Kobané a été le théâtre d'intenses combats dans la nuit de samedi à dimanche, les djihadistes de l'Etat islamique (EI) attaquant les défenseurs kurdes de cette ville du nord de la Syrie au mortier et à l'aide de voitures piégées, rapportent des témoins sur place. L'EI, qui a lancé son offensive sur Kobani le 16 septembre, a tiré samedi 44 obus de mortier sur les quartiers kurdes de la ville et certains de ces projectiles ont atterri en Turquie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne. Quatre autres obus ont été tirés dimanche, ajoute l'OSDH. Kobani est adossée à la frontière turque et les djihadistes de l'EI comptent s'en emparer pour affermir leur emprise sur le nord de la Syrie. «Nous avons connu la nuit dernière les affrontements les plus intenses depuis plusieurs jours, peut-être depuis une semaine. (L'Etat islamique) a attaqué de trois côtés différents, notamment du côté du bâtiment de la municipalité et du marché», a déclaré Abdoulrahman Gok, un journaliste présent à Kobani. «Les combats n'ont pas cessé jusqu'à la matinée. Nous nous sommes rendus à pied à l'intérieur de la ville tôt ce matin et nous avons vu beaucoup de voitures endommagées dans les rues et des obus de mortier qui n'avaient pas explosé», a-t-il ajouté.L'OSDH rapporte que deux véhicules piégés de l'Etat islamique ont frappé des positions kurdes samedi soir, en faisant des victimes. Un nuage de fumée noire s'élevait au-dessus de Kobani dimanche. Une combattante des sections féminines des Unités de protection du peuple kurde, les YPG, a déclaré que les combattants kurdes avaient réussi à faire exploser les voitures piégées avant qu'elles atteignent leurs cibles. «La nuit dernière, il y a eu des combats dans tout Kobani (...) ce matin les combats se poursuivent», a-t-elle dit en réclamant l'anonymat. Exécution sommaire L'osdh avance que l'EI a perdu 70 combattants en deux jours. Il fonde cette estimation sur des sources à l'hôpital de la ville voisine de Tel Abyab, où sont emmenés les cadavres. Selon l'OSDH, des combattants arabes syriens des Brigades révolutionnaires de Rakka, qui se battent aux côtés des kurdes contre les radicaux islamistes, ont exécutés deux combattants de l'EI qui avaient été faits prisonniers. «L'un d'eux était un enfant d'une quinzaine d'années. Ils lui ont tiré une balle dans la tête», dit l'OSDH. L'Etat islamique a aussi pratiqué les exécutions sommaires durant la campagne qui lui a permis de s'emparer de vastes territoires en Irak et en Syrie, où il profite du chaos provoqué par le conflit entre des rebelles et les forces du régime de Bachar al Assad. Une coalition emmenée par les Etats-Unis bombarde les positions de l'EI aussi bien en Irak qu'en Syrie. Elle a récemment intensifié sa campagne aérienne dans le secteur de Kobani, ce qui a aidé les combattants kurdes à résister à l'offensive djihadiste. La Turquie, qui a massé des chars le long de la frontière face à Kobani, se refuse en revanche à intervenir en appui aux peshmerga, ce qui provoque la colère de sa propre minorité kurde. Les autorités turques sont méfiantes à l'égard des YPG en raison de leurs liens étroits avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui a pris les armes en 1984 contre l'Etat turc. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré dimanche aux médias de son pays qu'Ankara n'armerait jamais les YPG via leur branche politique, le Parti de l'union démocratique kurde(PUD). «L'idée d'armer le PUD pour créer un front contre l'Etat islamique a été évoquée. A nos yeux, le PUD est la même chose que le PKK, c'est une organisation terroriste. Il serait très, très erroné d'attendre de notre part que nous disions franchement ‘oui' à notre alliée au sein de l'Otan, l'Amérique, pour ce genre de soutien. Attendre une telle chose de notre part est impossible», a dit Recep Tayyip Erdogan.