Au premier jour de compétition du 9e Festival national du théâtre professionnel (FNTP), «Leilet Iâdem» (Nuit de l'exécution), présenté vendredi au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi, a traité du respect des vies dans leurs différences, dans un mélange qui a mêlé la tragédie au psychodrame. Ecrit et mis en scène par Sofiane Attia, le spectacle est une invitation au bon sens, prenant, dans une forme suggérant une lecture au second degré l'acceptation de l'autre sans jugement de valeur aucun. D'une durée d'une heure et devant un public relativement nombreux, «Leilet Iâdem» retrace deux visions qui s'affrontent dans un dialogue contradictoire entre un prisonnier en disgrâce car condamné à mort, et son geôlier, peu indulgent, au propos discriminatoire et accablant. Pourtant, le fil des événements va montrer que le geôlier sera également condamné car il avait commis le même forfait retenu à charge contre le prisonnier, ce qui changera la donne et permettra l'émergence d'une vision plus humaine. Astreints au jeu dans des espaces réduits, adaptés aux conditions de leur personnage respectif de condamné et de gardien, Idris Benchernine et Salim Larbi Sassi ont bien porté le texte dans ses profondes allusions et métaphores, usant d'échanges violents, puisés dans le registre du théâtre de la cruauté. Le metteur en scène, brillamment accompagné à la guitare par Abbas Bentalbi, ponctuait au chant avec une voix puissante et limpide, les passages pertinents, dans différents styles de musiques, pour mieux souligner l'inexistence de tolérance dans toutes les sociétés du monde. Du flamenco, aux différentes musiques orientales passant par l'algérois, Sofiane Attia a été époustouflant dans ses interprétations, intervenant également par moment dans un rôle passif, à la temporalité décalée, pour faire défiler les secondes et rappeler l'imminence de l'application de la sentence. La scénographie signée Mourad Bouchehir, est faite d'un décor unique, représenté par une cellule aux cloisons suggérées par des fils obliques, avec une fenêtre haute, traversée par un faisceau de lumière, et un éclairage sombre créant des atmosphères macabres qui ont bien illustré la sémantique de la dramaturgie.«Leilet Iâdem», spectacle produit par la coopérative théâtrale «Canevas» de Bordj Bou-Arreridj, vient s'ajouter aux créations de Sofiane Attia qui a également écrit «Hasnaoui Show» en 2009 (One Man Show), «Lahda min rahil» et «Normal» en 2012.Jouant dans ses propres œuvres, le metteur en scène a également été distribué dans «El Aâqd», tirée de la pièce de théâtre «Le contrat» de Slawomir Mrozek ainsi que dans plusieurs montages poétiques. Dix-sept spectacles en compétition et neuf autres en dehors du concours ainsi qu'une représentation égyptienne sont au programme du 9e FNTP qui se poursuit à Alger jusqu'au 8 septembre prochain. En marge des représentations, et outre les rencontres scientifiques et littéraires, une scène couverte a été montée sur la grande cour, à l'entrée du TNA pour accueillir conteurs et troupes musicales dans le cadre du programme de proximité, également prévu par les organisateurs.