Deux tirs de sommation pour chasser un groupe de contrebandiers des frontières ouest ont suffi à Rabat pour s'attaquer de nouveau à l'Algérie et fabriquer toute une histoire contre l'armée et le gouvernement algériens. Sans argument logique ni aucune vérification, les autorités du pays voisin ont transformé une réaction légitime des gardes-frontières sur le sol algérien contre l'agressivité d'une dizaine de contrebandiers en un «grave incident mettant en danger la vie de civiles marocains». En effet, une nouvelle campagne médiatique alimentée par des déclarations contre l'Algérie est menée depuis samedi par la presse locale et le gouvernement marocain. Ce dernier n'a pas hésité à convoquer l'ambassadeur d'Algérie pour «demander des explications et exprimer leur mécontentement suite aux agissements de militaires algériens contre des civiles marocains». Selon ces mêmes autorités rapportés par la presse marocaine, les «militaires» algériens auraient tiré des balles réelles contre des «civiles marocains» sur le «sol marocain». Une balle aurait atteint l'un d'eux au visage et pourtant elle n'a fait que le blesser, nouvelle version comique d'une affaire de contrebande et d'atteinte aux frontières. Alger, qui au départ n'a omis aucun commentaire puisqu'il s'agit d'une affaire comme toutes celles de contrebande et de tentative de violation de frontières, n'a pas donné une grande importance à «l'incident», mais faisant suite à la polémique tentée par le royaume chérifien, la vraie version des faits a été dévoilée. En effet, le ministère algérien des Affaires étrangères a assuré hier que les éléments des gardes-frontières ont été ciblés samedi par des jets de pierres par un groupe sur la bande frontalière avant d'être obligé de riposter avec deux tirs de sommation, sans viser personne. Pour sa part, une source sécuritaire algérienne bien informée a assuré que l'affaire remonte à samedi quand les gendarmes gardes-frontières ont constaté une tentative de violation du territoire par une dizaine de contrebandiers qui avaient commencé à ouvrir une brèche dans le dispositif de tranchées et de remblais mis en œuvre sur la bande frontalière pour la sécurité du territoire. Notre source a précisé que les GGF ayant intervenu pour cesser l'infraction, plus précisément dans la localité de Bensaïd à la commune de Souani (wilaya de Tlemcen), ont fait objet de jets de pierre les obligeant à recourir à deux tirs de sommation afin de faire reculer les agresseurs, sans toucher personne. «En prenant la fuite, l'un des contrebandiers a trébuché et aurait été blessé au visage. D'ailleurs, une blessure par balle de kalachnikov au visage ne peut être que mortelle», souligne encore notre source. Cette blessure au visage suite à une chute a été interprétée par le ministre de l'intérieur marocain par une «blessure par balle traduisant une intention de tuer un citoyen par un soldat algérien». A noter que ce n'est pas seulement la version des faits qui renseigne sur une nouvelle polémique contre l'Algérie, mais même le vocabulaire utilisé dans les différentes déclarations : «armée algérienne contre citoyens civiles marocains», «au niveau du douar Oulad Salah commune de Beni-Khaled (Maroc)», «intention de tuer un citoyen marocain par un soldat algérien», alors qu'en réalité, il s'agit d'une affaire opposant, tout simplement, «contrebandiers marocains aux gendarmes gardes-frontières algériens». Les responsables marocains multiplient, par contre, les déclarations qui versent dans le sens de nuire à l'image de l'Algérie.