C'est un ministre de l'Industrie et des Mines visiblement très irrité par l'état du secteur des mines qui s'est présenté au forum hebdomadaire de la Chaîne I de la radio nationale. Abdesselam Bouchouareb déplore l'état dans lequel il a récupéré le secteur des mines. «Il y avait comme un rideau qui voilait tout le potentiel des mines et, à présent, le rideau a été levé et les projecteurs allumés sur ce secteur appelé à jouer un rôle structurant dans le cadre du déploiement de la nouvelle stratégie industrielle», affirme le premier responsable de l'industrie nationale. Lors de son intervention, le ministre a particulièrement insisté sur l'état du secteur des mines ainsi que sur les principaux projets, dont la réouverture des mines fermées, l'Enamarbre, le phosphate, la demande en minerai de fer et les négociations pour le projet de Ghar Djbilet. «J'ai déclaré que le secteur minier allait doubler son chiffre d'affaires d'ici deux années, pour le porter de 20 milliards DA actuellement à 40 milliards DA. Je dirai que même 40 milliards de DA restent en deçà des potentialités du secteur», soutient M. Bouchouareb. Un potentiel avéré Mais le plus amer dans le propos de l'invité de la Radio est que le secteur dont le potentiel est avéré demeurait jusqu'à très récemment victime d'une vision étroite. Le ministre de l'Industrie et des Mines ne s'en cache pas et cite des exemples frappants. Bouchouareb poursuit : «Aujourd'hui ,prenons le cas de l'Enamarbre, puis je viendrai au phosphate. L'Enamarbre repose sur des potentialités naturelles énormes mais une vision très étroite. Pourquoi ? Parce qu'elle n'était pas préparée à ce que le niveau de la demande de l'Algérien allait s'élever avec l'élargissement de la classe moyenne. Par exemple, le programme de construction de logements a été, par moment, ralenti à cause de la dépendance de l'importation du marbre. Aujourd'hui, un partenariat est en cours de concrétisation avec un partenaire étranger pour accroître les capacités de production et répondre à la demande. Ce sont des projets qui vont être concrétisés à Oran et à Béjaïa, pour l'instant.» Le phosphate est une priorité Revenant au phosphate, le ministre de l'Industrie et des Mines s'interroge : «Est-il concevable qu'un pays comme l'Algérie atteint difficilement une production annuelle de 1,5 million de tonnes alors que notre voisin tunisien en fait 8 millions de tonnes ? Le phosphate est l'une des priorités du gouvernement où nous allons renforcer les investissements dans les capacités de production. Nous travaillons sur un partenariat avec des Qataris pour la production de phosphate et de l'aliment pour bétail au niveau de la wilaya de Souk Ahras. Ghar Djbilet : négociations avec un partenaire de renom «Le gisement de minerai de fer de Ghar Djbilet à Tindouf est à la tête des priorités qui m'ont été confiées à l'installation du gouvernement», souligne M. Bouchouareb avant d'annoncer : «Nous sommes en discussions qui vont bientôt aboutir avec un partenaire étranger parmi les leaders mondiaux dans le domaine.» Pourquoi Ghar Djbilet ? Parce que la sidérurgie et l'industrie mécanique ont été identifiées comme porteurs de gisements de croissance dans le cadre de la nouvelle stratégie industrielle du pays. «Nous avons le complexe de Bellara à Jijel qui va atteindre au bout de deux années une production de 4 millions de tonnes, il y a le complexe turc à Oran de Tosyali qui atteindra les trois millions de tonnes. La règle 51/49 dans le domaine minier ne dérange pas le partenaire étranger, parce qu'il a en face un marché solvable dont la demande peut atteindre d'ici quelques années les 20 millions de tonnes.» C'est à ce titre que le projet du gisement de Ghar Djbilet revêt un caractère structurant en termes de création d'emplois, de communication, de sécurisation des approvisionnements internes et des possibilités d'exportation. «C'est un projet phare pour l'Algérie», résume l'intervenant. «Toutes les mines fermées seront rouvertes» «Bref, tout le secteur des mines et le Groupe Manal avec ses filiales sont mobilisés et ont démarré dans des programmes de relance et de partenariats tous azimuts. L'ensemble des mines fermées à l'échelle du pays seront rouvertes», conclut le ministre de l'Industrie et des Mines.