, supposant d'assouplir la règle des 49-51% ; la protection de la propriété intellectuelle qui est une condition essentielle de l'investissement direct étranger et du développement de la sphère réelle, les pays membres s'engageant à combattre le piratage donc la sphère informelle ; le démantèlement des droits de douane et taxes pour les produits industriels et manufacturés; les relations de partenariat entre les deux parties seront basées sur l'initiative privée. Les conséquences de l'Accord sont donc reportées à l'horizon 2020 posant la problématique d'entreprises concurrentielles. Il y a urgence d'un changement de la mentalité bureaucratique et la facilité et la fuite en avant est de vouloir imputer les causes du blocage seulement à l'extérieur, alors que le mal essentiel est en nous. La dernière enquête de l'ONS montre bien que 83% du tissu économique algérien est constitué d'entités commerçantes et de services de petites dimensions avec un dépérissement du tissu productif. Et même au niveau de la sphère réelle, la prédominance est les entités familiales, plus de 80% du tissu économique, peu initiées au management stratégique et aux rouages de la nouvelle économie internationale. Attention aux faux calculs : sur les 50% dans le Produit intérieur brut hors hydrocarbures, ou les 6% de croissance invoqués par les officiels, plus de 80% étant eux-mêmes tirés par la dépense publique via les hydrocarbures, ce qui donne aux entreprises créatrices de richesses publiques ou privées (souvent endettées vis-à-vis des banques publiques) une part négligeable, le blocage étant d'ordre systémique. La baisse de la salarisation des secteurs productifs depuis plus de deux décennies au profit des emplois rentes (moins de 20% du PIB) traduit la prédominance de l'économie rentière et la faiblesse de la dynamique de l'entreprise créatrice de valeur ajoutée. Les infrastructures qui ont absorbé les 70% de la dépense publique entre 2000/2013 avec des surcouts exorbitants, n'étant qu'un moyen, l'expérience récente malheureuse de l'Espagne du fait de la crise actuelle, avec l'effritement de son économie (taux de chômage de plus de 25%) qui a misé sur ce segment doit être méditée attentivement par les autorités algériennes. Je pense qu'il faut cerner les causes fondamentales de la faiblesse pour ne pas dire la nullité de l'investissement hors hydrocarbures. Aussi, pour pouvoir attirer les investissements porteurs, le gouvernement algérien devrait donc mettre en place des mécanismes de régulation afin d'attirer des investisseurs porteurs, évitant des changements périodiques de cadres juridiques, des actions administratives bureaucratiques non transparentes source de démobilisation et qui risquent de faire fuir les investisseurs sérieux qu'ils soient locaux ou étrangers. L'essence du blocage réside en Algérie au système bureaucratique que je qualifie de terrorisme bureaucratique, produit d'une gouvernance bureaucratique tant centrale que locale. Cela renvoie à la logique rentière qui favorise la sphère informelle fonctionnant dans un Etat de non-droit qui accapare 40% de la masse monétaire en circulation, contrôle 65% des segments de produits de première nécessité, existant des liens dialectiques bureaucratisation de la société, extension de cette sphère, évasion fiscale et corruption où tout se traite en cash. A cela s'ajoutent la sclérose du système financier lieu de distribution de la rente, la faiblesse d'un marché foncier libre (la léthargie de la bourse d'Alger), et enfin d'un système socio-éducatif inadapté, les universités actuellement étant une usine à produire des chômeurs. La responsabilité première du bas niveau est à rechercher au niveau du primaire, les CEM et le secondaire, ayant une école sinistrée. Tout cela renvoie au manque de cohérence et de visibilité dans la démarche de la politique socio-économique qui freine non seulement les investisseurs étrangers, mais également les investisseurs locaux sérieux qui peuvent accroître la valeur ajoutée interne et pas seulement se focaliser dans des investissements spéculatifs à court terme et dans l'importation. 