La 13e rencontre cinématographique de Béjaïa a pris fin, samedi, avec la projection de «Poussière d'empire» (1983), du réalisateur franco-vietnamien, Lam Lê. «Poussière d'empire», est un curieux amalgame, fait de guerre, d'amour, de métaphysique, (le recours à la métaphore du déluge pour introduire le mythe des origines du Vietnam), de pratiques mystiques et de croyances ancestrale... le tout malaxé, dans un emballage très complexe, lui-même fait de séquences de tissus qui se déchirent et de voiles trouées. A l'évidence, Lam y fait la part belle aux allégories et aux symboles pour faire de cette comédie dramatique, qui dit tout mais qui ne montre rien, évitant soigneusement d'ouvrir la boîte de pandore sur la guerre d'Indochine, tombée comme une fulgurante météorite sur cette région du monde accablée, alors, de souffrances épiques, de désolations, de ruines et de poussière. L'auteur ne traite pas frontalement des méfaits du colonialisme, mais il en croque les traits à pleines dents, profitant du reste de cette projection, pour rendre un hommage appuyé aux populations de Ghaza (Palestine), dont, il dit en «mesurer l'ampleur du drame». «Partout le colonialisme à le même visage», a-t-il souligné, avouant son engagement pour lui livrer en tant que cinéaste engagé «une guerre sans relâche». Par-delà les faits de guerre, Lam en fait livre une magnifique histoire d'amour, entre un combattant vietnamien, fait prisonnier et sa femme enceinte, restée à Saigon et qui le croyait mort. Du fond de son camp d'internement, il trouve le moyen de lui faire parvenir un message pour lui renouveler sa flamme mais aussi infirmer sa croyance. Comme une bouteille à la mer, et allant de main en main, voire d'oreille en oreille, miraculeusement, le message n'arrive que 25 ans après la guerre à Paris (France) de surcroît, où la femme avait élu domicile désormais. C'est leur fille qui revient alors au pays, en refaisant l'incroyable itinéraire du message, ne rencontrant jamais le père mais trouvant l'occasion de se ressourcer aux souffrances de ses compatriotes et de méditer au pied de la «pierre des attentes», un monument en forme d'une météorite, devenu pour les amoureux un lieu de prédilection pour l'expression de leurs sentiments. Un film coloré, réaliste et qui manifestement apporte une touche originale à ces journées cinématographiques, durant lesquelles il y a eu un choix dense et éclectique, variant entre le long, le moyen et le court métrage, et qui a fait surtout la part belle aux documentaires. Quelque 40 œuvres ont été projetées et débattues en présence des réalisateurs, soit en séance de projection grand public ou durant les séances d'un café-débat, organisé à chaque fois que de besoin. Seul bémol au tableau, les incidents techniques et les chutes des tensions électriques répétées, qui à l'évidence, ont agacé, une partie du public qui en venait à quitter les lieux.