Le procureur au procès Pistorius a clairement dévoilé, hier, son intention de réclamer une lourde peine, en démontant méticuleusement tous les arguments de la défense, qui soutient que la prison serait un milieu trop hostile pour un handicapé amputé des deux jambes. «Si la sentence de cette cour est trop légère, la société va perdre le respect de la Justice», a également lancé Gerrie Nel, soulignant l'un des enjeux de ce procès ultra-médiatisé, retransmis en direct à la télévision, et objet d'innombrables commentaires en Afrique du Sud. Les audiences peuvent durer encore jusqu'à la fin de la semaine, et la juge prendra ensuite probablement un temps de réflexion avant de prononcer la sentence. M. Nel a tiré profit de son contre-interrogatoire d'une fonctionnaire des services de probation, Annette Vergeer, citée par la défense, pour contrer un à un les arguments avancés la veille. Pas de problème de sécurité pour Pistorius, estime le procureur «Non, a-t-il le procureur, Pistorius ne serait pas placé en cellule avec d'autres détenus dangereux, et ne serait pas en danger, car il existe des quartiers pour prisonniers handicapés et vulnérables... Non, les problèmes d'hygiène posés par ses moignons et par l'entretien de ses prothèses ne seraient pas insurmontables, car les cellules de ces quartiers sont équipées de sanitaires corrects et de baignoires... Non, Pistorius ne serait pas privé de son suivi psychologique, indispensable à sa reconstruction, car la loi prévoit qu'un détenu puisse faire venir son propre psychologue, à ses frais». «Il faut être réaliste et pragmatique» sur la qualité réelle des conditions de vie dans les prisons sud-africaines, lui a simplement répondu Annette Vergeer, venue appuyer la requête de la défense d'une peine alternative, sous forme de travail d'intérêt général. La juge Thokozile Masipa a écouté comme à son habitude attentivement, sans quasiment intervenir. Cette magistrale respectée et expérimentée avait cependant été vivement critiquée en septembre par certains juristes pour n'avoir pas retenu l'accusation de meurtre contre Pistorius, finalement reconnu coupable d'homicide involontaire. Et le pays attend maintenant la sentence qu'elle infligera à l'ancienne idole du handisport, qui a abattu sa petite amie Reeva Steenkamp de quatre balles tirées à travers la porte des toilettes dans la nuit du 13 au 14 février 2013.