Le Real Madrid, empereur d'Europe, l'Atletico, roi d'Espagne, et le FC Barcelone, très revanchard, remontent au front à partir de ce week-end dans le championnat d'Espagne, après un été où les trois belligérants ont dépensé sans compter pour renforcer leurs armadas. Dans cette course à l'armement, chacun des trois camps a investi quelque 100 millions d'euros, la palme revenant au Barça qui a remodelé en profondeur son équipe avec à la clé plus de 150 millions d'euros d'indemnités de transfert. Les sommes donnent le tournis, mais la qualité du jeu pratiqué sur les pelouses d'Espagne pourrait également faire tourner les têtes, vu le calibre des joueurs recrutés. Ainsi, le Real a mis environ 80 millions d'euros sur la table pour le Colombien James Rodriguez (23 ans), meilleur buteur du récent Mondial, une compétition où ont aussi brillé le milieu allemand Toni Kroos et le gardien costaricien Keylor Navas, autres recrues merengues. «Je crois que nous avons une meilleure équipe que l'an dernier», a déjà mis en garde Carlo Ancelotti, l'entraîneur du Real. Après la «Decima», sa 10e Ligue des champions décrochée en mai dernier, voilà la Maison-Blanche délestée d'une forte pression. Elle peut désormais se tourner vers la reconquête de la Liga, une compétition dont elle détient le record de victoires (32) mais qu'elle n'a remporté qu'à trois reprises sur les dix dernières années (2007, 2008 et 2012). Pour cela, Ancelotti devrait continuer à bâtir sur son 4-3-3 de l'an dernier, où le trio offensif Bale-Benzema-Cristiano Ronaldo («BBC») a fait ses preuves. Le Barça en reconstruction Le Barça, de son côté, est en pleine reconstruction après une saison achevée sans trophée majeur, la première depuis 2008. L'Argentin Gerardo «Tata» Martino a cédé sa place sur le banc à Luis Enrique, ancien joueur emblématique du club (1996-2004), dont la poigne doit permettre d'initier un nouveau cycle. «J'attends un jeu très attrayant et très efficace», a prévenu le technicien asturien, ajoutant qu'il soumettrait ses joueurs à des entraînements exigeants et à un fort travail collectif. Symbole de cette nouvelle ère, des cadres comme Victor Valdes, Carles Puyol ou Cesc Fabregas sont partis. Et de nouvelles têtes sont arrivées, comme le Français Jérémy Mathieu (30 ans, Valence) ou l'Uruguayen Luis Suarez (27 ans), transféré de Liverpool pour 81 millions d'euros. Il faudra néanmoins patienter un peu pour voir évoluer ensemble le trio sud-américain Neymar-Messi-Suarez : l'attaquant uruguayen, meilleure gâchette du dernier championnat d'Angleterre (31 buts), est suspendu jusqu'à fin octobre pour avoir mordu un adversaire au Mondial. L'Atletico, recrutement malin Face à l'arsenal des deux grands d'Espagne, l'Atletico Madrid pourra-t-il conserver son titre national, conquis à l'arrachée en mai dernier ? Prudent, l'entraîneur Diego Simeone a affiché de bien modestes ambitions pour un champion en titre et finaliste de la C1, laissant entendre qu'il souhaitait d'abord lutter pour la troisième place. Mais, mis à part Diego Costa, Filipe Luis et Thibaut Courtois, tous partis à Chelsea, l'ossature de l'équipe reste la même, avec la solide charnière défensive Godin-Miranda et les indispensables Koke et Gabi dans l'entrejeu. De plus, l'Atletico semble avoir recruté malin avec l'ailier français Antoine Griezmann (30 millions d'euros) ou l'attaquant croate Mario Mandzukic (22 millions d'euros environ). «Avec 95 millions d'euros, nous avons recruté sept ou huit joueurs, alors que (le Real), avec 95 millions, en a pris deux, donc il y a un peu de différence, non ?», a ironisé cette semaine Simeone. Pour jouer les trouble-fêtes, il devrait y avoir le FC Séville, tenant de l'Europa League, l'Athletic Bilbao (4e l'an passé) ou Valence, désormais aux mains de l'homme d'affaires singapourien Peter Lim et qui a notamment recruté le prometteur attaquant hispano-brésilien Rodrigo (Benfica). Mais il leur sera sans doute difficile résister à la force de frappe du trio Atletico-Barça-Real.