2. L'Europe, principal marché de l'Algérie L'Algérie approvisionne en gaz conventionnel l'Europe seulement de 9% en 2013 contre 13 et 15% entre 2009/2011, loin derrière la Russie (30% du marché) et la Norvège perdant des parts de marché avec l'entrée de nouveaux concurrents comme le Qatar (8% en 2013). Comme en témoigne le gel du projet de Galsi via l'Italie, (dont le coût est passé de 2,5 milliards de dollars à plus de 4 fin 2013) face à la concurrence du North et South Stream russe d'une capacité totale de 120 milliards de mètres cubes gazeux, la Russie à travers Gazprom, ayant décidé d'aligner une fraction des prix de ses exportations sur le marché libre. Aussi, les négociations aussitôt les contrats à terme terminés, interviennent dans un contexte particulier, marqué par des bouleversements profonds de la carte énergétique mondiale. Alors que les dernières statistiques montrent que près de 60% des échanges commerciaux de l'Algérie durant le premier trimestre 2014 ont été réalisés avec l'Union européenne (UE), premier partenaire commercial du pays, selon le Centre national de l'informatique et des statistiques (Cnis) des douanes. Le montant global des échanges commerciaux de l'Algérie réalisés durant cette période a atteint 30,26 milliards de dollars, dont 18,07 milliards avec les pays de l'UE, soit une part de 59,72%. La Chine demeure le premier fournisseur de l'Algérie avec 1,87 milliard de dollars, suivie par la France (1,67), l'Italie (1,26) et l'Espagne (1,21). L'Algérie n'ayant rien à exporter à court terme que les hydrocarbures (98% de ses entrées en devises) , ce taux qui est appelé à croître, malgré la percée de la Chine, (ce pays entame une révolution à la fois dans le gaz de schiste et les énergies renouvelables avec des incidences planétaires entre 2017/2020), et ce, avec la baisse de demande d'énergie des USA. L'Algérie ne sera-t-elle pas contrainte de faire de nouvelles concessions aux Européens pour les préserver comme clients? La concurrence de la Russie, qui recèle d'énormes réserves gazières, environ 25% des réserves mondiales,(30% de l'approvisionnement de l'Europe) malgré la crise ukrainienne de la Norvège et du Qatar,(ces trois pays totalisant plus de 50% des réserves mondiales), sans compter les nouvelles découvertes en Afrique et en méditerranée. Le retour de l'Irak, la Lybie, l'Iran sur le marché mondial, le gaz de schiste américain mettent l'Algérie dans une situation de vulnérabilité dangereuse vis-à-vis de ses clients traditionnels. Pour l'Asie, le marché énergétique est dominé par les pays du Golfe, l'Iran et la Russie. Les GLN algériens pourront-ils se positionner sur ce marché, vu nos modestes réserves, qui ne dépassent pas 1,5% des réserves mondiales en gaz traditionnel (2500 milliards de mètres cubes gazeux selon les experts, 2000 selon la déclaration du PDG de Sonatrach en date du 24 février 2013 et non pas 4500 données de BP de 1999 non réactualisées), la consommation intérieure risquant horizon 2017 d'atteindre le même niveau que nos exportations actuelles au vu des récentes décisions de doubler la capacité d'électricité à partir des turbines de gaz, plus 100 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2030 au vu des prix plafonnées d'électricité depuis 2005, et seulement 0,6% des réserves mondiales pour le pétrole. Dès lors, les Européens demandent une révision des clauses des contrats, une baisse des prix avec l'assouplissement de la formule de l'indexation des prix du gaz sur ceux du pétrole au profit de la loi du marché. D'ailleurs, Gazprom a fait d'importantes concessions dans ce domaine et les Italiens viennent de gagner une bataille juridique internationale contre Sonatrach en ce qui concerne la baisse des prix du gaz. Gaz de France suivra le même chemin pour les mêmes raisons. Et l'introduction du gaz de schiste bouleverse la carte énergétique mondiale. Le gaz de schiste est une spécialité américaine par excellence. Certes, nous avons des réserves importantes, mais avons-nous les moyens humains et matériels nécessaires pour explorer cette énergie et surtout à quel coût ? La réponse est pour l'instant non, car pouvant découvrir des milliers de gisements, mais non rentables économiquement face à la concurrence. (A suivre)

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