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Rapport du Forum économique mondial et poids du Maghreb
Publié dans La Nouvelle République le 14 - 09 - 2014

Le classement du Forum économique mondial de Davos du 3 septembre 2014 pour le Maghreb est mitigé. On doit éviter à la lecture de ce rapport tant la sinistrose que l'autosatisfaction, ayant assisté à des améliorations, mais il y a encore beaucoup d'insuffisances, objet de cette analyse
Selon le classement réalisé par le Forum économique mondial de Davos du 3 septembre 2014 (1) dont je détiens la copie intégrale du rapport 2014-2015 réalisé auprès de 15 000 chefs d'entreprises dans 144 pays, relatif à l'efficience économique globale, la note retenue est sur sept et les indicateurs retenus sont la qualité des institutions, les infrastructures, la santé, l'enseignement et la formation professionnelle, l'efficacité des marchés financiers, la maturité technologique et la taille de l'économie. Ainsi, l'Algérie est classée à la 79e place (4,08 sur 7) et gagne 29 places par rapport au classement précédent, elle est classée deuxième au Maghreb. Le Maroc gagne cinq points étant classé 72e (4,21), et à la première place au niveau du Maghreb, la Tunisie la troisième place, 87e (3,96), la Libye 126e (3,48) et la Mauritanie (141e (3,00). La France pour un PIB en 2013 de 2737 milliards de dollars et une population de 63,7 millions, arrive à la 23e place avec une note de 5,08, dont pour les infrastructures 8e et elle est le 4e pays au monde avec le plus de connexions à l'Internet haut débit pour 100 habitants, un bon système éducatif (8e pour la qualité des écoles de management, 17e pour la qualité de l'éducation dans les sciences et les mathématiques, 17e pour les nouvelles technologies, l'innovation 19e, et pour la qualité des institutions 12e. Mais la France est au 121e rang pour la lourdeur de sa réglementation, au 129e pour le poids de la dette, au 132e en matière d'imposition sur les bénéfices et au 134e en ce qui concerne les procédures d'embauches et de licenciements. D'autres pays européens sont loin derrière comme l'Espagne à la 35e (4,545) et l'Italie à la 49e (4,42). Au niveau de la région MENA, les Emirats Arabes-Unies arrivent à la 12e place, le Qatar à la 16e, l'Arabie Saoudite (24e), le Koweït (40e), le Bahreïn (44e), Oman (46e) et la Jordanie (64e). En Afrique, nous avons l'île Maurice (39e), l'Afrique du Sud (56e) et le Rwanda (62e), la Namibie (88e), le Kenya (90e) et la Zambie (96e). Les cinq pays les plus performants sont par ordre : la Suisse (5,70), Singapour (5,54), les USA (5,50), la Finlande (5,50) et l'Allemagne (5,49). Avec le Japon, Hong-Kong, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède nous avons les Top 10. Les derniers pays sont l'Angola (3,04), la Mauritanie (3,00), le Yémen (2,96) et la Guinée (2,79). Selon les experts du WEF, les économies qui occupent les premières places du classement ont toutes en commun «d'excellents résultats en matière de formation et attraction des talents, ainsi qu'une politique d'investissements encourageant l'innovation». Examinons ce rapport. 2.- Concernant l'innovation, le Maroc arrive à la 82e place (3,50), la Tunisie 93e (3,40) et l'Algérie 133e (2,91). Du point de vue de l'efficience réelle des entreprises, le Maroc arrive à la 78e positon avec 3,92, la Tunisie 125e et l'Algérie à la 125e place. Du point de vue de l'efficacité des institutions (Etat de droit, justice, libertés économiques et sociales déterminants pour une visibilité dans le monde des affaires), l'Algérie arrive à la 97e place, avec une note de 4,14, le Maroc 49e avec une note de 4,21, la Tunisie 81e (3,70), la Libye 142e (2,76) et la Mauritanie 138e (2,76 toujours sur 7). Pour les infrastructures, le score de l'Algérie est mitigé par rapport à l'importance de la dépense publique dans ce segment qui a absorbé plus de 70% des ressources financières entre 2000-2014, étant classée à la 90e place (note de 3,52), le Maroc 55e (4,38), la Tunisie, 79e (3,80), la Libye 142e (2,62) et la Mauritanie 138e (2,76). Pour le cadre macro-économique, l'Algérie est classée 122e (note de 3,82), le Maroc 66e (4,72), la Tunisie 111e (4,03), la Libye 41e (5,36) et la Mauritanie 74e (4,66). Pour l'éducation, l'Algérie réalise un bon score 62e (note de 5,85), le rapport insistant sur l'amélioration de la qualité, le Maroc 76e (5,66), la Tunisie 53e (6,00), la Libye 119e (4,55) et la Mauritanie 42e (6,14). Pour la sophistication du système financier, poumon de tout développement socio-économique, l'Algérie est classée 139e avec une note de 2,15, le Maroc 69e (4,02), la Tunisie 90e (3,38), la Libye 144e (1,95) et la Mauritanie 123e (2,71). Quant à la situation du marché du travail, l'Algérie est classée 139e sur 144 avec une note de 2,15 (marché trop rigide), le Maroc 111e (53, 8), la Tunisie 117e (3,354), la Libye 133e (3,41) et la Mauritanie 141e (note de 2,50 sur 7). En résumé, comme le soulignaient avec force les 36 auteurs dans deux ouvrages collectifs, réalisés sous ma direction et celle de Camille «le Maghreb face enjeux géostratégiques» (Edition Maârifa Algérie-Harmattan Paris - 2 volumes - 1100 pages mars-juillet 2014), le Maghreb, région à fortes potentialités, pont entre l'Europe et l'Afrique, dont les échanges intermaghrébins représentent moins de 3% et son produit intérieur brut d'environ 430 milliards de dollars entre 2013-2014 sur plus de 73 000 de PIB mondial, assiste à sa marginalisation, renvoyant à l'urgence de son intégration qui lui fait perdre plusieurs points de taux de croissance par an 2 à 3%/an. Selon une note de l'ONG Oxfam de septembre 2014, la non-intégration coûterait 10 milliards de dollars par an au pays de la région. Toujours selon cette ONG, la fuite de capitaux de la région est équivalente à 8 milliards de dollars chaque année, qui s'expliquerait, en partie, «par la non-intégration de la région qui la rendrait moins attractive pour les investissements». Des réformes structurelles sont urgentes afin d'améliorer le climat des affaires notamment au niveau institutionnel, (lutte contre la bureaucratie, la corruption et les lourdeurs administratives), renvoyant à l'urgence d'une meilleure gouvernance et ce par une plus grande moralisation et démocratisation de la gestion de la Cité tant dans le domaine politique, économique que social. (1)-The Global Competitiveness Report 2014/2015 - World Economic Forum 03/09/2014 -5548 pages

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