Accès interdit aux journalistes à l'intérieur du périmètre de l'unité, les représentants des trois partenaires l'entreprise algérienne Ferrovial Annaba et la Société française Alstom rétifs à tout contact avec les gens de la presse, leurs téléphones inscrits aux abonnés absents, les cadres et agents recrutés à la hâte interdits de communiquer une quelconque information sur l'état d'avancement du projet, le montage des tramways apparemment à l'arrêt, tels sont les faits qui caractérisent depuis la fin du mois de juin écoulé le projet algéro-français de réalisation d'une unité montage de tramways. Il y a aussi cette annulation du contrat avec le groupement Corsan-Corvian-Ingenor siglo et Cevital initialement chargé de la matérialisation du projet. Et pourtant, l'on avait cru à sa réussite avec le montage à Annaba de la 1re rame de tramways composée de 5 unités. Les cadres gestionnaires de Cital, la société algéro-française issue du partenariat entre les entreprises algériennes Ferrovial et Métro d'Alger (46% + 5% de participation au capital social) et la société française Alstom (49%) avaient pris le soin de faire visiter l'unité de montage et la rame du tramway flambant neuf au ministre des Transports Amar Ghoul et à la délégation qui l'accompagnait. C'était le premier jour de ce dernier Ramadhan. Deux des trois représentants des associés au partenariat, Jean Pierre Gollot, président du conseil d'administration ainsi que Salah Mellek, président- directeur général de Ferrovial, avaient affirmé que le projet était, à cette époque, bien par rapport aux délais fixés pour sa matérialisation. Il a même été question de réflexion sur les opportunités de collaborations techniques à même de permettre d'atteindre le taux de 30% d'intégration nationale. Et que de par son savoir-faire en termes de production de matériels et équipements ferroviaires, l'EPE Ferrovial (250 salariés) est en mesure d'intervenir dans le montage des tramways. Tout le monde avait applaudi à ces perspectives qui consolidaient l'idée d'un partenariat gagnant–gagnant entre les trois partenaires. D'autant qu'il était question de création par Cital de 300 postes de travail directs. Depuis, plus rien. Cinq mois après la visite de travail du ministre des Transports, c'est le black-out absolu. Selon des indiscrétions proches de ce dossier, il semble que l'on est loin des perspectives attendues de ce nouvel acquis industriel. L'unité de montage de Annaba avait été créée pour répondre aux commandes de tramway de plusieurs wilayas du pays et pour assurer l'entretien et la maintenance de ce moyen de transport. Cinq mois après la présentation sans essais de la première rame, on en est toujours dans l'attente du montage de la seconde. Tout porte à croire qu'elle ne le sera pas pour sitôt. Au vu du refus catégorique des responsables de Cital de communiquer avec les représentants de la presse, l'idée d'un partenariat algéro-français s'effilochant au gré des désaccords entre les uns et les autres acteurs, se précise chaque jour un peu plus. Même Salah Mellek le président-directeur général de l'Entreprise publique économique Ferrovial actionnaire majoritaire au capital social (2,1 milliards DA) donne l'impression de n'avoir plus rien à dire de positif. Selon des indiscrétions qui restent à vérifier, confrontés à un retard inexplicable et inexpliqué dans la mise à disposition des rames dans les délais prévus, les responsables au ministère des Transports auraient exprimé leur impatience. C'est dire qu'ils sont arrivés à la conclusion que la réalisation, la maintenance et l'entretien des réseaux de tramway dans différentes wilayas du pays par société Cital sont sérieusement hypothéqués. Ce projet ainsi que celui de la rénovation et de réhabilitation du réseau ferroviaire national entrent dans le cadre du plan quinquennal 2010/2014 pour lequel l'Etat a dégagé 20 milliards de dinars. Rappelons que la construction de l'usine de montage de rames d'Alstom à Annaba a été confiée au groupement italo-algérien Bonatti-Inerga pour 1,7 milliard de dinars (17 millions d'euros). Le délai de réalisation avait été fixé à 420 jours après la date d'attribution définitive du projet et après avis de la Commission nationale des marchés publics. Cette usine produira des rames pour les tramways que le gouvernement a décidé de réaliser dans au moins 17 villes du pays. Une superficie de 50 000 m2 à Annaba a été prévue pour son implantation. Ce projet avait été attribué initialement au groupement Corsan-Corvian-Ingenor siglo et Cevital. La société Cital avait décidé d'annuler cette attribution, sans en expliquer les motifs.