La coalition dirigée par les Etats-Unis a maintenu, hier, la pression sur les djihadistes de l'Etat islamique (EI) en bombardant leurs positions en Syrie et en Irak, alors que Londres s'apprête à voter sur une participation aux frappes en Irak. Le Danemark, qui a annoncé le déploiement de sept avions de combat F-16 en Irak, est le dernier pays en date à se joindre à la coalition mise en place par les Etats-Unis pour «détruire» le groupe extrémiste sunnite responsable d'atrocités dans les régions syriennes et irakiennes sous son contrôle. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG s'appuyant sur un vaste réseau d'informateurs et de militants, les Etats-Unis et leurs alliés arabes ont lancé jeudi soir et hier matin de nouvelles frappes contre les installations pétrolières prises par l'EI dans la province de Deir Ezzor dans l'est de la Syrie. Des raids ont en outre visé vendredi un centre de commandement de l'EI près d'al-Mayadine dans la même province, ainsi que des installations pétrolières et une base de l'EI dans la province de Hassaka (nord-est), a précisé l'OSDH. Le Pentagone a confirmé des raids en Syrie qui ont détruit des chars du groupe à Deir Ezzor, ainsi qu'en Irak contre des positions de l'EI dans la région de Kirkouk (nord) et à l'ouest de Baghdad. Les avions de combats américains, saoudiens et émiratis avaient frappé mercredi, pour la première fois, des raffineries de l'EI en Syrie, avec l'objectif d'assécher l'une de ses principales sources de revenus. Les jihadistes, qui contrôlent plusieurs raffineries en Irak et en Syrie, ravagée par une guerre civile depuis trois ans et demi, revendent le pétrole en contrebande à des intermédiaires des pays voisins, tirant selon des experts des bénéfices pouvant aller de 1 à 3 millions de dollars par jour. Vote du Parlement britannique Depuis leur début mardi, les frappes en Syrie ont tué 141 jihadistes, parmi lesquels 129 étrangers dont 84 affiliés à l'EI, selon l'OSDH. Convoqué en session extraordinaire, le Parlement britannique s'apprête à voter sur un texte autorisant «l'usage des frappes» pour soutenir le gouvernement irakien et précisant que Londres «ne déploiera aucun soldat dans les zones de combat». «Cela va être une mission qui ne va pas prendre des mois mais des années, mais je pense que nous devons nous préparer pour cet engagement», a dit le Premier ministre David Cameron devant la Chambre des Communes. Les frappes des six tornades britanniques déployés dans la région pourraient intervenir dès vendredi soir. La fille de l'otage britannique David Haines, enlevé en Syrie et décapité par l'EI, a apporté son soutien à une participation des forces britanniques. «L'EI doit être éradiqué»e, a dit Bethany Haines. Son père avait été exécuté après la décapitation de deux journalistes américains James Foley et Steven Sotloff, également enlevés en Syrie, dans des vidéos diffusées par le groupe extrémiste sunnite. Ankara prête à toutes les mesures Ces exécutions ont révulsé le monde et poussé M. Obama à annoncer le 10 septembre une stratégie pour «détruire» l'EI dans le cadre d'une vaste coalition regroupant une cinquantaine de pays. La mise en scène de l'exécution des trois otages occidentaux a été répétée par un groupe jihadiste lié à l'EI, Jund al-Khilafa, qui a diffusé mercredi une vidéo de la décapitation de l'otage français Hervé Gourdel, enlevé dimanche en Algérie. Mais Paris a refusé de céder au «chantage» et poursuivi ses frappes en Irak. Les Etats-Unis sont aidés par cinq alliés arabes – Jordanie, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Bahreïn – dans les frappes en Syrie, alors que jusqu'à présent seuls les Etats-Unis et la France ont mené des frappes en Irak voisin. Des dizaines d'autres pays participent d'une manière ou d'une autre à la coalition, les Pays-Bas et la Belgique ont mis des avions de combat F-16 à sa disposition, d'autres, comme l'Allemagne, envoient des armes aux Kurdes irakiens, alors que l'Australie a déployé 600 soldats aux Emirats. La Turquie a confirmé être prête à prendre toutes les mesures y compris militaires contre l'EI. Alors que les pays occidentaux craignent de voir les jihadistes, une fois aguerris, revenir sur leur territoire pour organiser des attentats, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté mercredi une résolution imposant aux Etats, sous peine de sanctions, d'empêcher leurs citoyens de s'enrôler dans des groupes extrémistes. Accusé de crimes contre l'Humanité, l'EI, qui regroupe des dizaines de milliers de combattants dont 15 000 étrangers, selon les renseignements américains, est responsable de multiples exactions – viols, rapts, exécutions, crucifixions – dans le «califat» proclamé sur les régions prises à cheval entre l'Irak et la Syrie.