Les terroristes du groupe état islamique (EI) continuent leur progression sur deux fronts pour prendre le contrôle total de la ville syrienne kurde de Kobané et de la province irakienne d'Al-Anbar, suscitant l'inquiétude des Etats-Unis. Ces développements interviennent au lendemain d'une réunion sans précédent, à Washington, des chefs militaires de 22 des pays membres pays qui composent la coalition internationale, suite à laquelle Washington a assuré que sa stratégie "fonctionnait" et visait le long terme, en guise de réponse au scepticisme grandissant au sujet de la campagne aérienne en Irak et Syrie. Résultat : la coalition a augmenté le nombre de ses raids sur les positions de l'EI dans la ville kurde syrienne de Kobané, réussissant à freiner l'avancée des terroristes, cibles de plus de 20 frappes en 48 heures, selon l'armée américaine. Huit nouvelles frappes ont été menées ces dernières heures, a précisé hier matin l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). "La coalition frappe directement l'EI sur la ligne de front" pour forcer les terroristes à abandonner leurs positions, a précisé l'ONG, confirmant que les frappes et la résistance de la principale milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) retardaient la chute de la ville aux mains de l'EI. Les terroristes de Daech, qui contrôlent environ 50% de la troisième ville kurde de Syrie, cherchent à isoler la cité en prenant le nord pour l'assiéger totalement et bloquer l'accès des Kurdes à la Turquie. L'ONU a dit craindre un "massacre" dans Kobané, où sont coincés des centaines de civils en cas de chute de cette ville, mais Ankara rechigne à aider les Kurdes à Kobané. Pis encore, des avions turcs ont bombardé lundi des positions des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Depuis le début, le 16 septembre, de l'offensive terroriste pour prendre Kobané, près de 600 personnes, en majorité des combattants, ont péri selon l'OSDH, et quelque 70 villages sont tombés aux mains de l'EI. En outre, plus de 300 000 habitants ont fui, dont plus de 200 000 en Turquie et des milliers en Irak. En Irak, les terroristes ont également resserré l'étau autour d'Amriyat al-Fallouja, l'un des derniers fiefs de l'armée à Al-Anbar, situé à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad. L'armée irakienne a perdu pied dans la province d'Al-Anbar à majorité sunnite, contrôlée à 85% par l'EI selon le n°2 du Conseil provincial, malgré le soutien aérien et l'aide des tribus locales. Mais avant de pouvoir parvenir à Bagdad, les terroristes devront néanmoins encore s'emparer d'une large bande de territoire. Depuis les Etats-Unis, le président Obama a affirmé :"Nous suivons de près les combats." Il a aussi exprimé son inquiétude au sujet de la situation à Kobané. Les pays de la coalition souhaitent une plus grande implication de la Turquie, notamment en permettant l'utilisation de ses bases par les avions américains. Enfin, le secrétaire d'Etat John Kerry a dénoncé le traitement "abject" de femmes et de filles de la minorité yazidie enlevées dans le nord de l'Irak par l'EI, en le qualifiant de "pire de l'humanité". Amar R.