Alors que sous d'autres cieux il aurait fallu cinq années pour la concrétisation d'un tel accord de partenariat, moins de 24 mois ont suffi à l'entreprise algérienne Ferrovial, celle du Métro d'Alger et la française Alstom de créer la société mixte algéro française Cital. C'est une entité économique au capital de 2,1 milliards de dinars (49% Alstom, 46% Ferrovial, 5% Métro d'Alger) qui sera implantée dans l'enceinte de l'entreprise Ferrovial à El-Bouni (à 6 km de Annaba). Elle aura la charge de montage, maintenance et entretien des tramways en Algérie. Les travaux de construction de cette infrastructure constituée d'un immeuble et 3 grands ateliers sont prévus pour être entamés dès septembre 2011. Ce que confirme du reste l'avis d'appel d'offres émis il y a quelques mois, au lendemain de la tenue de la 1re réunion du conseil d'administration (CA) que préside le Français Jean-Pierre Gollot. Il faut dire que par le biais du ministère des Transports, le gouvernement s'est montré très incitatif pour amener Alstom, qu'on qualifie de leader européen du ferroviaire, à investir dans notre pays. C'est que l'argument est véritablement solide avec le monopole total sur le secteur du transport par tramway que les responsables algériens se sont engagés à accorder à Cital. L'autre argument porte sur l'enveloppe financière de 20 milliards de dollars dégagée par l'Etat algérien pour le secteur du transport ferroviaire. La réalisation de tramway dans la plupart des grandes villes d'Algérie fait partie du nombre de projets. Et ils sont considérables avec notamment la réhabilitation de la voie ferrée et l'éclairage du rail qui s'arrogent la part du lion. En ce qui concerne le tramway, sous la direction de son PDG Salah Mellek, l'entreprise Ferrovial avait été chargée du montage du dossier. Les investissements étant assez lourds et du fait de la nouveauté du projet, il s'agissait d'un travail de haute technicité. Plusieurs mois après, on peut affirmer que le PDG et ses proches collaborateurs ont réussi. D'autant, nous a-t-on signalé, que le projet doit vivre de lui-même à travers le marché du transport par tramway en Algérie prévu pour être très lucratif. L'expérience aidant, les trois actionnaires ont pris en compte les risques de dérapage des coûts de construction de l‘unité de montage, maintenance et entretien des tramways. «De par son importance au plan économique et social, un tel projet ne se ferait probablement pas sans l'intervention de l'autorité publique», argumente Nourredine A., un économiste au long cours enseignant à l'université Badji-Mokhtar de Annaba. Ce que confirme le principe de «société mixte» qui n'est pas nouveau dans l'approche économique des pouvoirs publics qui l'ont retenu. Il faut dire que Cital fait partie de ces montages hybrides que les décideurs algériens ont réalisés. Certains l'ont été avec succès, d'autres peinent à se développer. Le lancement dans les prochains jours des travaux de réalisation de l'immeuble administratif et des 3 ateliers implique que le projet est bien avancé. Cette opération qui sera entamée dans les délais prescrits par les 3 associés, se veut être un message tranquillisant du français Alstom à l'adresse de ses partenaires algériens. Il y a quelques mois, à l'issue de la réunion tenue à l'hôtel Sabri, le président du CA de Cital, Jean Pierre Gollot, a indiqué que le projet est largement en avance sur les délais fixés pour sa concrétisation. Et lorsqu'il est question de rendre opérationnels dès 2013 les tramways d'Oran, Alger et Constantine, c'est que c'est du sérieux. D'autres devraient suivre en 2014. Il s'agit de ceux des 12 grandes villes d'Algérie dont Annaba, Batna, Sétif, Tlemcen, Mostaganem, Tiaret, Blida, Tizi Ouzou, Béjaïa, Ouargla, Laghouat… A ce niveau, les études de faisabilité sont achevées et rien ne s'opposerait à l'entame des travaux de réalisation. Décision a été prise pour étendre le projet aux villes de Biskra, Tébessa et Tarf. Les motivations des décideurs dans le choix des priorités à accorder à telle ou telle autre région vont dans le sens des capacités des unes et des autres à se développer rapidement. C'est dire que l'accord de partenariat signé par les 3 actionnaires en 2010 devrait marquer une ère nouvelle non seulement en termes de transport en Algérie mai aussi au titre de facteurs de développement socioéconomique des wilayas. La multiplication des réunions des animateurs directs de Cital (suspendues depuis le 7 août pour cause de congé annuel et appelées à reprendre incessamment) atteste de l'absence de tout cafouillage dans la prise de décisions. La démarche tendant à la maîtrise de la communication permanente pour asseoir la collaboration administrative et technique entre tous les acteurs y est pour beaucoup. Fin 2012, le projet tramway entamera sa 2e phase. Les 300 postes de travail entre cadres et agents qui y seront créés serviront à consolider les assises de la société. Elle entrera en production une année après avec la réception des kits de montage des premiers tramways en Algérie avec un taux d'intégration nationale de 30%, totalement assurée par l'entreprise Ferrovial Annaba.