Le film documentaire «Thaourate El Harrachi» (la révolution d'El Harrachi), de la réalisatrice libanaise Farah Alameh, dédié au parcours musical du chanteur chaâbi Dahmane El Harrachi a été présenté mercredi soir au public d'Alger. Ce documentaire écrit par le scénariste algérien Mourad Ouabbas et produit par la chaîne de télévision qatarie «Al Jazeera» a été projeté pour la première fois en Algérie en compétition documentaire des 5e Journées cinématographiques d'Alger (JCA). Ce film a retracé, grâce à un grand nombre de témoins et proches du chanteur, la carrière artistique de Dahmane El Harrachi (1926-1980), Abderrahmane Amrani de son vrai nom, depuis ses débuts en tant que musicien puis chanteur dans un milieu ouvrier majoritairement composé d'immigrés algériens en France au début des années 1950. L'intérêt du scénariste pour cet artiste se justifie très vite par les témoignages de grands musiciens ou chanteurs algériens comme Cheb Khaled ou Ammar Chaoui qui attestent que la musique de Dahmane El Harrachi représente «une réelle révolution du chaâbi». Le Chaâbi selon El Harrachi reste «une mutation» de ce style musical au niveau de l'ossature même du qcid et de ses règles établies par El Hadj M'hammed El Anka, selon le journaliste et chercheur dans la musique chaâbi, Mehdi Berrached, qui a également relevé le choix du chanteur de se passer des poèmes conventionnels en chantant ses propres écrits. Kamel Hammadi, parolier, compositeur, chercheur et compagnon de l'artiste, revient dans ce film sur les spectacles assurés par Dahmane El Harrachi dans les cafés-concerts fréquentés par la communauté algérienne en France qui lui ont valu ses premiers disques et ses premiers succès. Auteur-compositeur et interprète de titres indémodables dont «Ya rayah» (qui a connu un succès mondial bien après la mort de son auteur), le chanteur est considéré, au même titre que Mahboub Bati ou Mohamed El Badji, comme un «phénomène poétique» qui a su se rapprocher de la société, en mettant de côté le qcid tout en sauvegardant l'âme du chaâbi, aux yeux de Mehdi Berrached, de Kamel Hammadi et de Said El Badji. Plus brièvement, le documentaire évoque également Dahmane El Harrachi, l'homme, ses rapports avec son épouse, ses enfants et ses amis avec des témoignages de sa veuve et de son fils Kamel Amrani qui a pris depuis quelques années le relais avec une voix particulièrement proche de celle de son père. Inaugurées le 8 novembre, les 5es JCA ont pris fin mercredi soir avec la projection du documentaire «Thaourate El Harrachi».