Comme c'est de tradition en période d'inter-saison, laquelle sous-entend des contrats de joueurs et de fournisseurs à négocier, l'USM Annaba occupe les discussions du public annabi. Dans l'environnement direct de cette Société sportive par action (SPPA) qui, des années durant, avait représenté le football annabi dans l'antichambre de l'élite, l'heure est aux calculs. Non content d'avoir entraîné le club à vivre une déchéance comme il ne l'a jamais vécue depuis l'indépendance, El Haddi Keroum persiste et signe. Il ne quittera le bateau que lorsque ce dernier se transformera en épave. «La justice est de mon côté. Keroum n'a rien à voir avec la SSPA. Dans une tentative de sauver ce qui peut l'être, je l'ai invité à présenter par devant les autorités locales (wali-DJS) et nationales (FAF-Ligue nationale) des arguments justifiant ce qu'il prétend être, il a refusé. J'ai chargé Abdelkader Boufermes qui représente nos intérêts de suivre le dossier d'intervenir en cas de besoin pour faire appliquer la décision de justice en notre faveur. Je ne suis pas un délinquant. J'agis conformément à la loi même si cela doit durer encore des années», a indiqué Abdelhamid Boudiaf, le président évincé. Sourd à tout ce qui peut être bénéfique pour le football local, son adversaire El Hadi Keroum fait comme si de rien n'était. Lui aussi, il est sûr de son bon droit. Il est venu à la SSPA-USMA par la grâce de son titre de président grâce à la caisse du club amateur renflouée par la wilaya et l'APC d'Annaba. Ce qui lui avait permis d'acquérir la majorité des actions du capital social. Et même s'il n'a jamais investi le moindre sou de son propre argent, il dit qu'il est le président de la SSPA-USMA et il compte bien le rester. Sa détermination est matérialisée par l'opération recrutement de joueurs qu'il vient d'entamer pour l'année 2014-2015. Il ne fait pas cas de la saison 2013-2014 cauchemardesque qu'il a fait vivre à l'USMA avec pour conséquence, une rétrogradation largement méritée en division nationale amateur. Cette situation d'instabilité est chronique depuis le retrait du sponsoring de la société ArcelorMittal-Annaba, il y a trois années. Il s'agit également de la conséquence d'une gestion véritablement archaïque du club transformé en un véritable refuge pour illettrés, des hommes d'affaires douteux, délinquants et des repris de justice. Cette situation avait été dénoncée à maintes reprises par l'ensemble des titres de presse sans que cela n'engendre une quelconque réaction. Y compris lorsque avait été révélée l'affaire de la disparition du bus offert au club par l'opérateur téléphonique «Nedjma». L'enquête judiciaire déclenchée par la Gendarmerie nationale de Bouira avait conclu à un vol suivi de la cession du bus à l'état de ferraille pour un montant de 6 millions de DA non versé dans les caisses usmistes à ce jour et à l'identification formelle de l'auteur de la transaction. «Où va l'USMA avec cette série de scandales qui se poursuit encore ?», s'interrogeaient les supporteurs la saison écoulée. Keroum et consorts leur ont répondu à l'issue des compétitions du championnat professionnel de 2e division 2013-2014. Pour avoir tenté de redresser la barre en investissant près de 50 millions de DA de son propre argent, Abdelhamid Boudiaf s'est retrouvé attaqué de toute part. Pourtant, tout au long de la phase aller saison, il avait réussi à redresser la barre. Classée dans le lot de tête, l'USM Annaba était en droit de prétendre à son retour parmi l'élite une année après l'avoir quittée. On sait aujourd'hui qu'avec un environnement constitué majoritairement d'opportunistes et autres véreux intéressés par ce qui reste des finances du club, l'USMA devait finir par imploser. La descente aux enfers s'est matérialisée à la fin de la saison 2013-2014 avec une relégation en ligue nationale des clubs amateurs. Pour les plus pessimistes, le club est appelé à connaître le même - triste - sort que beaucoup d'autres formations connues à l'Est du pays comme l'ESG, JSD, Usmk, Amam, MOC... Pire, puisqu'au rythme où vont les choses, Annaba disparaîtra de la grande et petite circulation footballistique. Et pourtant, il est dit qu'un grand club ne meurt jamais. Son malheur n'est pas passé inaperçu, politiques compris. Chacun à Annaba garde dans sa mémoire, la déclaration publique faite par le wali d'Annaba quant à dégager une enveloppe financière de 50 millions de DA et celle du P/APC d'apporter sa contribution pour sauver le football local en mettant à la disposition de ce dernier 10 millions de DA. Tout porte à croire que ces 60 millions DA sont allés ailleurs. A la fin de la saison écoulée, les salaires de plusieurs mois des joueurs et la dette de 50 millions de DA de la FAF sont inscrits au chapitre des factures impayées. Juste avant les 3 dernières rencontres de la 2e division LNF, l'espoir de voir l'USMA sauver sa peau était encore de mise. Il faut reconnaître que dans ce club, la politique de sa mise à sac était bien ancrée. Pourtant, en dépit d'une campagne de dénigrement, Abdelhamid Boudiaf, mis à l'écart de la gestion du club par des magouilleurs, espérait revenir à temps au club pour sauver la saison. Les poursuites judiciaires qu'il avait entamées lui avaient donné raison. C'était apparemment insuffisant avec la danse que menait et que mène toujours, un député dont la vénalité est connue de tous sauf des institutions de la République. C'est dire que ce n'est pas demain que l'on reconstruira l'USM Annaba, Hamra ou tout autre club à même de représenter dignement la wilaya au sein de l'élite. «Le football annabi a été gangrené par des opportunistes sans relation aucune avec le sport en général et le football en particulier. De ridicules querelles de clocher l'ont miné ces 5 dernières années. Pour l'heure, l'on est à une ardoise qui se chiffre à plus de 100 millions de DA en créances impayées que l'USMA devra traîner encore comme un boulet de canon. C'est dire que la solution au double malaise moral et financier n'est pas pour demain. Le club usmiste sait ce qui l'attend sur le plan financier, mais ne sait pas exactement ce qu'il vaut sur le plan sportif. La tenue rapide d'une assemblée générale et l'élection d'un nouveau bureau relèvent d'une urgence. Les irréductibles du football annabi doivent agir vite et bien, sinon on reparlera rapidement de l'USM Annaba dans la rubrique des... faits divers !