Il est impossible d'assurer des cours au niveau de l'établissement Tahiri-Abderrahmane , dès lors qu'il devient difficile pour l'enseignant de circuler entre les rangées dans une classe où l'on trouve jusqu'à cinq rangées, et parfois même trois élèves assis par table. De plus, les cours de travaux dirigés ne sont plus en mesure d'être dispensés, étant donné que les laboratoires ont été aménagés en classes. «L'enseignant ne se voit plus capable d'assurer ses cours, l'élève ne se voit plus en mesure d'assimiler et d'acquérir des connaissances visées, la direction et la surveillance ne parviennent plus à maîtriser les élèves.» C'est avec ces propos qu'un enseignant du lycée Tahiri-Abderrahmane résume la situation que traverse l'établissement. Ceci après que le Directeur a laissé libre court aux transferts aléatoires des élèves, pendant plus d'un mois, pour que le taux des inscrits atteigne 10 nouveaux élèves acceptés par jour. Ont témoigné de l'impossibilité à supporter la situation l'ensemble des enseignants et administrateurs, soutenus même par les élèves. Car ils demeurent les premiers affectés par la pression au sein d'une classe. De même, le président de l'association des parents d'élèves a exprimé sa désapprobation face au directeur de l'éducation, accompagné de cadres travaillant au niveau même de la direction. Parmi les présents, un parent d'élève s'interroge s'il serait possible pour son fils d'obtenir la meilleure moyenne de l'établissement ou s'il serait possible pour ce dernier de réussir à l'épreuve du baccalauréat alors que sa classe regroupe 65 élèves ? Les conditions de travail au sein du lycée Tahiri sont loin d'être satisfaisantes. Raisons pour lesquelles, d'ailleurs, les membres du corps éducatif et administrateurs se sont réunis le mardi 21 octobre 2014 et ont convenu à l'unanimité de passer à la grève pour être écoutés. En date du jeudi 23 octobre 2014, une seconde réunion a été organisée pour qu'elle soit suivie de la visite du directeur de l'éducation accompagné de certains responsables. Aux dernières nouvelles, le résultat fut la capitulation de la direction de l'éducation qui a envoyé une commission présidée par M. Bencherik pour répondre ainsi à la demande d'enquêter sur les bulletins de notes des élèves transférés, surtout ceux provenant de lycées en perte de vitesse. Le président de la commission d'enquête a promis de résoudre le problème. Le problème risque de perdurer si des actions énergiques et sereines ne sont pas prises. Le ras-le-bol des enseignants a atteint son paroxysme. La liste des demandes de mutation et de réaffectation formulées par le corps de l'éducation est très importante et presque générale. Les objets et arguments développés par les enseignants sont objectifs, certains enseignants ont déclaré qu'ils ne peuvent transmettre leur savoir ni communiquer avec 65 élèves en même temps et par classe. En fait, c'est le principal argument. Parmi les causes menant à la surcharge des classes et l'impuissance de gérer 1 217 élèves dans un même lycée, le non-respect des décisions prises par les membres du «conseil des classes», surtout concernant la possibilité d'accorder et d'autoriser ou pas les redoublements. Ce qui a induit à cette demande d'enquêter sérieusement sur le cas à partir des registres répertoriant les décisions du conseil des classes et non pas seulement à partir des bulletins soumis par les directeurs. Pour finir, les membres du corps enseignant et administrateurs de l'établissement Tahiri ont accordé un délai à la direction de l'éducation afin de rétablir la situation au terme d'une enquête globale. Dans le cas contraire, un retour à la réclamation est prévu, cette fois, jusqu'à l'obtention de conditions d'enseignement respectables aussi bien pour l'enseignant que pour l'apprenant. La plaidoirie des enseignants Nous avons résumé l'ensemble des revendications des enseignants que nous avons pu recueillir et nous vous les livrons en un résumé. De là, il convient de faire une pause, de se positionner du côté de l'enseignant et de palper les réels problèmes rencontrés dans une classe surchargée. En effet, quelle pénibilité pour lui d'accomplir son devoir dans des conditions aussi défavorables. Comment peut-on d'ailleurs s'attendre à des résultats rentables et concluants ? Ou à l'application, sur le modèle des pays développés, des méthodologies d'enseignement qui vont dans le sens des nouvelles orientations didactiques et pédagogiques. Car il est évident que dans une classe dépassant les 60 élèves d'avoir recours à une «pédagogie différenciée» qui consiste à prendre en considération l'hétérogénéité des apprenants dans une même classe, ayant des capacités et des modes d'apprentissage et d'acquisitions très différents. Il devient ainsi mythique de vouloir enseigner avec des pratiques adaptées aux apprenants qui différent par leur histoire, leurs capacités, leurs besoins, leurs attentes... Dans une telle dégénérescence, il adviendrait à s'étonner que l'enseignant maîtrise sa classe ou qu'il parvienne encore à se faire entendre par les «nombreux» élèves du fond. De leur côté, aucune responsabilité n'est à assigner aux apprenants. Subissant la situation, il serait inconcevable qu'ils puissent assimiler correctement une quelconque connaissance. Il serait surtout aberrant qu'on puisse leur exiger par la suite le témoignage d'une acquisition des compétences visées. A ce stade de la situation où l'on assiste à des classes avec plus de 60 élèves, il ne serait que trop leur demander de bien pouvoir garder le silence pour que la voix du professeur soit audible.